Entre le poulet faussement biologique et le poulet vraiment poivré, difficile de choisir. Le livre « Vive la malbouffe ! » dénonce les hors-la-loi de l’alimentaire.
Un panier dans chaque main, Martine et Robert se promènent, comme chaque samedi matin, dans les couloirs de leur supermarché. Une bouteille de pinard en gélule, un sac de cacahuètes prêts à bousiller leurs brins d’ADN, un kilo de porc farci au Clenbutérol (« l’anabolisant favori des body-builders »). Que choisir ? Un poisson canadien aromatisé au mercure, une demi douzaine d’huîtres mutantes, un poulet faussement AB… ou poivré ? Martine hésite, interroge Robert, et tranche finalement en faveur du poivré. Emballé, c’est pesé. C’est un samedi ordinaire, dans la vie de Martine et Robert, simples consommateurs français. Seulement, à force de samedi ordinaires, comme tout acheteur des supermarchés, Robert risque un diabète et Martine un sale cancer. Ou l’inverse, au petit bonheur la malchance.
Et à force de passe-droit et de hors-la-loi, ce que nous, consommateurs, forcément consommateurs, de bouffe et de boissons, pensons de qualité, pollue nos corps à petit feu. Dans dix, quinze, vingt ou trente ans, un simple malaise, un poil d’hypertension, ou un sale cancer (25 % des cancers seraient liés à l’alimentation) saura nous rappeler aux malversations alimentaires dont nous sommes victimes.
Dans un livre fraîchement paru aux éditions Hoëbeke, Vive la Malbouffe !, Christophe Labbé, Olivia Recasens, journalistes au Point et Jean-Luc Porquet, journaliste au Canard Enchaîné, décryptent et dénoncent la malbouffe dans des articles gourmands qui ne donnent pas vraiment envie de manger. Accompagnent les textes de magnifiques dessins de Wozniak, dessinateur au Canard Enchaîné.
Question, Martine a-t-elle bien fait de choisir le poulet poivré plutôt que le poulet bio ? Pour s’en faire une idée, rendez-vous aux pages 72 et 74 du livre. En attendant, en voici quelques minces extraits.
Premier choix, le poulet bio :
« Prenez une cuisse de poulet ou un oeuf tamponnés AB, c’est-à-dire certifiés agriculture biologique. Le gallinacé profite à peu près des mêmes conditions de vie qu’un Label Rouge, mais la différence est dans la mangeoire. En théorie, une volaille bio doit manger bio. Mais il existe des aménagements…
Un poulet AB a quand même le droit d’avaler « 10 % » de maïs, de tourteaux de soja ou de tournesol cultivés dans la Beauce, à coups d’engrais chimiques et de pesticides. Un bémol qui ne figurera évidemment pas sur l’étiquette du poulet ou de la boîte d’oeufs vendus sous label AB.
L’autre différence entre le poulet industriel et le poulet bio, c’est le contenu de l’armoire à pharmacie. Pas question d’y fourrer des antibiotiques ou d’autres molécules chimiques. Mais là aussi, la règle souffre d’exceptions (…). »
(La suite de l’histoire pages 72 et 73)
Deuxième choix, le poulet poivré :
« On connaît les salmonelles, ces bactéries qui pullulent dans les élevages de volailles et provoquent chaque année en France plus de 2000 gastro-entérites. Pour se débarrasser de ces insistantes bestioles, les éleveurs ont pris l’habitude de gaver leurs poulets d’antibiotiques. Mais voilà que des chercheurs de l’Institut polytechniques de l’université de Virginie ont trouvé une alternative aux antibiotiques : le poivre ! L’étude, menée pendant 42 jours sur 1530 poussins, a montré qu’une alimentation enrichie au poivre leur permettait de développer une résistance à la salmonelle. Et en plus, ça donne un goût original au poulet industriel… » (p. 74)
Y a vraiment pas à dire, on comprend Martine, entre les deux, nos coeurs balancent…
Les personnages de Martine et Robert sont issus de l’imagination de Bakchich.
« Vive la Malbouffe ! », de Christophe Labbé, Olivia Recasens, Jean-Luc Porquet et Wozniak, éditions Hoëbeke.