Quand sa "douce mère", la France, oublie ses états de service en son nom et se propose de le virer, le jeune réalisateur Waël Nourredine l’a mauvaise…
Waël vit à Paris depuis 2002, date de son entrée légale sur le territoire français. Depuis le 14 mars dernier, le jeune cinéaste libanais n’a plus de papiers. Convoqué à la préfecture pour renouveler son titre de séjour, il s’est vu notifier un avis d’expulsion et a un mois pour quitter la France. « Le refus de renouvellement a été rédigé avant que je ne présente les justificatifs réclamés. Je ne sais pas sur quels critères. On ne m’a donné aucune explication. On m’a donné une brochure détaillant les aides au retour ; 1000 euros et 40 kilos de bagages. »
Cinéaste talentueux, Waël a reçu une mention spéciale du Jury au Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand en 2006 pour son film Ça sera beau où il concourrait en catégorie…nationale. À Locarno, aux États-Unis ou en Corée du Sud, ses films ne portaient pas la mention « Liban » mais « France » ! Sans aucune forfanterie, il détaille ses contrats avec des boîtes français qui courent « jusqu’en 2011 », ses « trois tournages prévus », sa « participation à la promotion du cinéma français. » Une carte de réalisateur au CNC (Centre National de la Cinématographie), une rétrospective au festival Paris Cinéma en juillet, des projets de tournages : « Ça a basculé en dix minutes, je suis désormais quasi sans papiers. » Et sans papiers, impossible de voyager. Prévu au Yémen en avril, le tournage de son prochain film est de fait repoussé. Il y était question d’islam, de laïcité et de lutte contre le fanatisme. Très éprouvé, le réalisateur ne comprend pas. « Je suis contre l’immigration choisie. Mais là, je me pose la question : quels sont leurs critères ? Je travaille pour la France, je suis intégré. Ma fiancée, mes amis sont là ». Waël reconnaît qu’il a la chance d’être soutenu par des cinéastes, des amis. Ce qui l’amène à la colère : « et comment font-ils, ceux qui n’ont personne ? ».
Si le recours devant le tribunal administratif ne marche pas, il sera contraint de partir : « J’aime la France mais ça voudra dire qu’elle ne m’aime pas, notre douce mère. On l’appelle ainsi au Liban ». Et maintenant l’attente. Incapable de travailler, Waël s’épuise à trouver une réponse. Parle des chiffres, des quotas. Une évidence. Il y a sans doute autre chose : « un moyen de décourager les candidats au départ ? Que je rentre au Liban, que je raconte mon histoire ? Ou alors une erreur ? Je ne crois pas, c’est sérieux une préfecture, bien organisée. Ce serait grave une telle erreur… »
PREFECTURE et le terminus du tentacule de la pieuvre Elyséenne. Qui dit pieuvre dit encre Qui dit encre dit claire Qui dit claire dit préfecture Qui dit préfecture dit Elysée
Comprenne qui pourra dit le serpent qui sur ce, commença à se bouffer par la queue.
Jean-Luc LUMEN