La musique adoucit les moeurs, surtout quand on danse les poches pleines. Sympathique exemple avec la sixième édition du FESPAM – festival panafricain de musique –, un beau naufrage musical au Royaume de Sassou
Vitrine culturelle de la boutique Congo mal achalandée en la matière, le festival panafricain de musique, alias le FESPAM en langage acronymique, s’est déroulé du 8 au 15 juillet dans le Royaume de Sassou en pleine ébullition électorale. Pour cette sixième édition d’un festival qui peine à s’imposer comme un rendez-vous mondial, des bêtes de scène de la rumba congolaise et des talents d’Afrique et d’ailleurs ont été conviés à faire groover toute la semaine les popotins dans l’arène du stade Eboué de Brazzaville, entre autre, et à Pointe-noire, la capitale des dessous de table pétroliers. Miriam Makéba, Booba, Princess Lover, JB Mpiana ou encore Fally Upupa, comme l’ a annoncé la liste officielle publiée dix jours seulement avant le coup d’envoi.
Pour fêter sa première décennie d’existence, l’évènement économico-culturel crée en 1996 par l’Organisation de l’Union Africaine (ex-UA), rend hommage aux « musiques d’émancipation et mouvements de libération en Afrique et dans la diaspora » avec une pensée particulière à Nelson Mandimba Mandela qui n’a pu faire le déplacement pour des raisons médicales. Le comble de la duplicité persifle-t-on en coulisse des festivités et dans les couloirs des rédactions africaines. Un certain flou peu artistique flotte autour de l’évènement. Et ce n’est pas la première édition que ça arrive ! Le vénérable pharaon Sassou et ses sbires de la culture, coutumiers des soirées somptueuses, voient les choses en grand. Une tradition délétère s’est installée dans les loges qui se traduit par une gabégie mirobolante. En 2005, lors de la cinquième édition, le FESPAM a rassemblé environ 2000 invités et a consacré un budget estimé à 6,5 milliards de francs CFA (10 millions d’euros), incluant les multiples rallonges accordées au budget initial de 2,5 milliards de Francs CFA (4 millions d’euros), voté par la loi des finances. Selon le bon vieil adage, « la musique adoucit les mœurs »… Exception faite pour le ministre de la Culture, Jean Claude Ngakosso. « Au voleur, au voleur ! », vilipendait la foule, lasse de ne voir que des mirages des sommes extravagantes allouées à l’évènement.
Cette année, l’équipe s’est contentée de cracher 3 milliards de Francs CFA (environ 4,5 millions d’euros), a confirmé à Bakchich la directrice de la communication, Mme Opa Elion. Des broutilles face aux milliards de dollars de l’or noir mais une montagne comparée aux autres évènements similaires du continent qui consacrent en moyenne 800 millions de francs CFA (soit 1 million d’euros). Vu que l’Etat, donc le peuple, prend en charge 98% du financement, cela ne laisse pas indifférent la société civile congolaise. Les caisses trop pleines de deniers publics destinés à la facétie culturelle se volatilisent à une telle vitesse que cela frôle la performance. Toutefois, Miss Opa se veut rassurante. « La communication, les organisateurs, l’accueil des invités, les lumières, le matériel, les frais d’hébergement, l’achat de podiums… coûtent beaucoup d’argent », explique-t-elle doctement tout en refusant de communiquer les détails du budget.
Certes, mais ces frais sont communs à tout évènement de cette envergure. En matière de communication, le FESPAM s’est largement fait remarquer par sa médiocrité. Pas de site Internet pour l’édition 2007, pas de DVD des éditions précédentes ni d’images d’archive, une presse africaine négligée par les organisateurs et une promotion quasi-obsolète pour les jeunes artistes. Même les hoteliers de Brazzaville rechignent à loger les invités du FESPAM par méfiance et par expérience des impayés. Alors que les taxis ne connaissent à peine les dates de l’évènement…
C’est aussi cela la magie du Sassou land. Les pétrodollars disparaîssent plus vite que les projets n’apparaissent. La preuve avec ces dancefloors à plusieurs milliards de francs CFA… Certains se dandinent avec les poches lourdes.
En marge des festivités musicales, une sordide attraction a retenu l’attention des badauds. Invitée par le FESPAM, une vingtaine de pygmées de l’éthnie baka, originaires du nord du Sassou land, ont été logés par les nantis organisateurs dans …le zoo de Brazzaville. L’Observatoire congolais des droits de l’homme déplore l’organisation de ce cirque humain « sous le regard des curieux qui viennent les contempler et les filmer ». Pas d’hôtel ni d’agappe et encore moins de rétributions pour cette délégation réduite à dormir sous des tentes déliquescentes et sur des matelas posés à même le sol. Selon l’ONG, « Ils sont contraints de passer les journées au parc ». Chapeau bas pour l’éthique d’un festival placé sous l’auspice de l’émancipation… Sans commentaire.
Quelle honte pour nous congolais de Brazzaville, se permettre de tels actes de discriminations confortent ceux la position d’autres racistes qui ont fait à l’encontre des noirs. C’est une indignation, ne nous permettons pas de tels actes avant de juger les autres. A l’avenir soyons vigilant que ces actes ne soient plus perpétrés.
A bon entendeur !!!