Commémorer les quarante ans de 68, on n’est pas contre mais gare à la surdose et à l’effet « Holiday on Ice » ! Dimanche 3 mars dans « Ripostes » (France 5, 17h 45), Cohn-Bendit était toujours aussi narquois, malin, et tout et tout. L’ex-fondateur du Mouvement du 22 mars, aujourd’hui député Vert européen, répéta qu’à son avis, Sarkozy se foutait au fond de 68, n’en faisant un thème de campagne que pour fédérer la droite et emmouscailler la gauche. Un authentique soixante-huitard trône aujourd’hui à l’Elysée, « vivant sans temps mort et jouissant sans entrave », répéta Dany en rigolant. Justement, attention à la répétition !
Car ce « Ripostes », qui n’était ni la première ni la dernière émission consacrée à Mai 68, sentait déjà le réchauffé. Comment varier les plaisirs ? Le problème, c’est de trouver un vrai méchant, le type pas trop hydrocéphale qui va dire vraiment du mal de 68. Pas facile à trouver, même à droite ! Le dimanche précédent, Serge Moati avait invité Alain Madelin, ex-Occident, qui, à l’époque, ne dédaignait pas la barre de fer pour faire avancer le débat contre les « gauchos ». Aujourd’hui Madelin trouve très bien la révolte des soixante-huitards. Pas moyen de lui arracher la moindre critique ! Là on a un vrai problème de casting.
Dans le rôle de l’affreux Jojo, heureusement, on peut toujours compter sur un Finkielkraut, parfait dans son rôle d’imprécateur. Dès que Cohn-Bendit ou Henri Weber (ex-dirigeant trotskiste aujourd’hui sénateur PS) louaient l’esprit de 68, « Finky » s’arrachait les cheveux, tordait ses doigts, s’écroulait sur son pupitre de désespoir. Un vrai personnage de comedia dell’Arte ! Cette gestuelle, ce manque d’humour exceptionnel… Il fallait voir la colère de Super-Finky quand Dany le Rouge osait le surnommer « Monsieur le Professeur ». Du grand spectacle !
Avouons pourtant que le personnage de Grincheux Philosophe a ses faiblesses. Passer à la télé pour dénoncer la société du spectacle, répondre à l’invitation de Moati pour vitupérer la commémoration maniaque de 68, n’y aurait-il pas là comme une contradiction in terminis, Monsieur le Professeur ? Mais on ne lui en veut pas car au total, l’émission était amusante, sinon instructive. On s’inquiète quand même pour la suite. Nos producteurs télé tiendront-ils la distance, sans tomber, d’ici le mois de mai , dans le grand guignol, avec les mêmes stars, les mêmes répliques, les mêmes moulinets ? Ainsi va la France de 2008. Pendant que les enfants regardent Catch Attack avec Batista, Undertaker et Triple Weight , les parents s’amusent avec Madelin, Cohn-Bendit et Finkielkraut. Et ceux-là ne sont même pas tatoués ! Ah ! ces vieux !
Je pense que nous sommes quelques chenus ayant vécu en direct cette belle aventure que fût MAI 68.
Je me souviens d’un ANDRE MALRAUX, à bord de l’apoplexie, s’exprimant à la téloche dans un discours absolument incompréhensible tant les tics nerveux lui bouffaient le visage et m^me le corps.
C’était à la fois pathétique et à mourir de rire…
Je trouve que les contorsions de "Finky" ont un air de famille avec le grand Dédé.
Je parle là de la névrose….