Président du Conseil européen, l’effacé Belge Herman Van Rompuy publie des poésies japonaises et part en vacances dans un monastère. Excentrique.
L’Europe est décidément mal faite. Il se dit en Belgique que la crise entre Flamands et francophones qui a emporté le dernier gouvernement aurait pu être évitée. Si, tout simplement, le précédent Premier ministre, Herman Van Rompuy (prononcer : « rom’peuille »), 62 piges, expert en « compromis linguistiques », était demeuré en fonction. Au lieu d’aller jouer, depuis novembre dernier, les présidents « stables » du Conseil européen, une nouveauté de l’infernal traité de Lisbonne. C’était possible. Van Rompuy n’était absolument pas candidat au poste, aux contours d’ailleurs flous. Le texte constitutionnel charge vaguement son titulaire, plus haute autorité européenne, « de donner à l’Union les impulsions nécessaires à son développement et d’en définir les orientations et priorités politiques ». Vaste programme…
« Il faut un [George] Washington pour l’Europe », avait en son temps clamé l’Européen Giscard. Est-ce bien le gabarit de notre homme, cacique de son parti (les chrétiens-démocrates flamands), dont il a occupé tous les postes comme il a occupé à peu près tous ceux du gouvernement et du Parlement belges ? À dire vrai, les 27 chefs d’État et de gouvernement l’ont surtout investi pour éviter un poids lourd encombrant. D’aucuns mettent à profit leurs cent jours pour prendre de grandes mesures. Méditant en coulisses, Herman, lui, a attendu cent jours pour esquisser quelques perspectives. Pas trop favorable, à l’en croire, à l’intervention du FMI en Grèce, il s’est gardé de s’en insurger publiquement, à la différence du retraité Delors : « consensus » est son maître mot, avec « discrétion », physique et maintien de vicaire de province à l’appui.
« Effacement » serait peut-être plus juste. En regard, Fillon tient du poète romantique halluciné. Herman part le plus souvent en vacances en camping- car avec Madame et s’offre chaque année quelques jours de « retraite » dans un monastère belge. L’autre semaine, il a aussi surpris son monde en convoquant la presse et une délégation nipponne pour présenter ses haïkus, rédigés en quatre langues européennes, le latin en prime. Tant de micmacs sur la Constitution européenne pour aboutir à une apologie de la poésie japonaise, est-ce bien raisonnable ?
« Laissons-lui le temps de donner un contenu à ses fonctions, plaident ses défenseurs. C’est un homme d’apaisement, il l’a prouvé dans son pays. » À cet égard, Van Rompuy va bientôt se retrouver en terrain de connaissance : à partir du 1er juillet et jusqu’au 31 décembre, la fameuse « présidence tournante » (quel embrouillamini, l’Europe !) revient en effet au « plat pays », si celui-ci s’est entre-temps doté d’un gouvernement. Autrement dit, pour six mois, l’Union européenne va être (quasi exclusivement) dirigée par des Belges. Pour moins de pataquès, il vaudrait mieux qu’ils soient tous Flamands…
A lire sur Bakchich.info :
Puisque l’auteur est un ancien du Canard, on pourrait savoir pourquoi le Canard n’a, à l’époque, pas parlé du Traité de Lisbonne, et notamment de son illégitimité, avant sa ratification ?
Est-ce que les patrons du Canard approuvaient ce traité à la manière de Serge July et de Philippe Val ?
« Van Rompuy n’était absolument pas candidat au poste, aux contours d’ailleurs flous. »
Ah bon !
Et pourtant, d’après le Times, Van Rompuy a présenté son programme devant le groupe Bilderberg :
« Herman Van Rompuy, the Belgian Prime Minister, broke his silence before Thursday’s summit to choose the president — but only at a meeting of the secretive Bilderberg group of top politicians, bankers and businessmen ».