Nicolas Sarkozy était à Alger, à la fois comme ministre de l’Intérieur et comme candidat aux présidentielles françaises. Avec « son ami » le président Bouteflika, il est resté plus de cinq heures. Ils ont même partagé le déjeuner. Notre président est très bavard et que Sarkozy sait ce qu’il attend.
Du traité d’amitié entre l’Algérie et la France, il n’a guère été question et les deux parties, comme dirait El Moudjahid, semblent d’accord pour oublier cette affaire qui, en vérité, n’a jamais passionné grand monde.
En grande pompe, Nicolas Sarkozy a fait semblant d’offrir aux Algériens le droit au visa : désormais les Algériens pourront obtenir un visa de la France sans avoir l’aval de tous les pays de l’espace Schengen, ce qui en soi était scandaleux.
Autant dire donc que Sarko nous a offert du vent. Et puis, comme dirait ma voisine, de qui se moque-t-on en voulant réduire les relations entre l’Algérie et la France à une histoire de visas ? J’en dirais autant de cette polémique stérile sur l’histoire qui empêcherait l’Algérie et la France, « deux grands pays » comme a aimé à le répéter Nicolas Sarkozy à Alger, de bâtir un avenir ensemble.
Enfin, bref, du sentiment dégoulinant nous en avons eu depuis « mon ami Bouteflika », jusqu’aux pauvres moines de Tibérine sur la tombe desquels Sarko a tenu à aller se recueillir « avec beaucoup d’émotion ».
En revanche, personne n’a parlé affaire, pourtant et selon mes sources, c’est bien de cela qu’il s’est agit. Nicolas Sarkozy, candidat aux élections présidentielles n’est pas venu draguer la « communauté d’origine algérienne », comme le croient les naïfs, mais il est venu dire aux grands groupes industriels, aux grosses banques françaises qu’il pouvait être l’homme qui allait faire reprendre pied à la France et donc à l’Europe en Algérie. Parce que la France tente de reprendre sa place structurelle en Algérie, qu’elle s’est laissée ravir par les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, par la Chine et autres pays d’Asie. Les Américains ont pris quasiment le contrôle des hydrocarbures depuis le transport, en passant par les infrastructures de base, les investissements dans les champs pétroliers etc. À Hassi-Messaoud et Hassi R’mel, on ne jure plus que par Halliburton…
Mais la France se défend, elle investit dans la formation, la culture, et forme actuellement les futures élites algériennes dans des écoles spécialisées commerce et affaires. Demain cette main d’œuvre d’élite pourra servir aux mieux les intérêts français, comme elle investit notre quotidien avec la gestion de l’eau. 120 millions d’euros, c’est ce qu’a perçu la compagnie Suez juste pour nous envoyer une dizaine d’experts dans la gestion de l’eau et de l’assainissement dans la région d’Alger, une compagnie qui oblige dans le même temps l’Algérie à investir 200 millions d’euros par an dans ce secteur et ce, pendant cinq ans. L’eau, la formation, le métro d’Alger que se partage l’Allemagne et la France… sans parler de la gestion de l’excédent algérien de change, de 75 à 80 milliards de dollars… Alors quand on me parle de sentiments entre Bouteflika et Sarkozy, moi je sors ma calculatrice.