Si j’étais Sarkozy, j’inviterais Dany Boon à l’Elysée et plus vite que cela. Je lui donnerais une mission officielle et pourquoi pas un secrétariat d’État. Au minimum je me ferais photographier avec lui et longuement.
Car Dany, c’est un vrai. Il suffisait de regarder son spectacle sur M6 mercredi soir (« A’s baraque et en ch’ti ») pour comprendre que le peuple, le mystérieux, le mythique, le tant recherché populo, il est là, sur scène, dans la peau de cet énergumène, et dans la salle qui l’applaudit à tout rompre parce que son cœur fait Boon ! Ce type est drôle, cela ne fait pas un pli. Comme tant de comiques aujourd’hui…
Mais lui, en plus, il parle du Nord avec l’accent du Nord et raconte des histoires de la France d’en bas. Avec Dany et ses histoires de baraque à frites (« on prend une caravane, on la découpe à la scie… ») et de fricadelles (saucisses indéfinissables), le peuple du Nord tient une revanche pacifique et rigolarde contre les Parisiens, l’État jacobin, les élites à l’accent pointu, les clichés, le bon goût. Une leçon de savoir-vivre contre la non-vie ou la survie des métropoles bobos. Grâce à Dany Boon, la France se découvre une nouvelle frontière : le Nord.
La morale de l’histoire ? Ces gens-là ne sont pas comme nous, c’est pour cela qu’ils nous intéressent. Une morale qui vaut pour d’autres ethnies gauloises et ultra-marines… Révolution du regard : ces Parisiens, ils sont « drôles » (bizarres), d’ailleurs à choisir, on préfère nos mœurs aux leurs. Adieu complexes ! Ici, le peuple assume son accent, son patois, ses défauts. Né à Armentières et fier de l’être ! Et en plus, Dany Boon cartonne au cinéma avec son Bienvenue chez les Cht’is, qui va bientôt dépasser Astérix. Mais au fond, Astérix et Danix racontent la même chose, des histoires d’irréductibles qui résistent grâce à leur potion magique (frites-bière !) aux légions de la « modernité » et l’empire de la globalisation, hein ?
Oui, si j’étais Sarkozy, en panne de rupture et de voix populaires, toujours à faire les poches des stars pour leur piquer la moindre miette de gloire médiatique, j’appellerais d’urgence Dany Boon pour un secrétariat d’État à la Qualité de la Frite. Ainsi j’aurais un autre Dany à opposer à la gauche et à Cohn-Bendit. Non seulement ce Boon-là est plus drôle que Laporte ou Attali mais il est bien plus exotique que Rachida Dati ou Rama Yade.