L’annonce de la victoire du président sortant s’est réalisée dans le calme
En République Démocratique du Congo, il est plus difficile d’annoncer les résultats d’une élection que de voter ! Les Kinois s’en étaient déjà rendus compte au premier tour de l’élection présidentielle, en août, quand les affrontements entre les forces de Bemba et Kabila avaient éclaté dès le soir de l’annonce électorale… malgré la déclaration de leur arrivée en tête.
Le second tour confirme cette difficulté peu démocratique : l’abbé Malu-Malu, responsable de la Commission électorale indépendante, a fait traîner une annonce dont le contenu est connu dans tous les « ngandas » (bars locaux) de la ville depuis au moins une semaine (la victoire de Kabila avec 58%). Par prudence, l’abbé s’est contenté d’une annonce télévisée préenregistrée. Les voies de la démocratie s’avèrent plus pénétrables que celles du seigneur. À sa décharge, il faut dire que le camp du perdant n’a cessé de faire monter la pression contre la Commission des élections indépendantes (CEI) et a même organisé une manifestation violente samedi dernier.
Echaudée par les violences du mois d’août, la mission militaire européenne (EUFOR) a judicieusement pris les devants et montré ses muscles dissuasifs sur terre et dans les airs. Un charmant ballet, comme seules les bidasses savent en donner. Loin des festivités d’usage et de l’ambiance des nuits kinoises, la soirée d’annonce électorale a donc été une soirée ville morte où seuls étaient de sortie les blindés de la MONUC et de l’EUFOR ! Les Kabilistes n’ont pas pu laisser « exploser » leur joie… à la grande satisfaction des Kinois. Que les optimistes se rassurent : la démocratie congolaise débute sous les meilleurs auspices. En attendant la réaction des pays voisins…