Notre grand président nous éclaire : les journalistes ne comprennent décidément rien à la liberté de la presse.
Ceux qui plaident pour l’indépendance de la presse au motif que cette liberté là est essentielle au bon fonctionnement de la démocratie ne comprennent rien à rien. On peut même dire que ce sont de dangereux criminels. Telle est en substance l’opinion de Super Sarko. Lors de sa grande conférence de presse de rentrée, l’ami des grands patrons de médias (Martin Bouygues, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère, Serge Dassault, etc. liste non exhaustive) s’est moqué des « grandes déclarations un peu ridicules » qui ont accueilli le rachat des Echos par son ami Arnault. « Que des gens qui ont des moyens investissent dans un journal, c’est une très bonne nouvelle », a dit l’amateur de montres de luxe. « On ne peut pas dire que la presse est une industrie et refuser d’avoir des actionnaires pour financer cette industrie ». Bien envoyé !
Quel mal y-a-t-il à posséder le premier quotidien économique du pays tout en étant présent dans des activités aussi marginales que le luxe (Louis Vuitton, Dior notamment), les vins et champagne (Moet-Hennessy, Dom Pérignon), la grande distribution (un gros morceau de Carrefour) sans compter des investissements dans divers autres secteurs via sa holding personnelle Groupe Arnault ? L’homme le plus riche de France est le meilleur garant de la liberté de la presse. Il l’a suffisamment prouvé quand il possédait La Tribune, un autre quotidien qu’il vient du reste de fourguer avec un gros chèque (40 millions d’euros) à Alain Weill, le patron de RMC et de BFM. Mais il n’est pas besoin d’être milliardaire pour s’imposer dans la presse. Être ami de Super Sarko suffit.
Prenons le cas d’Alain Minc, le consultant multi-cartes qui détient le titre de champion de France et peut-être même d’Europe des OPA ratées. Avec son ami Jean-Marie Colombani, il a voulu transformer Le Monde en un grand groupe en multipliant les rachats. Conséquence : des pertes abyssales et une dette colossale. Après le départ forcé de JMC, Minc doit abandonner ses fonctions de président du conseil de surveillance en mars mais cette décision lui coûte. Est-ce, comme l’affirment ses (nombreux) ennemis, parce qu’il risque de perdre des contrats en n’ayant plus cette fonction prestigieuse ? C’est bas.
L’Alain n’a pas de petites ambitions. Avant de tirer sa révérence, il veut se payer la Société des rédacteurs du Monde (SRM), premier actionnaire du quotidien, qui a osé contester le pouvoir qu’il s’était octroyé. Dans les couloirs du Monde, on le soupçonne d’avoir manipulé le directoire pour le faire démissionner afin de pouvoir nommer un administrateur judiciaire chargé de vendre l’entreprise à… Lagardère. Le groupe du « frère » de Super Sarko et l’espagnol Prisa, qui possède El Pais, étaient prêts à mettre chacun 40 millions d’euros pour prendre le contrôle du journal. Eric Fottorino, directeur du quotidien, a compris un peu tard la manip et s’est déclaré candidat à la présidence du directoire mais l’Alain veillait et a réussi à convaincre les actionnaires extérieurs de bloquer cette initiative. Si aucune solution n’émerge le 25 janvier, un administrateur judiciaire sera bel et bien nommé. En dépit de sa petite taille, Minc est un vrai gaulliste : après lui, ce sera le chaos. Pour le profit de qui ? Devinez. Notre virevoltant président a bien raison de dire que les journalistes n’ont rien compris à la presse indépendante. Ses amis sont là pour montrer la voie.
L’Alain n’a pas de petites ambitions. Avant de tirer sa révérence, il veut se payer la Société des rédacteurs du Monde (SRM), premier actionnaire du quotidien, qui a osé contester le pouvoir qu’il s’était octroyé. Dans les couloirs du Monde, on le soupçonne d’avoir manipulé le directoire pour le faire démissionner afin de pouvoir nommer un administrateur judiciaire chargé de vendre l’entreprise à… Lagardère. Le groupe du « frère » de Super Sarko et l’espagnol Prisa, qui possède El Pais, étaient prêts à mettre chacun 40 millions d’euros pour prendre le contrôle du journal.
C’est incroyable de pouvoir agir aussi égoistement, sans penser à ce journal historique , si ce journal passe entre les mains de Lagardère Le Monde n’aura plus de crédibilité