Proportionnellement à ses revenus, le contribuable de Clichy-sous-bois paie six fois plus d’impôts locaux que celui de Neuilly-sur-Seine.
Amis de Neuilly et de Marnes-la-Coquette qui dénoncez la persécution fiscale, soyez rassurés. Les principaux impôts locaux sont parfaitement inégalitaires, les riches sont de retour. Nous avons en effet consulté les montants de taxe d’habitation, réservée aux locataires, et de taxe foncière, visant les propriétaires, dans deux communes des Hauts-de-Seine : Neuilly sur Seine, une bourgade cossue, et Clichy-sous-bois, une ville pauvre. Et nous avons comparé le pourcentage d’impôts locaux payés par rapport aux revenus disponibles des foyers fiscaux. Le résultat est sans appel : le malheureux habitant de Clichy est ponctionné proportionnellement à ses revenus huit fois plus que celui de Neuilly.
Neuilly-sur-Seine compte 33601 foyers fiscaux, avec un total déclaré de revenus de 2 348 810 226 euros, une moyenne de 69 903 par foyer. La ville de Nicolas Sarkozy compte paradoxalement de nombreux foyers non imposables, comme les employés de maison logés sous les toits. La moyenne des revenus des foyers imposables s’élève, elle, à 87436 euros. Or au titre des impôts locaux, l’habitant de Neuilly a payé en tout 18 331 272 euros, taxe d’habitation et taxe foncière confondues. Ce qui représente un prélèvement de 0,78% sur les revenus imposables des foyers fiscaux de cette charmante commune.
Passons, après les Hauts-de-Seine, en Seine Saint Denis et regardons à la loupe le cas de Clichy-sous-bois : 12 823 foyers fiscaux, une moyenne de 11 706 euros de revenus par foyer, soit six fois moins qu’à Neuilly. Or les habitants de cette commune ouvrière ont payé, eux, près de neuf millions d’euros d’impôts locaux, soit 6,30% de leurs revenus. Résumons : le prélèvement est huit fois plus important qu’à Neuilly-sur-Seine.
De ces inégalités, on ne parle guère. Pas plus que la campagne de Ségolène Royal n’a évoqué le sujet fiscal, la candidate socialiste ayant été tétanisée par les révélations sur les déclarations mensongères qu’elle avait faites sur son patrimoine.
Ce qu’il y a de bien avec Internet, c’est qu’on peut trouver les informations réputées confidentielles autrefois. La consultation du site du ministère du Budget, rubrique statistiques, permet à tout contribuable de voire à quel point la fiscalité locale est inégalitaire. Des infos en pagaille !
Lire l’enquête de Bakchich : « Impôts locaux : + 46% en 6 ans ».
Présentée ainsi, la situation peut choquer et donner envie de s’élever contre ce monde injuste. Mais j’ai l’impression qu’on présente toujours les infos de facon manichéenne (les gentils pauvres et les méchants riches) et bien entendu toujours en faveur du plus grand nombre de clients… oh pardon ! je voulais dire en faveur de la majorité, donc des moins aisés.
Les moins aisés payent plus d’impots locaux en pourcentage, leur salaire net est moins élevé dans l’absolu, etc. On ne donne jamais la vision de l’autre coté du miroir. Comme si c’était sale de gagner plus et que les riches ne payaient jamais suffisamment d’impots. Il n’y a pas que des héritiers lascifs parmi les contribuables imposables. Il y a des gens qui investissent leurs efforts et eventuellement s’endettent pour leurs etudes superieures en devant bosser le week-end, l’été, les autres vacances scolaires, puis une fois dans la vie active font des heures sup’ non payées parce que c’est comme ca quand on est cadre.
On ne parle jamais non plus d’une classe moyenne qui a été décimée parce qu’oubliée. Les memes dépenses que les pauvres, presque les memes revenus puisque la difference passe dans les impots, mais aucune aide. Du coup ils sont presque tous devenus soit riches soit pauvres mais l’entre-deux a fondu comme neige au soleil.
Bakchich a l’habitude de dire des vérités qui ne font pas plaisir a tout le monde. Pourriez-vous de temps en temps présenter l’information objectivement sans toujours prendre le parti des pauvres contre les riches ?
Désolé, mais ce n’est pas le cas pour l’impôt sur le revenu !
Enfin… pas encore, car les taux les plus hauts ont baissé pas mal avant de baisser encore. Les classes moyennes ? Mais Bakchich n’en a pas parlé ! C’est vous ! Il n’y a de moins en moins la possibilité de distinguer les classes moyennes des classes pauvres, on est bien d’accord : de plus en plus de riches et de plus en plus de pauvres mais avec une disproportion comme il y avait bien des décennies plus tôt.
L’analyse simple des comptes de la Nation montre clairement cette constation : En 20 ans, près de 11% du PIB est passé des revenus salariés à ceux du capital (rentes…). Soit, en 2008, près de 200 milliards. Une paille non ?!
Que ça plaise ou non, les faits sont là, par les chiffres et par le constat, le ressenti au quotidien pour maints français.
La seule question qui demeure : pour combien de temps encore ?
R.L.