Devant un soutien de la France qu’ils trouvent trop mitigé, les président tchadien et centrafricain, angoissés par les rebellions qui les menacent, regardent vers l’est
Grand pacificateur devant l’éternel, le guide Libyen Mouhammar Kadhafi a réuni mardi dernier un petit conclave présidentiel. Présent à Tripoli, Omar El Béchir du Soudan, Hosni Moubarak d’Egypte, François Bozizé de Centrafrique et Idriss Déby du Tchad. Au menu, le conflit du Darfour, qui a tendance à déstabiliser Soudan, Tchad et Centrafrique. Tout ce monde armant les rebellions de l’adversaire. Mais si Béchir craint peu d’être détrôné, ses collègues tchadiens et centrafricains se révèlent un peu plus couards. Malgré le soutien pas même masqué de la France, qui a envoyé Commandos opération spéciales (Cos), détachements spécialisés d’assistance technique ou d’intervention opérationnelle (Dami et Daso dans le jargon) et quelques bidasses à Bangui et à Ndjaména, Déby-de-Boisson et Bozizi craignent pour leur trône.
Le président centrafricain craint notamment un mauvais coup de son « barbu » à lui, l’ancien président déchu, Ange-Félix Patassé. Réfugié à Lomé au Togo, véritable nid de barbouze, « Patte-cassées » y rencontre beaucoup de monde. Officiers centrafricains exilés, Lionel Gane Béfio (un temps proche de l’ancien gendarme de l’Elysée Paul Barril), l’ancien ministre de la défense Jean-Paul Demafouth ou encore Ricardo Ghiazza, le « transporteur » du célèbre Robert Montoya. Bref l’équipée rêvée pour une « initiative »privée, glissent les services français. Et si l’appui des troupes françaises devrait permettre de reprendre les villes du nord-est, aux mains de la rebellion centrafricaine, la situation à l’Est de Bangui, à la frontière congolaise, est un brin plus préoccupante. Jean-Pierre Bemba, candidat malheureux et vexée de la présidentielle de la RDC, pourrait y créer un –autre- foyer d’instabilité. Pas de quoi rassurer Bozizé, malgré le dorlotage du général Pérez, dépêché sur place par Paris. Idriss Déby, depuis Ndjaména, tremble tout autant. Aux prises depuis des mois avec de multiples rebellions, « tonton » a beaucoup cogité. Et vues les réticences françaises quant à la mise sur pied d’une aide privée battant pavillon tricolore, le président tchadien s’est résolu à aller chercher son bonheur à l’est. Une vingtaine de petites barbouzes ukrainiennes ont découvert, ces derniers jours, le sain climat de l’Afrique centrale. Au grand dam des mercenaires français pourtant habitués du coin. Les traditions se perdent.