La mythique boîte de nuit de la place Blanche à Paris, "La Locomotive", a été rachetée par "Le Moulin Rouge".
De Barbès à place Clichy, et tant pis pour l’image d’Épinal de ce quartier, c’est là que nombre de touristes et de Parisiens aiment à perdre leur vie. Entre boîtes de nuit, pubs irlandais, et bars à hôtesse. Des néons rouges aux sous-sols des canapés en skaï, la capitale supposée coquine et populaire se retrouve autour de la si bien nommée place Blanche, comme les nuits.
Ah ! Pigalle la nuit, une ambiance si particulière que Canal+ en a fait une série. Et du quartier le personnage principal de sa fiction au pitch aussi aguicheur qu’une danseuses du Folie’s. Un petit frenchy, trader le jour à Londres, se perd dans la nuit parisienne à la rechercher de sa petite sœur devenue strip-teaseuse. Le tout sur fond de guerre d’établissements de nuit, de jeunes filles en string et de financement douteux.
Fesses et plumes font de l’Audimat puisque la chaîne cryptée, plutôt que de réserver son opus aux habitués du film du premier samedi du mois, s’encanaille à balancer l’œuvre en prime-time, le lundi soir. Mousseux !
Ô hasard, s’est achevée, mi-novembre, la longue lutte entre deux établissements de nuit de la vraie vie. Sans haine ni violence -ou presque- mais avec un petit goût rance dans la bouche de quelques salariés. Le mythique cabaret Moulin Rouge a fini par manger sa voisine, une discothèque populaire, la Locomotive, définitivement croquée devant la cour d’appel de Paris, le 17 novembre dernier. Simple confirmation de la décision du tribunal de commerce du 22 octobre.
Une victoire du cancan -le délice des touristes- sur les soirées de djeunes rompus à se déhancher de l’aurore à l’aube. Victoire qui aura mis du temps à se dessiner. En avril 2008, le petit train train de la Loco commence à toussoter méchamment. Redressement judiciaire et une dette de quelques millions est gelée. Pas franchement insurmontable, d’autant que l’administrateur nommé, Me Michel Chavaux, est un expert de la nuit.
En 1997, l’avocat s’est aventuré à Pigalle. Nommé administrateur d’un cabaret alors mal en point… le Moulin Rouge. "Et nous avons redressé la barre, décrit Me Chavaux à Bakchich. Une opération difficile mais qui s’est finalement bien passée". De quoi créer des liens et favoriser le rachat de la Loco par le Moulin Rouge. "Pas du tout. Je ne vais vous dire que je ne les connais pas mais ils étaient les mieux-disant dans leur offre de rachat, ils ont été choisis par le tribunal du commerce, tout simplement". Au moins a-t-il conservé de bons souvenirs de son boulot au Moulin Rouge, au point d’en afficher les posters dans son étude.
Souvenirs, souvenirs, qui ont fait tiquer les délégués CFTC de la Loco, les syndiqués de Pigalle soupçonnant une collusion. D’autant que jusqu’à septembre, l’administrateur trainait une vilaine condamnation, tel un bas filé. Complicité de banqueroute, d’abus de biens sociaux au préjudice d’une société des Haut-de-Seine qu’il devait redresser, verdict rendu le 15 février 2008…. deux mois tout juste avant d’être nommé administrateur de la Loco. Heureusement, son retour place Blanche l’a finalement lavé de tout soupçon. La cour d’appel de Versailles l’a renvoyé "des fins de poursuite" dans un arrêt du 25 septembre dernier. L’honneur est sauf.
Entre-temps, la Locomotive se salit sérieusement. Et manque de charbon. La dette gonfle un brin, pour atteindre un peu plus de 7 millions d’euros, rendant inévitable la cession. Mais les repreneurs semblent s’être un peu découragés. Le Moulin Rouge a finement joué le coup, en rachetant les murs de la boîte. Et gentiment, mais fermement, signifié aux autres acheteurs que la nuit lui appartient.
Et gentiment mais fermement signifié aux autres repreneurs potentiels que la nuit est à eux. A La Loco comme ailleurs. Par la voix de Me Chavaux, le nouveau proprio leur fait savoir " que la société du bal du Moulin Rouge s’opposera à une déspécialisation des lieux". En somme qu’elle n’autoriserait pas que ses murs soient utilisés n’importe comment.
Dès lors n’est plus restée en course qu’une seule proposition de reprise concurrente. Celle de deux salariés, les frères Ahmadi, déposée un peu trop tard, dans un climat qui se tend. La Loco se retrouve fermée, officiellement pour travaux. "L’état des salles était déplorable", se plaint la direction du Moulin. Et le site internet de la boîte d’annoncer, comme si de rien n’était, les prochaines soirées. L’accès aux bâtiment reste interdit aux anciens salariés.
Entre la décision du tribunal de commerce, et sa confirmation en cour d’appel, Homayoun Ahmadi est bousculé par trois vigiles du Moulin Rouge. Suffisamment pour déposer le 31 octobre dernier, une main courante contre les 3 malappris pour "violence volontaire commise en réunion". Les cerbères l’auraient maintenu à terre avant de le baffer… Pas exactement l’ordinaire du spectacle de cabaret où règne la fesse.
Et de l’eau va encore être apportée à ce drôle de Moulin. Selon nos informations, les frères Ahmadi réfléchiraient à un dépôt de plainte pour escroquerie au jugement et favoritisme. "Sans trop d’espoir mais pour continuer à lutter", concèdent-ils. The show must go on…
Fermée jusqu’en janvier, la Locomotive devrait dans un premier temps rouvrir ses portes comme simple boîte de nuit. Avant d’être réellement annexée par le Moulin Rouge et que soient lancés de grands chantiers. "D’habitude, le Moulin ferme vers deux heures après les spectacles, leur volonté est que les touristes restent boire un dernier verre avant de regagner leur hôtel dans un espace aménagé", prévoit un connaisseurs des arcanes du célèbre cabaret. Des projets de développement en bonne partie confirmées par le service de com’ du Moulin. "Nous devrions agrandir le hall pour que les gens n’attendent plus dans le froid, aménager un musée et transformer une partie de l’ancien Locomotive en bar à champagne". Après le Moulin à eau, la Loco à bulles… X.M.
De toutes manières, la Loco, qui était une boite originale à sa création, était depuis belle lurette une boite naze avec des videurs très limites….. Avant la Loco, c’était un super cinéma où ne se jouaient quasiment que des peplums et les gens du quartier avaient bien les boules qu’il ait été remplacé par cette boite…..
Ensuite, le Moulin Rouge est un vieux cabaret qui nécessite plus de places en interne…. Les loges des danseurs et danseuses sont minuscules ! Les danseurs s’entassent à une dizaine dans 3M sur 2…… Je me suis toujours demandé d’ailleurs si tout çà était bien aux normes….. Alors, perso ça me parait très bien que le Moulin récupère cet espace même si ce n’est plus qu’un buziness à touristes…..
Au moins, le lieu ne deviendra-t-il pas un énième restaurant chic pour bobos….. Le quartier étant déjà assez pollué comme çà !