Un putsch aurait pu frapper le Sénégal en 2004… Si, si, c’est vrai. La preuve, des hommes ont alors été arrêtés et sont passés devant le juge mardi, à Dakar.
La tradition n’est pas au coup de force à Dakar. Aucun coup d’Etat n’y a jamais été perpétré depuis son accession à l’indépendance. Et mis à part le simili-complot de Mamadou Dia contre Senghor en 1962 — qui ressemblait à s’y méprendre à une purge —, aucun putsch n’a jamais été perpétré, voire préparé…
A en croire les prévenus qui sont passés devant le tribunal de Dakar, mardi dernier, une première aurait pu avoir lieu en 2004. Anciens militaires, Barame Ndoumbé Diop et Amadou Lamine Ndiaye ont benoîtement avoué les faits. « Des hommes sur un bout d’une piste de la VDN avec un lance-roquette pour atteindre l’avion présidentiel, la Pointe de Sangomar, au décollage ; au même moment, d’autres éléments prennent d’assaut le Palais de la République », résume très bien le journal dakarois Le Quotidien du 6 septembre.
Quelques mercenaires étrangers, libériens évidemment, et bien sûr un financement étranger, au hasard le président ivoirien Laurent Gbagbo. Un scénario bien ficelé… Seul souci, les deux hommes sont d’illustres inconnus, et le cerveau de l’affaire, l’énigmatique Abibou Touré, est en fuite. Aucun motif, du moins politique, n’est avancé par les prévenus. Et l’intérêt de Laurent Gbagbo à renverser Wade en 2004 est pour le moins incertain, aux vu de ses problèmes domestiques.
Un point positif néanmoins pour les apprentis barbouzes : l’attaque de la Pointe de Sangomar. « Largement réalisable », selon un spécialiste. D’autant que « la sécurité présidentielle au Sénégal est nulle, précise-t-il, leur histoire fait qu’ils n’en voient pas l’utilité ». Passé par la Casamance en 2001, en mission de « conseil et d’audit » auprès de l’armée régulière en lutte contre la rébellion, cet expert en « initiatives privées » en était revenu désespéré. « Les mémos qu’on leur a pondus n’ont servi à rien pour assurer la protection du président. »
Pas sûr toutefois que ce « bon point », convainc les juges. Le procureur lui a requis 7 ans ferme. Verdict attendu le 7 novembre…