La loufoque prime d’impatriation, accordée au club de foot du Mans à son défenseur brésilien Geder, a des chances d’hérisser quelque peu les fonctionnaires des impôts sarthois
Les efforts des sympathiques dirigeants du MUC72, pour prendre un avantage décisif dans la course à notre trophée du « Crampon d’Or de l’Inventivité Contractuelle » (COIC) à l’occasion du recrutement du défenseur brésilien Geder, « exfiltré » cet hiver dans des conditions burlesques, du Spartak Moscou, risquent d’être vains.
Afin d’attirer Geder dans la Sarthe, ils l’ont généreusement arrosé à coups de prime dite « d’impatriation », pour un montant d’un million cent dix mille euros. Un concept emprunté à d’autres : le monde de l’industrie, de l’ingénierie et des services marchands, dont ils ont fait un usage assez calamiteux dans le cas d’espèce.
Les rois de la rillette ont en effet considéré qu’ils pouvaient faire bénéficier leur recrue moscovite des dispositions de l’article 81B du Code Général des Impôts, une niche fiscale destinée à renforcer l’attractivité du territoire national au moyen d’un régime de faveur commenté dans une instruction du 31 décembre 2007 publiée au Bulletin officiel des impôts sous la référence 5F-17-07.
De quoi s’agit-il ? D’exonérer partiellement d’impôt sur le revenu les « impatriés » c’est-à-dire les salariés « appelés par une entreprise établie à l’étranger à occuper un emploi pendant une période limitée dans une entreprise établie en France ».
Cette exonération d’impôt sur le revenu porte sur « les suppléments de rémunération, en espèces ou en nature, directement liés à l’exercice temporaire de leur activité professionnelle en France » constitués pour leurs bénéficiaires, par la fameuse « prime d’impatriation ». Bien entendu, les grosses têtes de Bercy ont consenti chichement au bénéfice de cette petite douceur : si l’hexagone était un paradis fiscal pour les personnes physiques, ça se saurait.
L’exonération de la prime versée à « l’impatrié » est donc subordonnée à plusieurs conditions : D’abord qu’il ait été non-résident français pendant les 5 années précédentes. Ensuite, que le montant de la prime ait été fixé préalablement à sa prise de fonction en France, et apparaisse distinctement sur son contrat de travail. Enfin et surtout, à condition que la rémunération de l’impatrié qui demeure soumise à l’impôt sur le revenu, soit au moins égale « à celle perçue au titre de fonctions analogues dans la même entreprise ou, à défaut, dans des entreprises similaires établies en France ».
Toute la question consiste donc à déterminer si l’ami Geder satisfait à toutes ces exigences. S’agissant d’un footeux, la définition fiscale de l’impatrié laisse déjà un brin dubitatif. Passe encore son prêt. Mais son transfert, c’est-à-dire la cession par un club à un autre, ressemble assez peu à l’idée qu’on peut se faire de l’expatriation. Mieux, on a un peu de mal à admettre que le Spartak ait pu « appeler » Geder à se surpasser au Mans…
Une fois le prix convenu et les garanties présentées, les Russes se sont souciés de leur défenseur brésilien comme d’une guigne. Il ne leur est d’ailleurs pas venu à l’idée de le sermonner à l’occasion du remarquable but contre son camp à la 62ème minute, lors de la rencontre opposant son équipe à celle de Toulouse le 22 mars.
Quant à savoir si sa prime d’impatriation a été déterminée préalablement à sa prise de fonction, il n’y a, sur ce point, pas l’ombre d’un doute. À plus forte raison si l’on garde en mémoire la « mise en bouche » de 1 100 000 Euros qui lui a été garantie sur son prix de vente alors qu’il était encore moscovite et n’avait pas la moindre idée de l’endroit où se trouvait Le Mans sur la mappemonde.
Subsiste évidemment le sujet qui ne manquera pas de fâcher le Centre des Impôts du Mans : l’idée selon laquelle, après avoir palpé une plantureuse prime d’impatriation partiellement occulte, un salaire mensuel de 25 000 euros bruts pour un gaillard d’une trentaine d’année aussi expérimenté que Geder, est « au moins égal » à ce qu’on donne habituellement aux joueurs chargés des mêmes besognes au MUC72 ou « à défaut, dans des entreprises similaires établies en France ».
Au cas où les ténors manceaux du Trésor Public viendraient à avoir de mauvaises pensées, on pourrait leur suggérer de recueillir l’avis du lyonnais Cris sur cette question, qui certes exerce la même activité mais pour un salaire dix fois supérieur…Pas sûr que le viril compatriote de Geder réussisse à garder son sérieux.
Lire ou relire dans Bakchich :
Bref, y a-t-il ou non magouille ? Peut-etre n’ai-je pas tout compris a l’évolution de la situation depuis la parution du premier article -qui n’est pas clair avouez le- à ce sujet, mais il semble bien que la "manipulation" est apparue comme frauduleuse seulement parce que vos rédacteurs n’étaient pas au fait de cette nouvelle loi permettant ce type de contrat, non ?
Quant à vos insinuations relatives au Trésor : est ce que vous prouvez que le MUC72 ne paie pas ses charges salariales de Geder ?
Les clubs professionels étant très encadrés par la DNCG et les "salariés" des clubs de football etant très facilement connus du grand public et donc des autorités compétentes ne serait-ce qu’en consultant sur les sites officiels les effectifs, j’ai du mal à croire qu’il soit aussi aisé de flouer le Tresor.
Bref à la fin de l’article, votre seul angle d’attaque est relatif a la loi : "…au moins égal » à ce qu’on donne habituellement aux joueurs chargés des mêmes besognes au MUC72 ou « à défaut, dans des entreprises similaires établies en France » vous faites la comparaison avec Cris, un des meilleurs joueurs de France faisant certainement partie des mieux payés à ce poste…Un peu faible comme argumentation. De plus, vous faites une comparaison entre joueurs de 2 équipes différentes alors que l’article réfère à des entreprises similaires…
J’ajouterai simplement que je ne vois pas trop ce qu’il y a de condamnable, et que l’on peut contourner une loi surtout si elle le permet.
ciao
Bon, j’ai vraiment pas compris grand chose à l’article. Faudrait peut-être être plus rigoureux dans la rédaction pour celui là.
Du point de vu perso, étant du Mans et n’aimant pas particulièrement le foot ça me fait un peu chier que les impôts de mes parents servent à ça. Y’a pas mal à faire par ailleurs au Mans avant de s’intéresser au Muc72 qui était très bien en ligue 2.