Spain Rodriguez, figure de la BD underground, livre une biographie d’Ernesto Guevara où l’Histoire se mêle à l’icône. Pénétrons ensemble avec cette « bio graphic » derrière le béret à l’étoile, la barbe drue et la fumée du Havane.
Avec « Le Che, une icône révolutionnaire », publié aux éditions Hors Collection, Spain Rodriguez, grande figure de la BD underground, s’attaque à l’ultime symbole de la guerre révolutionnaire. 32 ans après sa mort, l’Argentin fait encore l’actualité. Du célèbre cliché de Korda, décliné sur tous les supports par delà le monde au biptyque actuellement sur grand écran du réalisateur Steven Soderbergh, le personnage fascine. Mais n’avons-nous pas tout lu, tout vu, tout dit ?
Cette première « bio graphic » du fumeur de havane, amateur de guérilla, retrace avec forces détails son itinéraire depuis ses voyages initiatiques en Amérique latine, en passant par sa rencontre avec Fidel Castro, jusqu’à sa mort dans une geôle bolivienne. Autant d’épisodes maintes fois portés à l’écran ou à l’écrit mais que la bande dessinée vient remodeler et mettre en perspective. Le trait alerte, noir et blanc de Spain Rodriguez, auteur de nombreuses autres nouvelles graphiques et collaborateur historique de la revue Zap Comics fondée par Robert Crumb, se ballade. Des léproseries de San Pablo, à la jungle bolivienne, où l’on découvre un Che n’hésitant pas à abattre froidement les traîtres à la « cause ».
La fin justifie les moyens. Où l’on apprend encore qu’Ernesto Guevara fut l’un des seuls marxistes à correspondre avec Freud. Une bonne manière sans doute de ne pas perdre son temps sur un divan et de s’attaquer à Batista. Sartre disait de lui qu’il était « l’homme le plus complet de son époque ». Avec la bande dessinée de Rodriguez, c’est encore un peu plus vrai.