Nous vivons une société transparente : des tas de gens s’arrogent le droit de nous harceler. Mais on peut mieux faire.
Je suis harcelé sur mon Mac par des inconnus qui veulent à tout prix me fourguer des Rolex, des tonnes de Viagra, des logiciels énigmatiques, et, si tout cela ne me permet pas de séduire une dame francophone, une avalanche de nanas venues de l’Est qui brûlent de m’épouser ou de s’occuper de mon inflation, comme dirait Dati. Ma femme, elle, est harcelée par des spams délirants puisqu’on lui propose des produits pour faire croître son pénis, ce qui supposerait de sérieux travaux préalables. Seul mon chat échappe à cette avalanche, car il a résilié son forfait Internet.
Vous êtes harcelés au téléphone par des voix inconnues qui prononcent mal votre nom, surtout s’il comporte des r, et qui diligentent, sans doute depuis l’Oubangui-Chari, des enquêtes sur votre chauffage au nom d’organismes aux noms ronflants, du genre : HCSATP (Haut comité de surveillance angoissée des toitures en pente) ou CIPV (Centre interrégional de promotion des vitres en verre). Parfois, c’est une chaîne cryptée qui m’appelle pour me demander si je rêve de regarder le foot à la télé. Je réponds poliment que le foot, ça me les brise. Sauf l’OM , évidemment.
En plus, nous sommes harcelés postalement par des marchands de complémentaires santé, surtout quand Bachelot dérembourse, et les complémentaires retraites attaquent en piqué vu l’avancement de la loi bricolée par le Grand Cerf traqué de Chantilly. Et ne parlons pas des conventions obsèques et des sonotones magiques, ça fout le blues, comment savent-ils mon âge ? Nous vivons une société transparente : des tas de gens s’arrogent le droit de nous harceler.
En revanche, les Woerth, les Besson, les Bettencourt, cachés derrière des blindages privés ou publics supposés les rendre intouchables, crient haro sur les harceleurs en général et les trotskistes, pardon, les journalistes en particulier. C’est que l’État ne les harcèle pas assez sur leurs fonds de caisse, leurs billets d’avion ou leurs comptes en Suisse, et ils ne vont pas déballer ça au débotté, en cinq minutes, avec le sourire. Si on leur lâche la grappe, plus de jus ! Or tout le monde n’a pas l’incuriosité du procureur de Jenterre, Hauts-de-Seine, qui hésite encore à harceler le mec du vase de Soissons, un dossier qui mériterait pourtant d’être transmis à un juge indépendant.
Mais grâce soit rendue au bienheureux Sarkozy, qui est allé à Rome harceler sainte Pétronille, notre patronne nationale depuis Charlemagne (véridique !). Allez, Pétronille, sauve la France, au nom du Sacré-Cœur !