Quand on produit une vinasse moyenne, rien ne vaut un beau cadeau pour se mettre les journalistes spécialisés dans la poche. C’était le cas le 26 mars dernier au restaurant du Plaza, avec Bernard Magrez et Gérard Depardieu…
De mon point de vue, un journaliste qui fait de la critique de cinéma devrait payer sa place, faire la queue sous la pluie, subir les assauts de toute la pub, des trucs qui, avant même que le film ne commence, vous donne envie de rentrer chez vous. Ça devrait être la même chose pour ceux, appelons-les journalistes, qui publient des « critiques » gastronomiques. C’est-à-dire vous expédient manger chez leurs potes où tout est forcément sublime.
Vous avez dit critiques ? Les chroniqueurs de bouffe ont une excuse, celle du journaliste sportif. Si un spécialiste de foot écrit que Landreau, le goal du PSG, devrait changer de lunettes, il est foutu. Plus d’accès au Camp des Loges où l’équipe s’entraîne, plus d’accès aux coulisses du club, toutes les portes et téléphones portables (chaque joueur de foot en a une moyenne de quatre) lui sont fermés. Donc plus de boulot.
Dans les casseroles c’est un peu pareil. Tu assistes à la soirée de Truc, où tout ce qui compte est invité, ça veut dire que tu es dans le train. La cuisine est ce qu’elle est, mais elle est gratuite. D’une soupe populaire à l’autre, vogue ainsi notre chroniqueur et membre du gastro-circus.
Parfois, pour convaincre que le produit est merveilleux, il faut mettre un peu plus de poids dans les mots, adjoindre le petit cadeau qui entretient l’amitié. C’est ce que viennent de faire à Paris, au restaurant de l’hôtel Plaza le 26 mars, Bernard Magrez et son copain Gérard Depardieu. À une quarantaine de « journalistes » spécialisés dans le vin, peloton sélectionné par une agence de communication anglaise, ce bon Magrez a offert une Tank Must de chez Cartier, une tocante qui va permettre aux chroniqueurs de plus voir midi à leur porte mais à celle de Magrez. D’une valeur de 1610 euros le bijou était accompagné, on est jamais assez prudent, d’un certificat d’authenticité signé d’un horloger bordelais (on ignore si la pile de rechange fait partie du kit ?).
Avant l’heure de la montre, nos « confrères », cornaqués par Depardieu, ont consommé une cuisine signée Ducasse qui, pour l’instant, occupe la seconde place d’une compétition qui s’intitule « La Pôle aux Étoiles », le dernier jeu médiatique inventé par un guide Michelin qui, n’étant plus ce qu’il était, roule souvent avec sa roue de secours.
Le problème avec Depardieu, c’est que c’est le début de sa carrière de maître de chai : dans un pays où on trouve des vins formidables, l’Anjou et ses Savenières, Layon, Bonnezeau, il a réussi à produire un truc rouge qui fait rigoler les vignerons du coin. Moralité : si vous lisez un texte ne disant pas tout le bien que méritent les 35 vignobles du couple Magrez-Depardieu dans le monde, c’est que l’auteur est un amateur de courses contre la montre. Pour lui, pas de Cartier.
Ce sera, prochainement, dans "Chronique (souvent) bordelaise" - n° 343
11 - Dans la presse le Monde2 . explique le goût de Riceys, vante la famille Morel et son rosé 2004 www.champagnemorelpereetfils.com . signale « Le chameau ivre » bar à vins de Béziers aux 3500 références. . se fait l’écho des bruissements qui animent la communauté des commentateurs gourmands suite aux montres Cartier (valeur 1600 euros) que Bruno Magrez à offert en souvenir à chaque invité, une quarantaine, du repas en l’honneur des 700° vendanges due Pape Clément, puis invite tout un chacun au débat sur www.lapassionduvin.com/phorum/read.php ?29,259349 et sur www.bakchich.info notes jpd : . à la place de Bruno Magrez, je changerais d’agence de communication. C’est une faute de goût d’offrir un truc aussi ringard. . si j’étais journaliste vénal, je serai vexé – et aussi inquiet quant à mes revenus futurs – que l’on puisse penser que c’est là le tarif de mes faveurs. . dans ma candeur, je croyais encore que la meilleure manière d’entrer dans les bonnes grâces de plumes émérites était de leur proposer « des ménages », c’est à dire d’animer un colloque ou de présider un jury, ou encore de leur demander de préfacer, voir d’écrire, un livre, plus ou moins de circonstance
Tout n’est pas faux dans ce commentaire, mais tous les journalistes de gastronomie ne sont pas à mettre dans le même panier. Il y en a qui paient leurs additions, si si, je vous l’assure.
Cela dit, le plus gênant reste l’anonymat de la personne qui signe ce brûlot anti-journaliste. En ne donnant pas son nom, elle se décrédibilise. Peut-être est-ce un de ces fameux journalistes de vin qui a touché une montre, qui en a honte, mais aimerait tout de même bien être réinvité. Non ?
PS : l’auteur de ce commentaire signe de son vrai nom.