Le député Maurice Leroy espérait obtenir un poste ministériel au prochain remaniement. Mais il a signé - sans le savoir, dit-il - un appel des ennemis de Sarkozy. Loupé ! Retour sur le parcours de cet ancien communiste, passé chez Pasqua, Bayrou, Sarko, etc
C’est la meilleure : pour une fois, Maurice Leroy, 49 ans, grand retourneur de veste devant l’éternel, a changé de camp… sans le vouloir. Et quasiment sans s’en apercevoir. Pour avoir signé l’appel de Marianne « pour une vigilance républicaine », le député (Nouveau Centre) du Loir-et-Cher va devoir faire son deuil d’un rêve déjà caressé sous Raffarin puis Villepin : devenir ministre. Il croyait, jure-t-il, signer une pétition en faveur de la laïcité, et n’imaginait pas une seconde que cet appel visait Nicolas Sarkozy. « J’ai été piégé », assure-t-il en retirant sa signature. Trop tard.
Mais où se situe donc Maurice Leroy (faites lui plaisir, appelez le « Momo ») ? Quand il s’engage en politique au début des années 80, cet enfant issu d’un milieu populaire – sa mère, d’origine espagnole, est femme de ménage - ce titi parisien, expert-comptable de profession, s’engage au Parti communiste. Où il ne se contentera pas d’être un militant de base égaré chez les staliniens. Il est successivement directeur de cabinet de Gaston Viens à Orly, de Michel Germa dans le Val de Marne, de Jacqueline Fraysse à Nanterre, de Dominique Frelaut à Colombes. Pas franchement des rénovateurs. Mieux : Leroy devient en 1984 et pour six ans, secrétaire général du groupe communiste au Sénat. Un vrai poste d’apparatchik.
Brusquement, en 1994, il quitte le parti. Sur les causes de la rupture, il a toujours botté en touche. Il passe avec armes et bagages chez Charles Pasqua, alors président tout puissant du Conseil général des Hauts-de-Seine. Pour sa première élection municipale, en 1989, dans la petite commune du Poislay (Loir-et-Cher) où il a ses racines paternelles, Leroy est communiste. Mais en 1994, pour sa première élection cantonale, il adhère à l’UDF. En 1997, nouveau député, il devient l’un des bons clients de la salle des quatre colonnes. On ne connaît guère ses convictions profondes, mais il est expert en bons mots. Parmi ses sentences les plus fortes : « On est dans un état proche de l’Ohio »…
Quand il part à l’assaut de la présidence du Conseil général du Loir-et-Cher, en 2004, les élus qui le soutiennent ne sont pas pro-Chirac, pro-Sarkozy ou pro-Bayrou : ils sont pro-Momo, et c’est tout ce qu’on leur demande. Elu dans un fauteuil, il devient aussi président de l’Union des conseillers généraux de France, au nom de laquelle il vient de proposer, en réponse à Jacques Attali qui préconise de supprimer les départements, la fusion des conseils généraux et des conseils régionaux.
Pendant la campagne de François Bayrou, il croit dur comme fer que son candidat sera présent au second tour et gagnera contre Sarkozy. A l’avant-veille du premier tour, dans l’avion qui ramène tout l’état-major bayrouiste de Pau à Paris après un dernier meeting, c’est lui qui chante le plus fort. Patatras. Entre les deux tours, il rallie Nicolas Sarkozy.
Officiellement, il ne supporte pas le « ni Sarko, ni Ségo » du président de l’UDF. Officieusement, il a très envie d’entrer au gouvernement, encouragé en cela par Pierre Charon, un proche de Sarkozy, son conseiller people-info-intox qui a lui aussi des attaches dans le Vendômois. Deux jours avant la composition du premier gouvernement Fillon, Momo annonce aux élus de son département qu’il sera ministre d l’Agriculture. La liste sort, il n’y figure pas. Sarkozy lui a préféré Hervé Morin, puis André Santini.
Cette fois, après les municipales, il pensait que son heure était venue. Mais au prochain remaniement, Momo va encore rester sur la touche. Candidat aux cantonales les 9 et 16 mars dans son canton de Droué, il n’est ni Nouveau Centre, ni UDF, ni UMP, mais UPLC : Union Pour le Loir-et-Cher. Une étiquette qui autorise toutes les contorsions futures.
je connaissais le parcours de "momo" mais à le relire je me demande comment des retournements de veste comme ça sont possibles et ne soient pas sanctionnés par les électeurs…c’est hallucinant !! 30 ans (au bas mot) de trahison….et toujours là,ça fait peur !
donc la pétition il l’a signé à l’insu de son plein gré…c’est à vous dégouter de la politique…