Le ministre des finances du Québec dérobe le pécule des uns pour regarnir la besace des autres. Autopsie d’un budget qui menace les classes populaires.
Le 30 mars dernier, le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, livrait un discours sur le budget qui aura provoqué un tollé que l’on n’avait jamais vu … de mémoire de journaliste. En effet, À l’instar de Robin des bois, le ministre des finances du Québec dérobe le pécule des uns pour regarnir la besace des autres. Ici, c’est le service de la dette qui s’affuble du rôle de la veuve et de l’orphelin. Les classes populaires, il fallait s’y attendre, passeront à la caisse. On achève bien les chevaux.
L’inflation aidant, le service de la dette se gonflant, l’actuel gouvernement québécois peine à maintenir son assiette de services à la population. C’est ainsi que le secteur de la santé devra subir une ponction qui remet en question jusqu’aux sacro-saints canons de la gratuité et de l’universalité.
Service de la dette obligeant, nos vaillants argentiers ont donc décidé de tailler dans le vif. S’inspirant de recettes ayant manifestement échouées en Grande-Bretagne, le ministre Bachand vient de franchir le Rubicon de ce qui constituait un véritable pacte social au Québec. Une décision qui a accéléré la chute dans les sondages du gouvernement.
Une prime de base sera donc exigée de la part des usagers chaque année, pour atteindre les 200 dollars CAN en 2012. En sus, une franchise de 25 dollars CAN sera exigée à chaque visite, une contribution qui pourrait « être modulée selon les tranches de revenus ».
Le titulaire du poste de Ministre des finances au sein du gouvernement Charest cumule une carrière bien remplie. L’ancien PDG du Fonds de solidarité des travailleurs du Québec [un fond de placements géré par une importante centrale syndicale, la FTQ], a remporté sa première victoire politique le 15 décembre 2005, remportant une élection partielle dans la circonscription d’Outremont [un quartier bourgeois au cœur de Montréal]. Depuis, il s’est vu confié d’importants portefeuilles ministériels, comme celui du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, entre autres. On lui reconnaît une célérité certaine pour faire avancer les dossiers à incidences économiques ou pour faire débloquer certains contentieux.
C’est dans le sillage de l’élection générale du 14 avril 2003 que l’équipe du Parti libéral du Québec (PLQ) prenait les rênes de la Province francophone. Son chef, Jean Charest, est reconnu pour ses positions conservatrices et son attachement aux dogmes néolibéraux. L’actuel Premier ministre du Québec se voyait reconduit dans ses fonctions une troisième fois dans le cadre de la dernière élection controversé de 2008. En effet, à peine 57,3 % des Québécois se sont déplacés pour aller voter le 8 décembre 2008. Du jamais vu depuis les élections de … 1927 ! Dans les faits, le PLQ recueillait 42,05 % des votes, ce qui amène les observateurs avisés à douter de la représentativité d’un gouvernement qui aura reçu la sanction d’un faible 23,8 % de l’électorat. Une représentativité à peu près équivalente à celle du Président Bush lors de sa réélection.
Ce « nouveau remède de cheval » économique risque fort de décourager une portion appréciable de la population vieillissante, alors que plusieurs négligeront de se faire suivre par le corps médical.
Nous avons profité de la conjoncture pour nous entretenir avec le seul député de la gauche québécoise à avoir foulé le sol de l’Assemblée nationale depuis des lustres. Amir Khadir, ressortissant d’origine iranienne, est un médecin qui a fait le pari courageux de se pencher sur les causes de cette épidémie politique qui menace les acquis socioéconomiques du Québec.
Le porte-parole de la formation Québec Solidaire se retrouve sur la ligne de front des opposants à ce nouveau budget « digne de l’ère Thatcher ». Le principal intéressé n’en revient tout simplement pas que « le gouvernement Charest puise à pleine main dans un livre de recettes néolibérales qui n’ont même plus la cote chez nos puissants voisins du sud ».
Politicien progressiste au parcours professionnel impressionnant. Après avoir obtenu une maîtrise en physique, en 1985, il décide de se réorienter du côté de la médecine et poursuit ses études supérieures jusqu’en 1990. Il se spécialise en microbiologie-infectiologie par la suite. Outre son implication dans divers projets dédiés à la santé pour les plus démunis [déplacements au Nicaragua, au Zimbabwe ou en Inde], il s’implique très tôt en politique. C’est en 2000 qu’il fera son véritable saut en politique, menant une chaude lutte au ministre du gouvernement fédéral Martin Cauchon dans la circonscription d’Outremont. Et, à l’automne 2005, il signe avec Françoise David le désormais célèbre Manifeste pour un Québec solidaire, sorte de réquisitoire qui s’opposait aux idées néolibérales mises de l’avant par les signataires du Manifeste pour un Québec lucide. Il sera, finalement, élu député dans le compté de Mercier, lors des dernières élections provinciales de décembre 2008. Québec Solidaire
C’est au nom de cette formation alternative qu’Amir Khadir deviendra un des rares députés de gauche à fouler le sol de l’Assemblée nationale du Québec. Québec solidaire voyait le jour le 4 février 2006 et consacrait la fusion de l’Union des forces progressistes et d’Option citoyenne, respectivement un parti politique et un mouvement politique. En fait, cette mouvance représentait une sorte de plateforme politique destinée à réunir l’ensemble des forces progressistes québécoises. Il serait utile de mentionner que les partis de gauche n’ont jamais eu le vent dans les voiles au Canada et au Québec. Hormis les socio-démocrates du NPD [présent sur la scène des élections fédérales], Québec solidaire représente donc une des rares formations de ce type.
L’Union des consommateurs sonne le tocsin, arguant que la présente administration semble abandonner toute notion d’équité en ce qui concerne le régime fiscal québécois. Les principaux intéressés dénonçant le fait que le ministre Bachand n’ait pas fait sienne l’idée de « moduler les taxes selon la nature des biens achetés, à l’instar de plusieurs pays européens, un système qui favorise une taxation accrue des biens de luxe ou de ceux qui sont nuisibles à l’environnement ».
En outre, une hausse importante des tarifs d’électricité touchera ce qu’il est convenu de nommer le bloc patrimonial chez nous. Cette fois-ci, c’est en 2014 que la pilule passera ou … ne passera pas ! En effet, à l’instar de la nouvelle taxe santé, il s’agit d’une autre prescription qui touchera tous les ménages, sans que ne soit modulée son application. Pendant ce temps, les grandes industries énergivores, à l’instar des alumineries, seront épargnées par un législateur plutôt clément envers les forces du marché.
Comble de l’iniquité, les corporations ne casqueront que pour environ 3,8 G de dollars CAN sur un budget québécois qui fera dans les 66,1 G de dollars CAN. Un blogueur faisait remarquer que les sociétés d’État rapporteront, à elles seules, une cagnotte de 4,4 G de dollars CAN … plus que les 230,000 entreprises québécoises ensemble !
Cette fois-ci, il n’y a pas d’erreur sur la personne. Les classes laborieuses seront littéralement saignées pour sauver un service de la dette qui serait, aux dires de nos docteurs es-finances, à l’article de la mort. Outre une généreuse hausse anticipée des tarifs d’électricité, le simple quidam devra absorber une hausse de 4 cents le litre d’essence dans le cadre de la taxe sur les carburants qui passera de 15,2 à 19,2 cents le litre … une mesure qui sera amplifiée par l’augmentation de la TVQ (taxe de vente du Québec) qui atteindra le pourcentage de 9,5 % à compter du 1er janvier 2012.
La taxe de vente du Québec (TVQ - provinciale) se calcule à partir de la somme du prix de vente d’un bien additionné au pourcentage de taxe sur les produits et services (TPS - fédérale). C’est ce qui fait dire à certains analystes qu’il s’agit d’une taxe de vente « à effet multiplicateur ». Elle passera de 7,5 % à 9,5 % dès le 1er janvier 2012.
Et, il n’y a pas que les représentants de la société civile qui poussent les hauts cris. En effet, plusieurs chercheurs en économie s’interrogent sur le danger d’augmenter les taxes à la consommation –sans oublier les autres mesures de ponction envisagées au niveau des services publics – dans un contexte où les contribuables québécois sont parmi les plus lourdement taxés en Amérique.
La fragile reprise pourrait bien s’enrayer face à la diminution du pouvoir d’achat des contribuables. Sans prendre en compte la descente aux enfers d’une portion appréciable de la société face à des mesures qui semblent destinées à favoriser le grand capital. La fête des travailleurs, prévue pour le 1er mai prochain, risque d’être fort courue cette année.
Il s’agit du plus important groupe financier coopératif au Canada. Cette coopérative offre des services bancaires complets à près de 6 millions de membres et clients, principalement des citoyens du Québec. Le mouvement Desjardins, regroupant une multitude de caisses d’épargne, mais aussi toute une gamme de services financiers, gère un actif global de 157 milliards de dollars. Plus particulièrement actif dans le financement et l’accompagnement des entreprises en région, l’institution financière ressemble de plus en plus à une grande banque d’affaire. Ce qui fait dire à certains que ce pilier du mouvement coopératif québécois s’éloignerait de ses origines. Quoi qu’il en soit, le Mouvement Desjardins représente un des socles de cette autonomie financière dont les québécois ont rêvé tout au long du siècle dernier.
Si la Chine a connu sa Révolution culturelle durant les années 1960, le Québec aura connu une transformation radicale au même moment. Baptisée Révolution tranquille, cette période de l’histoire contemporaine du Québec correspond à la consolidation de cet « État-providence » contre lequel se sont battus les cohortes néolibérales par la suite. Avec plus d’un demi-siècle de retard sur la France, le Québec entreprenait de mettre en place une séparation de facto entre l’Église catholique et les appareils de l’État. La montée du nationalisme correspond aux mouvements de luttes néocoloniales qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale. Une époque de grande effervescence pour le Québec. Au même moment, des sociétés d’état sont créées assurant une mainmise du gouvernement sur plusieurs aspects du développement socioéconomique du Québec.
Un des pontes de la révolution néolibérale. Combattant le montée du socialisme en occident sur tous les fronts, il s’est employé à neutraliser une pensée keynésienne qui incitait les gouvernements à mettre de l’avant des « politiques de relance » afin de combattre les aléas du marché. Intervenant dans le combat des forces politiques américaines, il sera une force d’inspiration pour le gouvernement de Ronald Reagan. Il préconisa une « thérapie de choc » mise en application après le coup d’état du 11 septembre 1973 au Chili. Un de ses dogmes stipule qu’il faille limiter les activités de l’état, en réduisant les impôts au maximum.
Une étude menée par des économistes du Mouvement Desjardins [institution financière coopérative] indique que la dette du Québec correspondrait à 94 % de son produit intérieur brut (PIB). Un constat alarmant qui place le Québec en fâcheuse posture, pas très loin devant des pays comme le Japon, l’Italie ou la Grèce, lesquels suffoquent sous le poids de leur dette respective. Il appert que pour l’exercice 2009-2010, le service de la dette pourrait accaparer jusqu’à 10 % de tous les revenus budgétaires, soit 6,2 G dollars CAN. D’autres études font état d’un service de la dette encore plus gourmand, ce qui mettrait le Québec en situation de vulnérabilité face aux fluctuations des taux d’intérêt. La décote résultante expliquerait les taux d’intérêts supérieurs qui s’appliquent à cette boule de neige qui ne cesse de croître.
L’Union des consommateurs est un organisme à but non lucratif qui a pour mission de promouvoir et de défendre les droits des consommateurs, en prenant en compte de façon particulière les intérêts des ménages à revenu modeste. L’Union des consommateurs agit principalement sur la scène nationale, en représentant les intérêts des consommateurs auprès de diverses instances politiques, réglementaires et judiciaires, ainsi que sur la place publique.
Il s’agit de l’énergie réservée à des fins domestiques et à des tarifs préférentiels pour les québécois. Le bloc patrimonial garantit chaque année les 165 premiers terawattheures (TWh) destinés à Hydro-Québec Distribution à 2,79 cents/kWh, ce qui permet aux Québécois de payer l’électricité moins chère que le prix du marché. La division distribution ne s’approvisionne au prix du marché que pour répondre à la partie de la demande qui dépasse cette quantité. Le budget Bachand [2010-2011] vient chambarder ce dispositif qui oblige – via des décrets – la société d’état à garantir des approvisionnements d’électricité à faible tarif pour le plus grand nombre. C’est ainsi que les tarifs seront majorés à 3,79 cents le kilowatt heure à partir de 2014.
La cheffe du Parti Québecois possède à son actif près de trois décennies d’implication politique. C’est en 1981 qu’elle est élue pour la première fois, dans la circonscription de La Peltrie, dans la région de Québec. Elle se démarquera au sein de l’équipe du Premier ministre René Lévesque [homme politique et chef d’état qui défendra durant toute sa carrière l’idéal de la souveraineté du Québec] dans le cadre du deuxième mandat du Parti Québécois. Elle est admise au conseil des ministres en qualité de responsable de la Condition féminine dans un premier temps. De fil en aiguille elle finira par se hisser jusqu’à la fonction de ministre de la Main-d’œuvre et de la Sécurité du revenu lors du remaniement ministériel de novembre 1983. En mai 2007, elle est élue chef du Parti Québécois et devient la première québécoise à la tête d’une des deux plus importantes formations politiques de la province.
Le Parti québécois (PQ) est un parti politique québécois, œuvrant sur la scène provinciale, qui préconise la souveraineté du Québec et la protection de la langue française. Il a pris le pouvoir la première fois à l’élection générale du 15 novembre 1976. Bien qu’identifié comme parti de centre-gauche, la formation fondé par feu René Lévesque est montrée du doigt par un nombre grandissant de militants progressistes en raison de son alignement de plus en plus favorable face aux politiques néolibérales décrétées par les oligarchies qui mènent le pays. Pris entre l’arbre et l’écorce, le Parti Québécois prône le maintien des acquis des années 1960, défend la protection de la langue française et tente de s’adapter à l’agenda de plus en plus contraignant des forces vives du monde anglo-saxon nord-américain. L’option d’un troisième référendum ayant été mise sur la glace, jusqu’à nouvel ordre …
Il s’agit d’un cabinet de services professionnels qui offre à sa clientèle un large éventail de services entièrement intégrés en comptabilité, certification et services-conseils, fiscalité, gestion des risques et en consultation dans les domaines des affaires, des services financiers et de la gestion du capital humain. Affiliée, à Deloitte Touche Tohmatsu (DTT), un réseau de cabinets qui a sa maison mère en Suisse, l’entreprise montréalaise vient de produire un rapport détaillé des faits saillants du dernier budget du gouvernement du Québec.
En 2009, avec son plan de relance, le gouvernement a injecté 6,8 milliards de dollars dans l’économie. « Nous déployons maintenant la deuxième partie de ce plan et nous engagerons 8,2 milliards de dollars en 2010. Nous poursuivons également le Pacte pour l’emploi Plus, le programme Renfort pour le financement des entreprises et les investissements prévus au Plan québécois des infrastructures, qui s’élèveront à 9,1 milliards de dollars en 2010-2011 », a annoncé le ministre Bachand.
extrait d’un communiqué gouvernemental émis le 30 mars 2010
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