Ainsi l’attention des médias à la lecture du dernier rapport de la Cour sur la Sécurité sociale s’est focalisée sur sa proposition d’assujettir les stocks-options aux cotisations sociales, proposition reprise par notre gouvernement qui ainsi peut espérer qu’un poil de taxation supplémentaire pour nos amis les aisés permettra de faire oublier le paquet fiscal.
Ce qui a retenu mon attention de fiscaliste pinailleur dans ce rapport concerne plutôt nos amis exploitants agricoles. À une époque où le Pouvoir politique et médiatique de la « bien-pensance libérale » essaye de dresser les catégories sociales et les professions les unes contre les autres en arguant de leurs avantages vrais ou supposés, bien évidemment d’un poids financier insupportable pour la collectivité, pour faire passer leurs réformes qu’ils baptisent sans aucune honte « modernisation ». Étonnant que personne ne fasse écho aux conclusions de la Cour des comptes quant au déficit abyssal des caisses de retraite et maladie des exploitants agricoles. Loin de moi l’idée de remettre en cause la solidarité nationale mais cette notion ne paraît pas en vogue chez nos amis agriculteurs (quand on leur demande de payer tout au moins) et ils ne sont pas les derniers à se plaindre du poids écrasant de l’État.
Et que nous apprend la Cour des comptes ? « Pour un total de 16,3 Milliards d’euros de charges techniques en 2006, les ressources propres du régime des exploitants agricoles, 630 000 cotisants n’ont été que de 2,7 Milliards d’euros (cotisations et CSG) de recettes, soit 16,6 % des charges. Plus de 80 % des ressources sont ainsi assurés par la solidarité interprofessionnelle, à travers la compensation démographique entre les régimes, et par la solidarité nationale, via l’affectation d’impôts et de taxes au FFIPSA. »
Oui, voilà un différentiel de plus de 13 milliards d’euros entre ce que les exploitants agricoles touchent au titre de la solidarité nationale et les cotisations qu’ils versent qui n’appelle aucun commentaire de nos médias pourtant si prompts à dénoncer les cheminots, gaziers et autres profiteurs étatiques. (En passant le déficit global de la Sécurité sociale est inférieur à ce montant) Ce déficit pourrait-il être réduit ? Si l’on en croit la Cour des comptes les agriculteurs ne sont pas les derniers à jouer avec la législation… quant aux contrôles ils sont inexistants ou bien légers. Alors amis agriculteurs, un conseil : quand vous croiserez un bénéficiaire de la CMU ou du RMI ne soyez pas envieux, arrêtez de maudire l’État vampire et louez plutôt la solidarité nationale !