Un coup de tonnerre : Dieudonné se retire de la campagne présidentielle

La mine déconfite, pas très à l’aise, Dieudonné est d’abord agressé par les lumières barquées sur lui. « La vache, même sur scène, j’ai jamais ça », se lamente-t-il, avant de s’assoir à côté de son ex-directeur de campagne, le sympathique ancien sympathisant frontiste Marc Robert. C’est néanmoins sur scène – un grand bonhomme a d’ailleurs demandé aux journalistes de couper leurs portables –, celle de son théâtre de la Main d’or, qu’il annonce tristement le retrait de sa candidature.

La « recherche des 500 signatures, et du budget pour les 500 signatures », malgré les valeureux efforts de Marc Robert, a échoué. « Dans cette démocratie, les règles sont difficiles », alors, « je vais recentrer mon énergie sur la scène. Je serais plus efficace sur scène » marmonne Dieudonné. L’humoriste glose sur sa « diabolisation » ou sur le silence des médias, notamment au sujet de son voyage au Liban.

Un voyage dont avait parlé Bakchich, sans mentionner encore qu’il avait été organisé par Frédéric Chatillon. Charmant ex-gudard [1] (mais à part ça, Marc Robert nie tout contact avec le GUD…) et compagnon de beuveries de Marine Le Pen – c’est d’ailleurs lors d’une soirée d’anniversaire de Chatillon, en février 2003, que la douce Marine s’était enguirlandée avec la flicaille – Châtillon est passé par les réseaux du général syrien Tlass, longtemps tout puissant ministre de la Défense, pour organiser la ballade libanaise.

Interrogé sur ces amitiés douteuses, Dieudonné élude – « Ces gens-là ne m’ont jamais parlé de nazisme » – et de toute façon, il aime parler avec les « diabolisés ». Et surtout partir en vacances avec eux… L’humoriste tente alors une ou deux vannes recyclées sur le sujet – « Je suis la branche humoristique d’Al-Quaida » –, mais sans conviction.

Néanmoins, « Entre les deux tours, je me réserve d’intervenir, et j’y apporterai ma contribution » promet-il, avec l’enthousiasme d’une huître. « Je sais que ma parole aura un poids, avec mes 8-10% [selon ses sondages personnels ndlr], on aura un rôle à jouer » […] Persuadé qu’au deuxième tour, « il y aura un candidat du système et un candidat hors système », Dieudonné veut leur poser dix questions et donner son glorieux soutien en fonction des réponses. De là à penser qu’il soutiendra le candidat « hors système », c’est à dire, forcément, Jean-Marie Le Pen, ce serait un peu exagéré. Même si Marc Robert avait bien expliqué à Bakchich la pertinence d’une alliance des « anti-système » contre les autres…

Marc Robert justement, est plus en forme. Il égrenne voluptueusement sa rhétorique. « Le système est bien fait : ceux qui ont les moyens d’être candidats sont ceux qui ont les moyens financiers. Le système préfère vivre avec des candidats non représentatifs qu’avec des candidats subversifs » et ta ta ti et ta ta ta. Mais le système Dieudonné peut-il continuer à vivre avec des aides de camps aussi ineptes ?

Apparemment oui : s’il ne peut être le directeur d’une campagne qui n’existe plus, l’ami Robert reste dans le course. « Je vais bosser pour sa com’, pour le DVD ». Ouf.