La ministre de la Justice, Rachida Dati, a présenté ce lundi en Conseil des ministres le projet de loi pénitentiaire. Et pourtant, éclipsée par Carla comme « Bakchich » l’avait raconté, en guerre contre la magistrature, notre garde des Sceaux, qui a renoncé à devenir la patronne de l’UMP à Paris, semble, elle, avoir du mal à s’occuper. Heureusement, il lui reste son blog.
Après les fastes de l’après-présidentielle, un agenda bien rempli et une place de choix lors des voyages officiels du Président, Rachida ne sait plus quoi inventer pour apparaitre sur le devant de la scène médiatique. En témoigne son agenda ministériel désespérément vide.
Depuis une semaine, son agenda n’est pas surchargé : réunion du Congrès sur le projet de loi de modernisation des institutions de la Vème République lundi, Présidence française de l’Union Européenne avec comme thème la formation des magistrats et des personnels de Justice dans l’Union européenne mardi, conseil des ministres mercredi puis déjeuner avec les membres de la Commission des lois du Sénat et audience du Président de l’association des Entreprises privées, et enfin Conseil Justice et Affaires intérieures de l’Union européenne vendredi ! Pas un défilé de mode, pas une garden party ! Et un jeudi totalement libre si l’on en croit le site officiel du ministère. Même le dîner « informel et convivial », selon la conseillère en communication du ministère, prévu pour le 23 juillet et auquel Rachida avait invité l’ensemble du gouvernement a été annulé… faute de convives.
Et ce n’est pas la première humiliation. Invitée le 30 juin à l’illumination de la Tour Eiffel à l’occasion du début de la Présidence française de l’Union européenne, Rachida avait décidé de s’y rendre. Seulement, l’illumination prévue à 23h devait être déclenchée par le ministre des Affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner accompagné pour l’occasion de son homologue slovène et par le Maire de Paris, Bertrand Delanoë. À 22h, un membre du Cabinet Dati débarque au before organisé par le groupe Areva au Café de l’Homme où étaient conviés les Happy-few. Rachida souhaite absolument éclairer la « Dame de Fer » qui se situe dans le 7ème arrondissement, son fief ! Mme la Maire souhaite appuyer elle-même sur le bouton qui, à distance, permet de parer la Tour de ses habits de feu. Hélas, le fameux bouton était fixé sur l’esplanade du Trocadéro, à quelques mètres de la Tour mais autrement dit dans le XVIème arrondissement ! Pauvre Rachida, éconduite ce jour par les amis de Kouchner et Delanoë !
Dans le domaine de la justice, Rachida semble aux abonnés absentes. Toutefois, la garde des Sceaux a présenté ce lundi en Conseil des ministres le projet de loi pénitentiaire, prévoyant, pour désengorger les cellules, le port du bracelet électronique. Alors que l’administration pénitentiaire annonce un taux de sur occupation record avec 64 250 détenus, il était temps qu’elle agisse ! Aussi, Rachida tente de multiplier les canaux de diffusion pour exister. Ainsi, elle s’était même rendue au tribunal de grande instance et à la Cour d’appel de Besançon, puis au service des soins palliatifs du C.H.U de la ville. La loi Léonetti relative à l’accompagnement de la fin de vie manque de reconnaissance depuis sa promulgation le 22 avril 2005. Le cadre juridique dans lequel s’inscrit l’administration de soins aux patients dont le pronostic vital est engagé n’est pas connu des personnels hospitaliers. D’où son déplacement à Besançon où l’a accueillie la nouvelle procureur, la très sarkozyste Catherine Pignon, proche d’Yves Bot (ancien procureur de Paris). Si l’ambition était grande, la convention officielle issue de cette rencontre et signée par la ministre est totalement vaseuse. Ce document tient sur deux feuillets et trois articles : « Des rencontres sous forme de tables rondes seront organisées à l’initiative des signataires » (…) « Un bilan sera effectué annuellement sur ces échanges » (…), et enfin « Ce bilan sera communiqué aux autorités ministérielles compétentes. » Dati : le contrat de confiance.
Finalement, ce maigre bilan n’empêche pas la ministre de vouloir généraliser l’expérience. Et son directeur des affaires criminelles et des grâces a promulgué en juin dernier une circulaire enjoignant tous les tribunaux à appliquer la convention sur les malades en fin de vie. « Il serait opportun de pouvoir généraliser ce type d’accords sur l’ensemble du territoire. »
Dernier recours pour la ministre, la Rachida-dati.tv . Véritable BD 2.0, et à l’instar de Martine à la Plage, on y trouve plusieurs épisodes. Rachida à Toulouse, Rachida à Bruxelles, Rachida à Marseille, dans les Pyrénées Orientales, en Espagne, à Vitry le François, à Perpignan, au Maroc et même sur Skyrock pour l’émission Planète Rap. Aucun billet de présentation mais le message est clair : Rachida évoque, impulse, débat, établit des priorités … elle bosse quoi !
Contactée par Bakchich, Laurence Lasserre, conseillère en communication de Rachida nous explique ainsi que « le ministère a toujours fait de la vidéo sur Rachida Dati, mais les images pesaient trop lourd sur le serveur du ministère d’où l’idée d’un blog vidéo, structure support de productions maison ». Le nombre important de recherches sur Rachida Dati, les buzz, et le fait que beaucoup de médias avaient acheté les liens, ont incité le cabinet à acheter certains mots clés sur Google pour mettre en valeur leur blog et relayer une image plus officielle. « C’est bien qu’il y ait des parodies, des visions humoristiques, mais l’idée est d’avoir une meilleure visibilité sur le Web » précise Mme Lasserre. Et quand on l’interroge sur la disparition soudaine de la possibilité de poster des commentaires, elle ajoute que « c’est une question de moyens, qu’il faudrait quelqu’un à temps plein pour modérer. On souhaite rester sur un fonctionnement modeste ». « Modeste », voilà le mot qu’on cherchait pour caractériser l’action de notre garde des Sceaux…
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