Nantes : un Ayrault en souffrance

Jean Marc Ayrault, député maire de Nantes sortant et porte parole à l’Assemblée Nationale du Parti Socialiste, n’en est pas encore revenu.

Candidat à sa propre succession, il se voit opposé une liste qui vaut le détour. Liste emmenée par une femme : Sophie Jozan.

Cette giscardienne de toujours a obtenu l’onction de l’UMP, et le soutien de Christine Boutin très implantée à Nantes, où l’on peut encore apercevoir, à l’heure du berger, des curés en soutane. Fait rarissime au pays d’Aristide Briand et de Jules Vallès. Mais ce n’est pas tout….

Elle a encore les encouragements du Modem, et celui de la très pétillante Annick du Roscoät, présidente nationale du célébrissime Centre National des Indépendants (CNI) qui affiche crânement une augmentation exponentielle de ses adhérents, qui les amènerait autour de 500. Soit quatre fois plus que les années passées. L’ancien ministre Antoine Pinay, qui fut l’un des animateurs du CNI, doit frétiller de joie dans son tombeau….

Dans le mur

© Morvandiau

Jusqu’ici, rien de bien extraordinaire. Ce qui fait l’originalité de la liste Jozan, est l’apport récent d’un révolutionnaire célèbre, qui fit la une des journaux de l’endroit, à l’époque de mai 1968. Au 30e anniversaire de la « chienlit », il était justice de revenir sur ce révolutionnaire hors du commun, aujourd’hui avocat au barreau de Nantes de son état.

Yvon Chotard - c’est son nom- qui a longtemps pris la défense du négationiste Faurisson, (accompagné dans cette tache de Gabriel Cohn-Bendit frère du célèbre Daniel ) était si l’on peut dire un précurseur : il faisait flamber joyeusement quelques voitures, bien avant les plagieurs de nos banlieues d’aujourd’hui. Un bémol, toutefois à ces feux de joie : il interdisait formellement que l’on brûlat les 2 Chevaux Citroën ! La marque automobile aux chevrons, cette ingrate, ne l’a - paraît-il - jamais remercié…

Dix ans durant, Chotard a servi loyalement, en tant que responsable des relations internationales, son seigneur et maître Ayrault. Elu conseiller municipal sur la liste du maire socialiste, il représentait le courant « révolutionnaire » de la cité, auréolé de son dynamisme dispensé lors des journées de mai 68. En ce temps là, il se réclamait du « Situationisme » position recherchée entre « Marxisme -Léninisme » et « Maoïsme »… Toute une nuance !

Son mandat à la mairie de Nantes, auprès de Jean Marc Ayrault, lui permettait jusqu’ici d’accomplir de forts beaux trajets autrement plus confortable que ceux proposés par les promotions du « Club Med ».

Las, Jean-Marc Ayrault- considérant probablement que l’âge de Chotard (61 ans) mettait un terme au fait que « les voyages forment la jeunesse » faisait savoir à l’intéressé que, désormais, il n’irait plus voir les plages de la planète. Déjà qu’il ne voyait plus les pavés depuis longtemps…

Furieux, Yvon Chotard s’est précipité chez l’ennemi pour proposer ses services à Sophie Jozan, qui lui est tombé dans les bras.

Sophie Jozan & François Fillon

© Morvandiau

L’aile gauche étant comblée, d’autres candidats chantèrent à leur tour, leurs stances à Sophie. C’est ainsi qu’à droite, outre un ou deux « villiéristes », Sophie a retenu Céline Barré, déjà conseillère municipale, qui a partagé un repas fraternel avec Jean-Marie Le Pen lors d’une visite de celui-ci à Nantes. Opportuniste chevronnée, elle était toute proche du « Guide » au charmant restaurant de la « Beaujoire », ce qui n’a pas manqué pas d’irriter les lieutenants du Chef, relégués au bout de la table. Le grand écart politique entre amis de Lénine et de Le Pen étant accompli, ne manquait plus à Sophie Jozan que l’excellence économique. C’est aujourd’hui chose faite en la personne de Loïc Le Masne, qui ferme la marche d’une équipe mêlant l’éclectisme à la compétence.

Capitaine d’industrie, le garçon se fait d’ailleurs appeler Le Masne « de Chermont ». Personne ne l’ayant anobli, il s’en est chargé lui-même. Cet accélérateur de particules, également candidat aux élections cantonales, a déjà montré dans un précédent mandat municipal son savoir-faire. Lorsqu’il était adjoint de l’ancien maire Michel Chauty (avant l’avènement de Jean Marc Ayrault), son entreprise « Le Masne S.A. » avait obtenu une ristourne de la société Sambron, laquelle avait vendu à la ville de Nantes, grâce aux interventions de Loïc Le Masne, des sortes de compresseurs, pour des travaux publics. Les compresseurs dénommés « Dumpers » de la société Sambron avaient rapporté une commission juteuse à la société « Le Masne S.A. ».

L’affaire, qui avait fait grand bruit à l’époque, atteste des qualités intrinsèques de cet adjoint astucieux. Avec un représentant de la société civile aussi dynamique, Sophie Jozan ainsi que les citoyens du 4ème canton de Nantes tiennent là un co-équipier de choix. Cet amalgame entre chefs d’entreprises et idéologues de tous bords fait plaisir à voir et sont un exemple de « l’ouverture » tellement souhaitée par les Français. Des rabat-joies auront beau faire remarquer, qu’en fin de compte, il faudra bien aller voter quand même et choisir parmi tous ces idéalistes désintéressés, il reste que c’est toujours le pauvre électeur qui paie. Sans doute ! Mais, si Dieu n’avait pas voulu qu’on les tonde, pourquoi aurait-il créé les moutons ?