Utiliser le clocher de l’église pour fliquer les citoyens, fallait oser ! L’édile UMP du Raincy Éric Raoult s’y est collé.
Du haut du clocher de Notre-Dame du Raincy, dans le 9-3, le Seigneur veille sans doute sur ses brebis. Mais il n’est pas tout seul !
Fin janvier 2008, succombant à la très sarkozyste mode du voyeurisme policier, le zélé édile de la ville, Éric Raoult, choisit l’intérieur du clocher de l’église pour installer l’antenne-relais de la vidéo-surveillance municipale. Sans trop barguigner avec la paperasserie : un simple accord oral du curé lui suffit…
Propriété de l’association diocésaine de Seine-Saint-Denis et classée monument historique, Notre-Dame-de-la-Consolation aurait mérité un peu plus de précautions. Par exemple, l’autorisation du propriétaire. « Certes, admet Raoult, mais nous avons tellement subventionné l’église. »
Un argument sonnant qui trébuche malheureusement sur le conseil paroissial raincéen depuis 18 mois. Les cathos locaux s’opposent farouchement à l’utilisation de leur clocher en réceptacle policier, au mépris de la bonne parole. À maintes reprises, les paroissiens saisissent leur plume, assistés de leurs représentants diocésains, pour faire entendre la vraie foi à leur maire. Las, le raout n’atteint pas Éric. « Ces cathos de droite m’en veulent et au diocèse siège un opposant politique », peste le baron UMP. Qui ne répond à aucune missive.
Un mutisme qui fait déborder le bénitier. En mars puis en juin 2009, les grenouilles décident de débrancher l’installation. « Comme elle a une batterie, les flics ont mis deux jours à se rendre compte que ça avait été coupé. Et, chaque fois, ils sont revenus pour la rebrancher », explique un coupe-circuit, à deux doigts de réitérer l’opération de sabotage. « De toute façon, il faudra qu’ils trouvent un autre endroit. »
Également agacée à l’idée de voir ses clochers squattés par les antennes-relais, la conférence des évêques de France avait dressé tout haut sa mitre pour protester, dès 2001.
Questionnée à l’Assemblée sur ce sujet haut perché par le même Raoult, Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Cultes, lui avait rappelé, en septembre 2008, le sacro-saint principe de la « séparation de l’Église et de l’État »…
Bien marri de son hérésie, Raoult s’est un peu confessé à Bakchich. « D’ici six à huit mois, nous allons trouver une solution consensuelle et rapatrier le dispositif dans un autre endroit. Mais vous savez, le souci ne se limite pas au Raincy. »
Tout à sa passion de l’image, Sarko 1er a renouvelé, le 24 novembre, ses vœux de tripler le dispositif de vidéo-surveillance d’ici à trois ans. Avec, comme corollaire, une poussée des antennes- relais dans un ciel de France que toisent quelque 45 000 églises catholiques. Avec leurs tours haut perchées, idéales pour installer ces dispositifs mais hélas fort réticentes… Et si, à défaut de minarets, la France se préparait à une nouvelle guerre de clochers ?