Le 17 février, Rachida Dati devenait avocate. Mais son dossier était incomplet. Et l’ancienne ministre de la Justice exerce toujours des fonctions politiques…
Tribunal de Paris, le 17 février 2010, devant la 1ère chambre de la cour d’appel, une foule attend Rachida Dati. Dans quelques minutes, l’ex ministre de la justice prêtera serment pour devenir avocate. Un « non-sujet », selon la principale intéressée. Mais à 13h30, quand elle arrive, la diva déambule au milieu des caméras et des flashs des photographes. L’entrée, dans la bousculade (deux journalistes manquent de se frapper), se fait par la grande porte. « Pourtant, murmure une avocate parmi la foule, d’habitude, on entre tous par celle du fonds ». Un autre lance, ironique : « Dior fait des robes d’avocats maintenant ? ».
Dans la grande salle, le Président de séance prononce son discours. « Le serment (…) c’est une nouvelle étape dans la vie professionnelle ». Puis la brochette d’admis à l’investiture, dont Dati, prêtent serment. En sortant, avant même de franchir le pas de la porte, elle a déjà ôté sa robe.
Les avocats de l’ordre n’ont pas été très regardants sur son dossier. En effet, si, en tant que magistrate (depuis 1999), l’ancienne Garde des Sceaux pouvait se passer du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA), elle aurait en revanche dû présenter son diplôme de maîtrise de droit. Or, selon le très sérieux site internet des Avocats Libres (Cosal.net), celui-ci ne figurait pas dans son dossier. Un oubli ? Ou une dérogation.
Les avocats étrangers ont moins de chance. Plusieurs dossiers ont été refusés par le Conseil de l’ordre, qui, pour ces refus, s’est fait condamner en 2006 par la cour d’Appel de Paris.
Mais pourquoi Rachida Dati, qui est déjà maire du VIIe arrondissement de Paris et députée européenne, a-t-elle besoin d’un 3e emploi ? Première réponse : pour suivre la mode. Car de plus en plus de politiques endossent la robe. Ils représentaient 5 % en 2006, 11 % en 2009, selon le baromètre Day One. Parmi lesquels Dédé Santini, Jean-François Copé, Dominique de Villepin, Noël Mamère, Jean Glavany, Hervé Gaymard, Frédéric Lefebvre, Georges Tron, Manuel Aeschlimann ou Christophe Caresche. Deuxième réponse : pour faire du conseil. L’autre nom du trafic d’influence…
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En 2007, elle affirmait déjà qu’elle montrerait son diplôme aprés l’article du Canard. Si quelqu’un l’a vu qu’il me fasse un signe…
Seulement voilà, afin d’intégrer l’Ecole de la Magistrature, elle faisait état de deux maîtrises, de cours suivis à l’Isa et d’un MBA européen du groupe HEC-ISA, diplôme qui figurait dans son dossier pour son admission.
Selon HEC elle n’a jamais eu le diplôme. De plus, la justice a débouté Dati de sa plainte contre l’avocat Georges-André Hoarauqui qui a mis en doute son diplôme. Donc Mme la Députée-avocate a fabriqué un faux et doit être punie selon la loi comme tout citoyen.
La Justice attend quoi pour l’inculper de faux et usage de faux ?
Le diplôme de Maîtrise en Droit de Madame Dati ne figurait pas au dossier.
"Elle est magistrat, et elle a donc droit à être admise au Barreau", nous a t-on expliqué.
Madame Dati a été admise à une forte majorité par le Conseil de l’Ordre.
abstention : 3
contre : 3
Pour l’admission de la pétulante euro députée : 24
(Il y a 42 membres du Conseil de l’Ordre, mais tous les membres n’étaient pas présents)
Autre curiosité, elle a été admise "sous condition de justifier de la dissolution d’une société commerciale", dont elle était la présidente (Société La Bourdonnais Consultants)
Essayez donc, vous-même, de demander votre admission au Barreau de Paris, en présentant un dossier incomplet ou avec une belle incompatibilité, vous verrez bien si vous êtes aussi admis "sous condition" !
Vincent Delmas Avocat Membre du Conseil de l’Ordre de Paris