Soutenu militairement par la France, le président centrafricain aimerait bien être soutenu politiquement par la Cour Pénale Internationale (CPI). Pas gagné
Ubuesque situation pénale en Centrafrique : le président Bozizé a depuis sa prise de pouvoir largement arrosé ses anciens ennemis de dépôts de plaintes et de commissions d’enquêtes pour des infractions allant du détournement des deniers publics aux crimes contre l’humanité.
Mais la RCA n’a pas encore intégré les dispositions des conventions internationales. Pour le procureur de la république centrafricaine, les plaintes en cours sont donc du ressort de la Cour Pénale Internationale. C’est aussi botter en touche vu le manque de volonté et de capacité de l’appareil judiciaire. Il est vrai qu’il est difficile d’aller chercher l’ancien dictateur Patassé réfugié au Togo, le chef de guerre Miskine continuant ses affaires au Soudan, le mercenaire Bemba devenu vice-président de la RDC ou l’inévitable Paul Barril…
La CPI a été officiellement saisie de la situation par le gouvernement centrafricain fin décembre 2004. Bozizé était alors en pleine campagne électorale. Le 22 juin 2004 la Cour avait aussi accusé réception des rapports de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme sur l’état du pays, deux ans après remise.
Paradoxalement, cette demande de Bozizé pourrait donc fort bien se retourner contre lui, tant il est vrai qu’il a eu sa part de responsabilité dans le bain de sang qu’a connu et que connaît toujours la RCA. Bozizé, sans complexes, a admis devant une mission de la FIDH en juin dernier certaines exactions de ses troupes, mais en a rejeté la responsabilité du fait de sa présence en France au moment des faits. Un récit savoureux aux vues des dernièrs coups de main des bidasses françaises…
L’homme se juge apparemment rassuré par l’inhabituelle lenteur d’une CPI qui s’est montré plus véloce pour le traitement des situations ougandaise, congolaise et soudanaise… Des mauvaises langues bien placées insinuent que le nombre d’exactions comparativement plus faible n’y serait pas pour rien. Les victimes, qui ne peuvent plus compter que sur cette instance, apprécieront !
Prenant acte soit de la lenteur du procureur, soit des rumeurs, la chambre préliminaire III de la CPI vient de sommer le procureur de l’informer sur l’état d’avancement de son analyse concernant la situation dans le pays et de prendre une décision « dans les meilleurs délais ». Se faire taper sur les doigts, c’est encore supportable…