Président de la banque centrale européenne, honni par les latins et adoré par les autres, Jean-Claude Trichet tient vaille que vaille.
La BCE a dix ans et Trichet n’a pas d’âge : éternel, tel qu’en lui-même Dieu le fit. Trichet est d’ailleurs un des grands hommes du moment et semble en passe de savourer une forme de revanche. Comme tous les ans, Newsweek a récemment fait le classement des vingt personnes les plus importantes du monde. Il y avait parmi elles trois Européens : Mme Merkel, le pape et Jean-Claude Trichet. Trois Allemands auraient dit un des responsables de l’enquête sans que l’on sache si c’était un jeu de mots ou une des multiples manifestations de l’ignorance globale des journalistes américains.
Trichet a adopté en effet les pratiques de politique monétaire de la Bundesbank et l’économie allemande s’en porte plutôt pas mal. Alors que l’économie américaine, après avoir mangé son pain blanc, s’enfonce dans la crise et que son avenir semble obéré par une accumulation de dettes et un niveau d’investissement de deux points inférieurs en pourcentage de PIB à celui de l’Europe, l’Allemagne est de retour. Sa croissance tourne à un rythme annuel de plus de 3 % quand celle des États-Unis se limite à 0,6 %. Le taux d’investissement augmente régulièrement et le débat outre-Rhin est de savoir si on pourra durablement priver les salariés des bénéfices de cette croissance revenue.
Trichet ne se prive donc pas devant ses détracteurs de déclarer que mieux vaut jouer à long terme comme il le fait qu’à court terme comme le fait la Réserve fédérale des États-Unis qui subit maintenant les conséquences du crédit facile : banques fragilisées, manque général d’épargne et déficit extérieur abyssal. Trichet met même en avant le redressement de l’Italie qui souffre de l’euro fort mais s’adapte lentement mais sûrement. Désigné homme de l’année 2007 par le Financial Times, il a de quoi se féliciter de ce qui se passe. Même en France, les critiques semblent devoir se limiter à ceux qui se proclament eux-mêmes les « keynésio-fitousso-sarkozystes », sachant que Sarkozy se sent de moins en moins concerné par ce combat. Ses idées sur la politique monétaire sont très limitées et il a fini par comprendre qu’à suivre les plus excités des « keynésio-fitousso-sarkozystes », il se mettait à dos ses partenaires européens et notamment les Allemands. Comme de multiples personnes ont fait son siège pour lui démontrer que l’offensive anti-Trichet n’avait pas de fondement économique sérieux, Sarkozy a décidé de ne plus critiquer la BCE et demander à son entourage de faire de même.
Finalement, le véritable ennemi de Trichet, c’est celui contre lequel il doit normalement se battre et qui se montre en fait plus coriace que prévu, à savoir l’inflation. On tourne en ce moment à un rythme de hausse des prix de 3,6 % par an, ce qui est loin des 2 % de cible régulièrement affichés. Trichet en est même à devoir se justifier sur son laxisme et, lors d’une entrevue avec le ministre allemand des finances, il a dû donner une vision très ample de sa politique d’où il ressortait qu’en moyenne, depuis sa création, la BCE a maintenu l’inflation à 2,1%, avec certes des périodes de dépassement de ce taux mais aussi des périodes de plus grande stabilité : quel laxiste, ce Trichet, il va falloir bientôt que Sarkozy lui demande de durcir sa politique monétaire…
La mecanique monetaire est malheureusement tres mal connue du grand public.
J’ai appris seulement recemment que lorsque les banques centrales injectent des liquidites pour soutenir les banques en difficultes (par exemple, a cause des subprimes), ces liquidites ne sont pas appuyees sur de l’equivalent or.
Jusqu’au milieu du 20ieme siecle, les banques centrales imprimaient autant de billets qu’il y avait d’or en reserve. Puis est arrive un moment, ou la masse monetaire n’a plus correspondu a la reserve en or : on a autorise a imprimer plus de billets que la somme correspondante en or. A partir de ce moment, la valeur du billet ne repose plus sur la possibilite de le convertir en or, mais simplement sur la confiance des utilisateurs. C’est la monnaie "fiduciaire" (lat. fidus, confiant).
Est-ce correct ?