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Entre la Chine et le dalaï lama, la guerre de com’ est lancée

Tibet / mercredi 19 mars 2008 par Lara Mace, Xiao Long
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Après les violences qui ont ensanglanté les rues de Lhassa, l’affrontement s’engage sur un autre terrain : celui de la communication. Une guerre que Pékin ne peut pas perdre à quelques mois des Jeux Olympiques.

Défenseurs des droits de l’homme, militants pour un Tibet libre, détracteurs des Jeux olympiques (JO)… Suites aux violences qui ont explosé le week-end dernier au Tibet, tous les médias, notamment français, tapent sur Pékin et son gouvernement central accusé de répression sauvage au Tibet. Mais la vraie guerre médiatico-politique oppose le dalaï lama et le gouvernement tibétain en exil à la Chine. Elle s’annonce sans merci : en ultime recours, Pékin est prêt à sacrifier « ses » JO pour ne pas céder sur le Tibet.

Des cavaliers tibétains à Gandu filmés par une télévision canadienne

Ce que la Chine redoutait le plus à l’approche des Jeux olympiques du mois d’août a donc fini par se produire : se retrouver projetée contre son gré sur le devant de la scène médiatique internationale au sujet de l’épineuse problématique des droits de l’homme. Révolte étudiante, jacqueries dans une campagne, soulèvement ethnique, manifestations de travailleurs migrants dans les grandes villes… Les possibilités ne manquaient pas mais auraient eu peu de chances d’être couvertes par les médias étrangers. Restait le Tibet, une cause acquise pour de nombreux Occidentaux. Pourtant, Pékin avait lâché du lest pour minimiser les risques de couverture médiatique déplaisante à ses yeux. Ainsi, la police chinoise avait été briefée afin de ne pas s’attaquer avant ou pendant les Jeux aux Tibétains ou aux rares membres du Falungong qui ont réussi à réchapper à la traque impitoyable que le gouvernement maintient malgré les protestations internationales.

La propagande chinoise bat son plein

Au vu de ce contexte, Pékin a été surpris par l’explosion de violences survenues au Tibet le week-end dernier. Sans doute les autorités se sont-elles auto-intoxiquées à force de se répéter que le peuple tibétain était redevable des efforts chinois pour développer la région en la désenclavant et la développant économiquement. D’où le flou perceptible des autorités chinoises le week-end dernier, mêlé bien sûr à de la propagande télévisuelle à usage interne. En effet, dès le vendredi 13 mars, le pouvoir chinois a immédiatement communiqué sur les émeutes et à même commandé à la toute puissante « voix de son maître », la télévision centrale chinoise (CCTV), de diffuser des images. On y voyait Lhassa bouclée par l’armée au prétexte de protéger une population contre « les coups, les pillages et les incendies » provoqués par le « petit nombre d’émeutiers » qui « menacent la sécurité vitale des habitants et de leurs propriétés ».

Des images diffusées par la télévision chinoise sur les manifestations des tibétains

Au menu également : l’usage immodéré des canons à eaux pour protéger les dits 300 sites (écoles, hôpitaux, boutiques et bureaux gouvernementaux en proie aux flammes) alors qu’en fond sonore se succèdent les litanies de ceux qui ont tout perdus dans ces vagues de violence. Pas de corps visibles, ni de violences policières. Pékin soutient d’ailleurs mordicus qu’aucune arme létale n’a été utilisée par les forces de sécurité. Un avis que ne partagent pas, images de corps meurtris par des impacts de balles à l’appui, les associations de défense du peuple tibétain.

Par contre, point de déclarations officielles au plus haut niveau de l’Etat chinois le week-end dernier. Ce silence des hautes autorités du Centre reste pour le moins énigmatique bien que pouvant s’expliquer de deux façons. Tout d’abord, il semble être la règle depuis l’arrivée de la paire Hu Jintao/Wen Jiabao aux commandes de la Chine. Plutôt paradoxal quand on sait que c’est le même Hu Jintao qui a organisé la première répression et la mise en place de la loi martiale à Lhassa en 1989. Et que c’est bien le même Wen Jiabao qui a passé plus de dix ans dans la province de Gansu. Aucun des deux ne peut ignorer la situation des Tibétains du Tibet et du Gansu et, ainsi, leur silence et leur non-action peuvent être interprétées comme celles d’un pouvoir qui a joué l’apaisement le week-end dernier. Les Jeux approchent… Ce flottement du pouvoir central peut aussi s’expliquer par le vide temporaire et bien opportun au sommet de l’exécutif en plein 11ème Congrès National du Peuple qui s’est terminé le mardi 18 mars au matin soit quelque heures après l’ultimatum fixé par les autorités aux manifestants pour se rendre à la police chinoise.

Le double-discours de Pékin

Cela étant dit, très vite et dans un bon vieux réflexe, Pékin a accusé la « clique du dalaï lama » d’avoir fomenté ces émeutes et de vouloir « saboter » les Jeux Olympiques. Ce que le leader spirituel et politique des Tibétains a immédiatement démenti depuis Dharamsala, en Inde. Avant de lancer un appel digne et désespéré à son peuple en priorité mais aussi aux Chinois pour que cessent les violences. Le dalaï lama, qui ne demande pas l’indépendance du Tibet mais une plus large autonomie de la région et qui a toujours renoncé à la violence, a en effet créé la surprise en annonçant le 18 mars qu’il pourrait démissionner de ses responsabilités politiques si la violence devenait incontrôlable. Il a également indiqué ne pas avoir de prise sur la situation en cours. Voilà qui remet sur le tapis la montée en puissance au sein des Tibétains de groupes constitués de jeunes radicaux qui doublent le dalaï lama sur sa droite en demandant l’indépendance (et non l’autonomie).

Soixante douze heures après le terrible week-end du 13, 14 et 15 mars et après que le dalaï lama ait appelé au dialogue, Pékin manie le double discours. D’abord en interne, en faisant déclarer au secrétaire du parti communiste au Tibet qu’un « combat à mort » était engagé contre les partisans du dalaï Lama. Ensuite à l’attention de la communauté internationale lorsque le Premier ministre Wen Jiabao a déclaré, selon son homologue britannique Gordon Brown, qu’il était prêt à discuter avec le dalaï lama à deux conditions : que celui-ci ne soutienne pas l’indépendance totale du Tibet et qu’il renonce à la violence. Ce qui est déjà le cas depuis longtemps pour le dalaï lama.

Pour retourner sur la première partie de l’article, cliquez ci-dessous :

Que s’est-il vraiment passé lors des émeutes à Lhassa ?


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4 MESSAGES

Forum

  • Entre la Chine et le dalaï lama, la guerre de com’ est lancée
    le lundi 24 mars 2008 à 15:26, Xera a dit :

    Pas de droit d’ingérence ? Mais comment en est on arrivé là ? La honte pour les pays démocratiques commence avec l’acceptation de dépendre de l’économie chinoise.

    De combien de produits made in china peut on se passer aujourd’hui en occident, sans qu’il y ait une flambée des prix ?

    On a délocalisé en chine, justement pour profiter du manque de démocratie, de la faiblesse du code du travail chinois.

    Maintenant, lucidement, on ne peut plus leur donner des leçons de morale, encore eut il fallu que l’on eusse voulu que tout celà change vraiment !

  • Entre la Chine et le dalaï lama, la guerre de com’ est lancée
    le mercredi 19 mars 2008 à 20:46
    Ce qu’est le plus triste, c’est l’unanimité de nos élites quant à la nécessité de maintenir notre glorieuse présence aux JO. Le sport, n’est ce pas, rapprochera les peuples, et nous mènera vers des lendemains rieurs et heureux… Et nos chômeurs, qui ont vu partir leurs emplois vers cette riante contrée organisatrice seront tous surexcités lors de l’habituel décompte des médailles françaises. Si la question du Tibet occupe l’actualité, il ne faudrait tout de même pas oublier les conditions de vie en Chine, et surtout les conditions de travail, ce même travail qui échappe , aux noms des intérêts commerciaux et des accords internationaux, aux travailleurs européens. cela ne gènera pas les sportifs avides de gloire et de reconnaissance, ni les sponsors des JO. Vive le sport.
    • Entre la Chine et le dalaï lama, la guerre de com’ est lancée
      le jeudi 20 mars 2008 à 20:08
      Eteignez au moins la TV pendant ces magnifiques epreuves sportives scencées representer l’ union des peuples !!!!!!
    • Entre la Chine et le dalaï lama, la guerre de com’ est lancée
      le mercredi 21 mai 2008 à 20:00, lamya a dit :
      1 gran merci pr cett merveilleuse prestation pck javé 1 exposé sur ça et vive les jo pck il yen a ki sentraine durement pour les jo
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