Loin, très loin à l’est, on s’amuse beaucoup avec les neutrons
Alors que les pourparlers à six (Corée du Nord, Chine, Corée du Sud, Russie, Japon, États-Unis) ont repris à Pékin au sujet du programme nucléaire nord-coréen, la diplomatie chinoise a réussi un coup de maître : dans la nuit du 9 février, elle a fait circuler un protocole d’accord de règlement de la crise. Ce dernier, qui aurait reçu l’aval de la République Populaire Démocratique de Corée (Corée du Nord), trace les grandes lignes suivantes : Pyongyang abandonnerait ses programmes nucléaires en échange de garanties de sécurité, d’une assistance économique et d’une amélioration des relations bilatérales avec Washington.
Cet activisme diplomatique chinois intervient alors que, depuis l’essai nucléaire réalisé par la Corée du Nord en Octobre 2006, les rumeurs concernant l’évolution de la RPDC ont considérablement enflé. D’ailleurs, lorsque l’on parle d’ « essai nucléaire », il peut tout aussi bien s’être agi d’une authentique bombinette à neutrons que de l’explosion d’une très grosse quantité de dynamite ressemblant à un essai nucléaire pour faire croire que, etc, etc. Quoiqu’il en soit, voici en exclusivité les rumeurs sur la Corée du Nord qui circulent en ce moment dans les milieux vaguement informés de Pyongyang, de Pékin et dans les couloirs de quelques ambassades :
La théorie de la résidence surveillée : Kim Jong-il (le Guide suprême nord-coréen) est tenu en résidence surveillée à Pyongyang par des individus inconnus ayant décidé qu’il prendrait sa retraite cette année. Ce qui tombe d’ailleurs plutôt bien : le président Kim aura cette année 65 ans, et pourra, comme tout retraité méritant, profiter de sa pension de fonctionnaire et de la gratuité dans les transports en commun.
La théorie de la ligne rouge : Les États-Unis et la Chine ont conclu un accord secret sur une « Ligne Rouge » au sujet de la Corée du Nord. Cela signifie que si Pyongyang se fait attraper la main dans le sac en train de vendre son savoir-faire nucléaire à des États-voyous ou des organisations terroristes, des sanctions beaucoup plus dures seront appliquées à son encontre. L’explication cynique de la chose serait que la Chine utilise cet accord pour se faire bien voir à Washington tout en sachant que Pyongyang n’est pas en mesure de vendre quoique ce soit à qui que ce soit, donc Pékin n’aura jamais à mettre sa promesse à exécution.
La théorie du Groupe Chrysanthème : Selon cette idée, des économistes chinois, quelques dissidents nord-coréens vivant en Chine et une poignée de technocrates réformateurs frustrés à Pyongyang ont formé un soi-disant « Groupe Chrysanthème », basé à Pékin, lequel élabore une feuille de route inspirée des réformes chinoises pour sauver la République Populaire Démocratique de Corée après la chute de Kim.
La théorie de la déchetterie : Cette théorie veut que la Chine ait un plan pour faire d’une pierre deux coups : 1) préserver la RPDC en favorisant un renouveau de l’industrie dans le pays pour ranimer son économie moribonde ; 2) atteindre ce but en délocalisant en Corée du Nord toute la production de faux, de copies et de produits dangereux ou nuisibles à l’environnement. L’explication de cette théorie est la suivante : de cette manière, les Chinois peuvent annoncer qu’ils ont quitté le commerce de produits contrefaits, gagnant ainsi les faveurs des États-Unis et de l’Union Européenne, tout en continuant à inonder le monde avec leurs DVD pirates, faux sacs Vuitton et pilules amaigrissantes dangereuses, le tout produit en RPDC.
La théorie de Deubeulyou : La très shakespearienne Mère de Toutes les Théories prétend que Pékin est en train de préparer un coup d’Etat à Pyongyang au cours duquel les Chinois chasseront Kim, installeront leur homme de paille et assureront directement la sécurité du pays pour prévenir un exode de réfugiés vers la Chine. Cette brillante théorie ne vient ni de Pékin ni de Pyongyang mais de la capitale d’un autre État-voyou, Washington DC. Elle proviendrait des cerveaux surpuissants de quelques consultants très en vue à la Maison Blanche et dont le QI semble inversement proportionnel aux généreux chèques que George W Bush leur prodigue pour leurs conseils éclairés.