Pour la première fois, Jean-Claude Gaudin est redevable à Renaud Muselier, qui lui a permis de garder la mairie et la Canebière. Pour le récompenser, l’ex-sous ministre aux affaires étrangères se voit octroyer un susucre, la présidence de la communauté d’agglomération de Marseille, Marseille-Provence-Métropole.
En évitant le gadin, Gaudin, maire réélu de Marseille, a sauvé les meubles. Mais le bucolique Jean-Claude a du faire chanter son accent pour masquer un léger malaise. Sa toute-puissance sur le Vieux Port en général et sur la droite marseillaise en particulier a souffert. Notamment du retour en grâce de « Lou Ravi » Renaud Muselier, et son sourire carnassier.
Rejetté en fond de cale depuis son passage au secrétariat d’Etat aux affaires étrangères (2002-2004), la cote politique de « Mumu » plafonnait bas. Eternel premier adjoint de Gaudin depuis 1995, longtemps bercé par des illusions, lui même « avait compris que le vieux ne lui laisserait jamais la place », confie un poissonnier particulièrement informé sur la mairie. Si bien qu’en début de campagne municipales, quand la droite se croyait encore invincible à Marseille, les coulisses politiques de la ville ne bruissaient qu’autour d’un thème : comment Gaudin allait se débarrasser de Muselier.
Du folklore local naquit une inventive théorie. Si Jean-Noël Guérini, le champion socialiste a choisi de se présenter dans le secteur de Muselier, c’était en raison d’un accord avec Gaudin ; les deux vieux loups hérités des années Deferre passant un pacte pour dézinguer le jeunot. Amusant certes, mais improbable au vu du déroulement de la campagne.
Plus concrète en revanche fut la déclaration d’intention de Guy Teissier, le maire des 9-10èmes arrondissements marseillais, toujours acquis à la droite. Aux premières lueurs de la campagne, le gentil Guy a montré les dents, faisant acte de candidature au poste de 1er adjoint. Sans que Gaudin ne s’y oppose. Un joli ballon d’essai, malheureusement crevé par la lénifiante campagne de la droite, attisant le spectre d’une victoire socialiste…
Pour éviter le naufrage, Muselier a été extrait de la cave. Premier signe, passé quasi-inaperçu, le projet de Gaudin pour la ville. Où s’est nichée la promesse de la construction d’un casino. « Jean-Claude l’a toujours refusé. Il a une peur bleue, une sorte de fantasme sur les milieux de la nuit qu’il croit peuplé de gangsters corses, concède un proche, Renaud a toujours milité dans l’autre sens et Gaudin a cédé ».
Bien obligé. De l’investissement de Muselier dépendait la victoire. Champion de la droite dans le secteur-clé des 4e et 5e arrondissement, sa défaite face à Guérini aurait fait basculer la ville. Et « pour pisser sur le terrain, il n’y a pas meilleur que lui », décrit un poète. Pari réussi, pour 1000 voix d’avances, Muselier offre la mairie à son camp.
Pour la première fois, Gaudin lui est redevable. Lui qui n’a jamais eu qu’une tendresse mêlé de condescendance pour ce « minot » fou-fou a du le récompenser. Muselier sera présidence de la communauté d’agglomération de Marseille, Marseille-Provence-Métropole. Un susucre au goût légèrement âpre, mais au goût âpre. La droite n’ a pas la majorité absolue au sein d’une structure qui gère des dossiers électoralement sensible : ordures et transports publics. A croire que le maître n’en finit pas de jouer avec l’élève…
Bien que n’ayant aucune sympathie pour R. Muselier (ni JC Gaudin), il m’apparait important de préciser que votre article a tendance à travestir la réalité en traitant la présidence de la communauté urbaine de "susucre".
En vrac, la CUMPM a en charge les transports, la collecte et le traitement des déchets, l’eau et l’assainissement, le développement économique, … Il ne doit rester à la mairie de Marseille que les sports, le patrimoine et peut-être la circulation et les espaces verts.
Le poste de Maire est peut-être plus prestigieux (bling-bling) et confortable (les dettes sont plutôt du coté de la CU) mais les décisions qui influent sur l’avenir de la ville dépendront de Muselier. Il ne reste à Gaudin que les concours de villages fleuris et l’OM (Bravo aux plombiers de Carquefou).