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Chomsky, Mermet et Cie…

Grand écran / mardi 9 décembre 2008 par Marc Godin
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Rencontre avec Noam Chomsky, un intellectuel engagé et enragé, à la pensée libre et inspirante. Dans plus de 120 salles de cinéma.

Bono, du groupe U2, l’a surnommé « l’Elvis du monde universitaire ». Théoricien du langage, professeur star du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Noam Chomsky, 80 ans, révolutionne la linguistique dans les années 1960 avec la grammaire générative, qui postule que les structures du langage sont innées. Toutes les langues partagent des structures communes sous-jacentes, une sorte de grammaire universelle, que l’enfant possède dès la naissance. Les idées de Chomsky bousculent alors les théories des « béhavioristes » (de l’anglais behaviour, comportement), pour qui le langage s’acquiert par l’expérience.

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« Capitalisme et démocratie ne sont pas compatibles »

Linguiste de réputation mondiale, Noam Chomsky, qui se définit comme un « anarcho-socialiste », est également un analyste politique engagé, accessoirement l’un des plus violents adversaires de George W. Bush et de la politique étrangère des États-Unis, qu’il qualifie toujours d’État terroriste, et qui déclare avec sa voix douce, « Capitalisme et démocratie ne sont pas compatibles ».

Sa pensée, évidente, foudroyante, sur les stratégies de la propagande et de la fabrique de l’opinion, se retrouve dans ses livres, des milliers d’articles qui font de lui l’auteur le plus cité dans le monde. Pourtant, en France, Chomsky – qui pense le monde autrement – est encore méconnu, et certains « intellectuels » (Finkielkraut, BHL, Attali et même Val) lui dégueulent régulièrement dessus, assurant qu’il est un « maniaque du négationniste » (BHL dans Ce grand cadavre à la renverse), doublé d’un parano obsédé par la théorie du complot.

Faire entendre la voix de Chomsky

Pour faire entendre clairement la voix de Chomsky au public français, Daniel Mermet et Olivier Azam, co-réalisateurs du film Chomsky & Cie, ont mis en image les bandes d’entretiens de l’émission de Mermet sur France Inter, « Là-bas si j’y suis », diffusés en 2007. Chomsky explicite ses théories (« Dans notre monde, il y a des institutions tyranniques très importantes, c’est ce qu’on appelle les multinationales, qui sont les institutions humaines les plus proches des systèmes totalitaires. Ils n’ont pas de comptes à rendre au public, c’est comme des prédateurs qui se jettent sur la société. Et pour se défendre de ces prédateurs, les gens n’ont qu’un seul outil de défense, c’est l’État »). Il revient sur ses supposées accointances avec l’historien négationniste Robert Faurisson, décrypte les relations incestueuses entre les journalistes et le pouvoir, et accouche d’incroyables théories sur la propagande et la fabrication du consentement, avec des exemples clairs.

Il compare ainsi les différences du traitement de l’info entre les massacres du Cambodge et du Timor, les guerres du Vietnam et d’Irak, ou encore l’assassinat de l’archevêque Oscar Romero au Salvador dans les années 1980, et celui du Père Popieluszko, dissident tué par la police du pouvoir communiste en Pologne. Entre deux théories, Mermet et Azam intercalent des images d’actus du Timor ou de manifestations anti-Vietnam, des interviews hilarantes de nos grands journalistes télé français qui déclarent fièrement être ABSOLUMENT libres et deux entretiens avec le Canadien Normand Baillargeon, prof et militant libertaire, ou encore Jean Bricmont, prof belge, grand spécialiste de Chomsky.

Une bouffée d’air façon Mermet

À une époque où Sarkozy, ses conseillers et ses ministres ont confisqué la parole en saturant les médias, multipliant frénétiquement les déclarations (avant d’assurer le contraire) et érigent la peur comme façon de gouverner (peur des bandes, du terrorisme, des jeunes, des étrangers, de la banlieue, du krach boursier…), Mermet prend du recul, lave la tête et oxygène le cerveau.

Un petit mot enfin sur le financement de ce Chomsky & Cie. C’est grâce à une souscription lancée auprès des auditeurs de « Là Bas si j’y suis » et des fidèles du site la-bas.org que ce film a pu voir le jour, sans aide publique préalable, ni pré-achat d’une chaîne de télé. C’est rare et courageux. Foncez !

Voir le site Internet consacré au film Chomsky & Cie

À lire ou relire sur Bakchich.info :

« Chomsky et compagnie » ou comment on fabrique l’opinion publique en démocratie. Ce documentaire de qualité d’Olivier Azam et de Daniel Mermet, produit par les Mutins de Pangée, sort en DVD pour les souscripteurs modestes et géniaux, des auditeurs de (…)
L’humouriste Bigard est comme tu sais l’ami du chef de l’Etat français - qui l’an passé l’emmena, dans ses bagages et à nos frais, jusques au Vatican, où de conserve ces deux-là baisèrent l’anneau d’un octogénaire autrichien déguisé en Père Noël. (…)
Chomsky & Cie d’Olivier Azam et Daniel Mermet, produit et distribué par Les Mutins de Pangée. En salles depuis le 26 novembre.

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10 MESSAGES

Forum

  • Chomsky, Mermet et Cie…
    le vendredi 5 juin 2009 à 13:16, Paloma a dit :

    Moui, j’ai été très déçue également par ce film, qui a été suivi par l’intervention de D. Mermet. Je partage les commentaires qui ont été faits sur la forme, mais je trouve le fond tout aussi décevant.

    D’abord, vu la richesse des thèmes abordés par Chomsky et de ses combats, il est quand même dommage de se concentrer essentiellement sur la fausse révélation des mécanismes liés à la propagande et à la mainmise sur les esprits. Surtout que "Propaganda" est un livre un peu vieux, et que la sociologie a largement nuancé toutes les conclusions qu’on nous assène dans le film (par exemple avec des concepts comme "exposition sélective"). Au lieu d’ouvrir le débat et d’amener à penser, on nous offre une nouvelle doctrine (et M. Mermet a été imbuvable et pédant lors de son monologue suffisant à la fin de la projection, dommage, j’appréciais beaucoup ses émissions), avec l’auto-satisfaction de se croire parmi les rares élus de la pertinence et de la lucidité, dans un monde de moutons…

    Dernière remarque navrante… Lorsque le film amène des preuves de manipulations, donne des chiffres, des données… la source qui s’affiche en haut de l’écran, c’est N. Chomsky lui-même. Un peu juste comme pluralité des sources. Mais c’est vrai que l’auteur lui-même tend à éluder ses sources dans ses ouvrages, c’est d’ailleurs peut-être pour cela en partie qu’il est le plus cité ; impossible de remonter à l’origine de tous les os intéressants qu’il déterre…

  • Chomsky, Mermet et Cie…
    le mardi 9 décembre 2008 à 18:37, ghal a dit :
    ticounisme ? kesako alain
  • Ticounisme de Chomsky
    le mardi 9 décembre 2008 à 16:05, Alain Guionnet a dit :
    Parler de l’opposition entre l’establishment médiatique de France et Chomsky est bien. Mais elle s’explique par le ticounisme de Chomsky, mot apparemment occulté dans le documentaire.
    • Ticounisme de Chomsky
      le jeudi 11 décembre 2008 à 03:23, Fonz a dit :

      Ce mot "ticounisme" est d’une importance capitale dans l’analyse de la pensée de Chomsky. Il s’agit apparemment d’un néologisme québécois désignant une maladie mentale (également (in)connue sous le nom de "tatatisme") consistant à agiter un drapeau rouge et bleu par la fenêtre de sa voiture.

      Je me vois contraint d’avouer mon incompétence dans la compréhension de ce post…

      • Ticounisme de Chomsky
        le lundi 27 avril 2009 à 10:25, Charpentour a dit :

        Je donne simplement mon avis sur le sinistre individu qu’est Alain Guionnet, antisémite notoire et violent, négationniste militant, dans la droite ligne des Faurisson, Garaudy et cie. Ce monsieur invente des mots dont il est à peu près le seul ou presque à en comprendre le sens. "Ticounisme" est de ceux-là ; terme forgé sur l’hébreu "Ticoun" qui, dans la Kabbale, désigne une réparation, suite à quelque chose de détruit dans les mondes supérieurs par une faute commise ici-bas.

        Affecté d’une paranoïa irrémédiable, monomaniaque fixé sur la circoncision juive (mais pas musulmane, pourquoi ?), condamné plusieurs fois à de la prison ferme pour diffusion de propos antisémites et négationniste, il est donc peu recommandable.

        Je viens de faire fermer son site sur Yahoo/Geocities.

  • Chomsky, Mermet et Cie…
    le mardi 9 décembre 2008 à 10:05, ToOmS a dit :

    Oui, ce film est à voir absolument. Il est simplement navrant que la France soit le seul pays où une poignée "d’intellectuels" s’arrogent le droit de diaboliser un penseur (états-unien, rendez-vous compte !) en le taxant d’antisémitisme, au fond, alors qu’il est juif !

    Le temps passé à rétablir quelques vérités aurait pu permettre d’approfondir encore le sujet ; heureusement, les "souscripteurs modestes et géniaux" de dernière heure ont permis d’en rajouter une couche in extremis avant la sortie du DVD.

    Notez également que des projections du DVD (sorti avant les salles pour cause d’auto-financement) en question sont organisées par des bénévoles un peu partout.

  • Chomsky, Mermet et Cie…
    le mardi 9 décembre 2008 à 03:42, J a dit :

    J’ai vu le film en DVD (comment est-ce possible ? Je l’ignore, c’est un cadeau de maman).

    Je ne peux qu’aller dans le sens de cette critique, et espérer un renouveau de Chomsky en France au détriment des arrogants pamphlétaires qu’on se cogne ici. La réflexion de Chomsky, en particulier sur la fabrique de l’opinion (voir son ouvrage à ce propos), est éclairante, simple et radicale.

    Le film de Mermet est excellement conçu. Sa progression est passionnante, tant il cerne l’étendue des conceptions du bonhomme. Il ne s’agit nullement d’un long entretien dithyrambique avec un gourou (Mermet n’est pas coutumier de ce genre de facilités) mais d’un document protéiforme, avec une grande valeur ajoutée d’images d’actualité et de contributions de tiers intéressés. Un Là bas Si J’y Suis en images, de la radio filmée en bref, et l’innovation devrait être rééditée, c’est tellement intelligent, tellement mieux.

    Le message critique de civilisation de Chomsky reste résolument optimiste, à la différence des renvois acides de beaucoup de nos téléphilosophes qui remuglent le parti-pris inutile car dogmatique. Chomsky, en tant que véritable philosophe, même engagé à la mode d’aujourd’hui, n’assène pas pour convaincre, il donne à penser pour longtemps, longtemps. C’est en tout cas l’effet qui survient une fois le générique de fin déroulé.

    Bon film à tous, courez y. Puis faites tranquillement la révolution.

    Bises.

    J

    • Chomsky, Mermet et Cie…
      le mardi 9 décembre 2008 à 09:01, coco des bois a dit :

      C’est possible parce que nous souscripteurs avons filé le pognon pour monter le DVD :)

      Non plus sérieusement le film n’était pas prévu à la base pour passer au cinéma, ce qui ne doit empêcher personne d’aller le voir !

      Vraiment excellent je suis d’accord :)

    • Chomsky, Mermet et Cie…
      le mardi 9 décembre 2008 à 09:42, dfitz a dit :
      L’initiative de Daniel Mermet et des auditeurs de "Là Bas si j’y suis" est belle et bonne, mais il reste vraiment dommage qu’il n’y ait personne en France pour distribuer l’excellent film de Peter Wintonick et Mark Achbar, titré "Manufacturing consent". Une synthèse remarquable de plusieurs années de travail et qui bien que réalisé en 1989 n’a pas pris une ride (contrairement à Chomsky ;-)
    • Le fond est bon, la forme mauvaise
      le vendredi 12 décembre 2008 à 16:11, Manufacturing Consent a dit :

      J’ai vu le film. J’ai lu de nombreux ouvrages de Chomsky (dont Manufacturing Consent) et j’ai aussi lu le Petit Cours d’Autodéfense Intellectuelle de Baillargeon.

      Si les livres sont (très) bon, le film est cinématographiquement mauvais. A certains moments, les plans de coupe nuisent au film. Ils sont trop longs. Le film lui même est trop découpé en sous-parties, parfois trop courtes. Il y a plusieurs emprunts à deux précédents films sur Chomsky.

      Je ne parle pas du fond, je parle uniquement ici de la forme, qui justement, hélas, nuit au fond du film. Bref, j’ai été très déçu. Ce qui marche à la radio ne marche pas au cinéma si on ne fait qu’y ajouter des images. C’est bien la raison pour laquelle ces deux mediums coexistent. Ils sont différents.

      La façon dont est amené le discours aussi est problématique. Se voulant démonstration, bien souvent le discours passe des prémisses aux conclusions en sautant le raisonnement. Quelqu’un qui ne serait pas convaincu en entrant dans la salle ne le serait pas plus en sortant, car le découpage des arguments de cette manière nuit à leur acceptation par le spectateur. Ce qui est vraiment dommage, car l’idée du film est tout de même de convaincre le spectateur.

      J’ai vraiment beaucoup de peine à le dire, mais voilà : si le fond de ce film reste extrêmement important, voire essentiel, le traitement (la forme) lui nuit gravement. Dommage, dommage.

      Je préfère recommander les livres sur lesquels reposent le film (La Fabrique du Consentement, réédité récemment chez Agone et Petit Cours d’Autodéfense Intellectuelle), ou alors recommander le film Manufacturing Consent, disponible légalement et gratuitement sur le ouèbe (mais en anglais, hélas).

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