L’affaire du SMS rebondit dans la presse, avec un prochain article du PDG du « Nouvel Obs » annoncé dans « Le Monde », en réponse à Carla Sarkozy. Retrait de plainte, leçons de dignité et de déontologie journalistique ou comment l’entourage élyséen a tenté de freiner et de sortir de l’ornière un président qui aura bien du mal à changer…
On croyait l’affaire du SMS de Sarkozy définitivement enterrée. On en est loin. Le parquet de Paris a décidé de classer la procédure engagé contre le journaliste du Nouvel Obs Airy Routier après le retrait de sa plainte par Sarko. Mais l’affaire est loin d’être close, et a quitté la sphère judiciaire pour se recentrer dans les médias. Choqué par la leçon de journalisme infligée dans Le Monde par « Carlita » Sarkozy, Claude Perdriel, le co-fondateur de l’hebdo de la gauche tarama, a demandé au quotidien du soir un droit de réponse pour le début de cette semaine. S’il entend reconnaître pour la première fois que l’info de son journaliste était loin d’être en béton, Perdriel entend plaider la bonne foi de son journaliste. C’est beau la confiance…
Un rebondissement qui intervient après le changement de cap dans la communication de Nicolas Sarkozy. Sarko Ier s’est en effet doté d’un nouveau credo : jouer à la victime magnanime, « habiter » la fonction présidentielle et… échapper au ridicule en retirant sa plainte contre le Nouvel Observateur. Il n’avait en fait pas le choix. La procédure n’aurait jamais été menée à terme. Pour établir l’authenticité d’un faux et le recel, il faut que la police ait la preuve en main, ce qui est ici impossible.
Petit rappel des faits : le 6 février dernier, le site de l’Obs publie un article d’Airy Routier selon lequel une semaine avant son mariage avec Carla Bruni, le président aurait envoyé un SMS à Cécilia, son ex-épouse : « Si tu reviens, j’annule tout. » Le lendemain, Nicolas Sarkozy charge son avocat de déposer plainte au pénal pour « faux et usage de faux et recel », alors que Routier a affirmé n’avoir jamais eu le SMS en sa possession.
Depuis le début de l’affaire (et indépendamment de ce que l’article de Routier peut avoir de déontologiquement discutable), quelques proches du président estiment que Sarkozy a commis une boulette. Comme Catherine Pégard, jusqu’alors conseillère spéciale du président, récemment nommée responsable du « pôle politique » à l’Elysée. Cette ancienne journaliste du Point a très vite cherché une porte de sortie pour éviter que le président ne se prenne les pieds dans le tapis.
Le 7 mars, l‘occasion fait le larron : selon des sources bien informées qui se confient à quelques journalistes, Cécilia dément devant les flics avoir reçu un SMS de son ex-époux. Le procès-verbal de l’audition de l’ex-Première dame n’a été vu par personne, mais l’Elysée a trouvé une issue. Avant de retirer sa plainte, Nicolas Sarkozy hors de lui tente tout de même un dernier coup : il veut que l’Obs mange officiellement son chapeau. Il entame le siège du magazine. Du 8 au 16 mars, les journées de Claude Perdriel, son PDG, et de Jean Daniel, figure tutélaire du journal, sont rythmées par des appels téléphoniques de Sarkozy et de son épouse qui exigent des excuses publiques. Inquiet et tout de même pas très à l’aise, Airy Routier décide le 12 mars, comme l’avait révélé Bakchich, d’envoyer une lettre adressée à Carla Sarkozy.
Mais rien n’y fait. Au contraire. En huit jours, les têtes pensantes de l’hebdomadaire reçoivent une dizaine d’appels téléphoniques. « On en arrivait à se demander ce que faisait Sarkozy, à part passer des coups de fils ici », plaisante-t-on au journal. Pour faire pression, le président joue l’intimidation, assure à ses interlocuteurs qu’il ira jusqu’au bout de la plainte. Pourtant, dès le 10 mars il avait assuré à Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express, son intention de renoncer aux poursuites.
Le 19 mars, le parquet de Paris confirme avoir reçu un courrier de l’avocat annonçant le retrait de la plainte présidentielle. L’après-midi, Carla Sarkozy publie sa fameuse tribune dans Le Monde. Quelques heures après, Routier riposte : il a écrit un mot d’excuse soit, mais n’a jamais dit que le texto était faux. Difficile pour le président de ne pas « persévérer dans son être », comme le dit Spinoza. Dans la soirée, il repasse un petit coup de fil à Perdriel. On ne sait jamais : le PDG de l’Obs pourrait peut-être s’excuser…
Lire ou relire dans Bakchich :
La lettre d’excuses à Carla Sarkozy
Il n’avait en fait pas le choix. La procédure n’aurait jamais été menée à terme. Pour établir l’authenticité d’un faux et le recel, il faut que la police ait la preuve en main, ce qui est ici impossible.
Tout est dit, ça s’appelle être une serpiere quand on s’excuse d’avoir écrit la vérité, sous couvert d’avoir écrit la vérité….
N’exagérons pas la portée de cette classique affaire de pipols. Nick President Sarkozy mène l’existence chatoyante des stars qu’il a prises pour modèle et projection. Jamais un homme politique n’aura tant voulu se conduire comme un artiste déjanté, comme un créatif indomptable, comme un Johnny Halliday en costard bleu pétrole.
Il est vrai que Nick est un professionnel du nouveau discours de la politique spectacle, des shows à l’américaine shootés par l’efficacité de véritables performances scéniques.
Les footballers sont intermittents du spectacle. A quand les hommes politiques payés au cachet ?
Les Rockuptibles