Dans l’excellent livre que vient de commettre l’incorrigible Jean Montaldo, Chirac et les quarante menteurs (Albin Michel), une révélation sur le scandale Pétrole contre Nourriture est restée, pour l’instant, ignorée de nos confrères. On sait que le milliardaire corrézien et ami de Jacques Chirac, Patrick Maugein, a beaucoup fréquenté l’Irak, qu’il y entretenait d’excellentes relations avec Tarek Aziz, le numéro deux du régime baassiste et qu’enfin son nom figure sur la liste livrée par la société de pétrole irakien, la Somo, comme un des attributaires du pétrole détourné à l’époque. Ce que évidemment Maugein nie comme un forcené. Comme il nie avoir bénéficié d’un traitement favorisé de Sassou, un autre pote de Chirac, qui lui attribue en 2005 un permis pétrolier juteux au moment où "le Grand" Jacques annule à Paris une grande partie de la dette congolaise, soit tout de même pour 700 millions de dollars. Bon, passons !
Pour son malheur, Maugein est largement cité dans l’important rapport de la CIA en octobre 2004 comme attributaire du pétrole irakien détourné. Il faut dire que les services américains ne sont pas les plus mals informés qui, lors de la prise de Bagdad, envoyaient quelques commandos s’emparer au ministère du Pétrole et au siège de la société pétrolière des archives du régime de Saddam. Or notre Maugein, in fine, n’apparaît plus qu’en filigrane dans le rapport de l’ONU de Paul Volcker. « Une étrangeté…qui aiguise la curiosité », note cet indiscret de Montaldo. Lequel va livrer une information qui aurait du faire la une de toute la presse . « Dès lors, note Montaldo, j’en apprends de bien bonnes. Malgré ses états de service et sa réputation planétaire, le rapporteur en chef de l’ONU siège au conseil consultatif de Power Corporation of Canada, compagnie du milliardaire Paul Desmarais, premier actionnaire et administrateur au moment des faits du pétrolier Total. Or ce géant français fut le plus important acheteur d’or noir du programme "Pétrole contre nourriture", dans des conditions apparemment irrégulières, à en croire l’instruction menée actuellement sur ces sujets par le très redouté juge Philippe Courroye. Lequel n’a pas hésité à se rendre deux fois en Irak, malgré l’inconfort de l’équipement hôtelier local, pour recevoir des témoignages parfaitement explicites, qui figurent d’ailleurs dans son dossier. » Le dernier Montaldo vaut le détour. A lire cul sec comme on déguste une vodka.