Pour Ménard et RSF, en France ce sont les Beurs et Blacks de nos banlieues qui menacent la liberté de la presse. Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux ont rêvé de le dire, RSF l’a écrit. Et publié dans un rapport sur la situation de la liberté de la presse en Europe.
Comme dans tous les ghettos, on n’aime pas être dérangé par des objectifs rarement objectifs, et dont les images se terminent trop souvent au tribunal comme auxiliaires de police. Pour un jeune de banlieue, un journaliste, c’est d’abord un type qui, ignorant tout de la vie ici, ne se déplace qu’à fin de publier des saloperies et faire monter la peur. A propos d’interdiction de tournage, RSF n’a pas protesté contre le véto opposé aux sociologues Michel et Monique Pinçon quand ils ont voulu filmer les rues des riches à Neuilly.
Ce qui nous rassure, c’est qu’en France, ce ne sont ni la concentration de la presse entre les mains d’un tout petit camp d’industriels tous amis du pouvoir, ni les menaces du candidat Sarkozy de faire virer des journalistes une fois élu (ou même avant, voir le sort d’Alain Généstar)… Ce ne sont pas non plus les derniers propos du président de la République sur l’Express, le Parisien, l’AFP et le Journal du Dimanche… Ce n’est pas non plus l’inacceptable coût de l’imprimerie et de la diffusion des quotidiens… Et ce n’est pas la loi Guigou, qui interdit pratiquement de diffuser des images d’un fait historique, par exemple un attentat, un fait divers violent, voir d’un épisode de guerre… Ce n’est pas enfin Sophie Huet, la présidente de l’association de la Presse parlementaire, qui vire une consœur en l’accusant de poser des questions qui déstabilisent madame Lagarde, la ministre de l’Economie. Non, ce n’est pas tout cela qui menace la liberté des journalistes en France. Ce sont les blackbeurs mauvais coucheurs.
PS : Merci à Robert Ménard pour ses formidables et incroyables manifs, inlassablement organisées devant toutes les ambassades des USA dans le monde. Il a ainsi obtenu la libération de Guantanamo de Sami Al-Haj, un caméraman soudanais donc l’unique défaut est de travailler pour la chaîne du Qatar, Aljazeera. Merci Robert pour cet incroyable et assourdissant tapage solidaire.
Quelle nouveauté !!
Je suis journaliste depuis vingt ans et depuis vingt ans je me retrouve régulièrement en face de gens qui ne veulent rien me dire, qui m’insultent, qui me disent que tf1 (pour qui j’ai jamais bossé) "c’est d’la merde !" Que les journalistes "y sont que des menteurs"… des suppôts du pouvoir "bolchevique" ou "ultranibéral" et tutti quanti.
Et il m’est aussi arrivé - pas en France - de me faire braquer, molester… j’ai même fait un peu de tôle qq heures en Turquie…
Oui : on est rarement accueilli à bras ouverts. Oui : il arrive de se retrouver dans des positions très très inconfortables… Appareils photos et caméras sont parfois cassés. Très chiant quand c’est son propre matos ; à peine gênant quand il s’agit de celui de la chaine ou de l’agence, dûment assuré.
Mais enfin il est toujours possible de travailler dans les cités. Bien sûr quand on déboule à 40 parce qu’il y a eu une actu et qu’on arrive TOUS pour faire les mêmes ITWs, qu’on doit de toute façon diffuser dans les six heures, on se fait souvent recevoir… mais pas toujours.
Ménard - qui a toujours eu une idée assez vague de ce qu’est le reportage - délire grave !
Ce qui m’inquiète davantage c’est la manière dont il a opéré pour déployer ses banderoles et ses gus sur le passage de la flamme… j’ose espérer qu’il ne s’est pas servi de cartes de presse pour passer les barrages…
EB
« Il y a quelques années encore, c’était en Corse que la violence touchait le plus les représentants des médias (…) A cette époque, une liste de journalistes jugés indésirables dans l’île circulait au sein des mouvements nationalistes. »
Outre le flou du propos ("quelques années", "mouvements nationalistes"), ce type de prétendue info tirée du dernier rapport de RSF relève du mythe complet.
Je suis journaliste en Corse depuis 10 ans, je me consacre à des enquêtes, je suis littéralement haï par la plupart des "mouvements nationalistes", et pourtant, je n’ai jamais été "black-listé" et je n’ai jamais assisté à des lynchages en règle de journalistes.
Comme partout, les moments de tension existent et ne sont pas le seul fait des nationalistes. En 50 manifs couvertes, natio ou non, j’ai été agressé trois fois : une fois par un militant CGT et deux fois… par des gendarmes mobiles et des CRS (dont un tir tendu de grenade lacrymo reçu en pleine tête à dix mètres)…
Quant au petit Ménard, il ne faudrait pas oublier de mettre à son "actif" l’annonce de la mort de l’ancien correspondant de l’AFP au Yémen il y a six ou sept ans… Lequel est toujours bien vivant, merci pour lui.
Je confesse, j’ai tous les défauts : je suis journaliste, j’habite le 93 et j’ai longtemps été élu local. Tout ça pour dire que je "comprends" (pas "excuse") les minots (et les autres) qui refusent de parler aux journalistes (parler, pas frapper). Et des fois, ça dérape.
je le fais depuis des années : on ne parle pas à des gens qui n’écoutent pas et se prennent pour le centre de la conscience du monde… (bon, pas tous, c’est sûr). Il est souvent très facile pour la population de poser l’équation journaliste = flic ou = menteur etc… Et donc tous en prennent pour leur grade, coupables ou pas. Et les portes se ferment (et parfois les poings). Dans certains endroits, un journaliste c’est une "balance" ou une proie.
En tant que journaliste et élu local, j’ai vu des "professionnels de la profession" mentir ou "monter des coups".
Les autres méritent mieux qu’un Ménard – on sait désormais qui finance rsf– pour être défendus. Pas contre les jeunes de banlieue, contre les financiers qui tiennent les journaux et brisent les cosciences des bons pro…