Doux et ouateux rêve. Le bon président Sarkozy a fait parvenir par songe interposé à Bakchich la lettre qu’il aurait brûlé d’écrire à son homologue américain, Georges W. Bush. Une missive sincère et pleine de candeur qui fait le bilan d’une année dure et pleine à la présidence. Au cas où l’Elysée voudrait la traduire en anglais, « Bakchich » la tient, bien entendu, à sa disposition.
Mon cher Georges,
C’est avec plaisir que je réponds à ton télégramme de félicitations pour le premier anniversaire de mon élection. Un double plaisir. Tes voeux m’ont, en effet, d’autant touché qu’ils émanent du chef de l’Etat dont je me suis senti le plus proche depuis ma victoire.
Un an. Il y a un an, tu peux imaginer dans quel état j’étais. Vingt ans que j’y pensais, dix ans que je m’y préparais, trois ans que j’y croyais. Ça n’a pas été facile, tu sais. Toi, ton papa (un homme sympa d’ailleurs) t’avais précédé. Moi, je ne venais de nulle part. D’une certaine manière, ta démarche m’a aidé. Comme toi, il me fallait impérativement rassembler la droite, y compris la droite extrême. Je te raconte pas. Plus que dur. Moi qui aime la castagne, j’ai été servi. Mais il faut ce qu’il faut, tu connais la chanson.
Tout ça pour te dire qu’au soir de la victoire, c’était le pied. Mais le vrai pied. Le grand pied bleu. J’avais conquis mon Graal. Evidemment j’ai été fêter ça avec mes potes, au Fouquet’s, un restaurant des Champs-Elysées. Les choses étant ce qu’elles sont, il y avait plus de millionnaires que de clodos. Tu connais ces soirées où les gens te regardent autrement, en te glissant des « félicitations monsieur le Président », avec la larme à l’oeil et l’espoir en bandoulière. Il y en a un qui m’a même proposé son yacht pour aller me reposer. Entre copains, ce sont des choses qui se font, alors j’ai accepté. On m’a dit après que ça aurait choqué, dans mon esprit c’était plutôt, pas d’hypocrisie, je suis comme je suis.
Si le ver était dans le fruit du Fouquet’s, il a mis du temps à bouffer la pomme. Fouquet’s ou pas, mon quinquennat a démarré sur les chapeaux de roue dans les sondages et dans les médias. Il est vrai que j’ai offert aux journaux un de ces petits spectacles politiques qu’ils adorent : l’ouverture. Ça ne te dit rien à toi l’ouverture. Le fait est que c’est assez français. Ça consiste à attirer dans ton équipe des adversaires étiquetés comme opposants. Franchement je me suis régalé et le succès a dépassé mes espérances.
J’aurais pu composer un cabinet de grosses pointures socialistes si j’avais voulu. Un régal. Le râteau n’était pas assez large pour ramasser les feuilles. La prise dont je suis le plus fier ? Eric Besson, un dirigeant socialiste qui s’était illustré pendant la campagne en rédigeant un pamphlet intitulé : Sarkozy un néo-conservateur avec un passeport français. Le malheureux s’est fait flinguer dans son parti. Les imbéciles. Tu penses bien que je pouvais pas laisser dehors un observateur aussi perspicace. Il est devenu ministre avec d’autres que je ne nomme pas, ça ne te dirait pas grand chose.
Quand j’y pense, je me demande si cette ouverture n’a pas été une première grosse erreur. Non pas tant que parce qu’elle a fait des déçus dans mon camp, ça, je pouvais le gérer, mais plutôt parce qu’elle a troublé mon image et le noyau dur de mon électorat. Au fond, j’aurais mieux fait de faire comme toi, gouverner avec mes potes. Remarque que pour ce qui concerne la loi et l’ordre, l’un des axes de ma campagne, c’est ce que j’ai fait. La petite Dati que tu as rencontrée, en a mis un coup sur la justice façon serrage de vis, et Hortefeux, un de mes proches, n’a pas non plus molli sur l’immigration et l’identité nationale.
C’est sur l’économie et le social que ça a foiré. Dans ce domaine, les crétins me qualifient de libéral. Tu parles, je suis comme toi, pragmatique et de droite. La vérité, c’est que j’adore la société américaine. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Alain Minc, tu connais pas, appelle poliment cela l’équité qu’il oppose à l’égalité, ce mal français.
Je me serais écouté, que je serais rentré dedans façon Thatcher, mais des conseillers m’ont convaincu qu’une autre voie plus détournée était envisageable. J’ai été séduit. Faut dire qu’elle était tentante puisqu’il s’agissait d’amener les inévitables victimes de ma politique à l’accepter peu ou prou par le biais de la négociation. Réussir ce tour de force au nom de la modernité, de la réforme, et de la solidarité bien comprise, c’eût été le Jackpot. J’en suis pas là. Pour tout dire mon cher Georges, je me trouve embourbé dans des discussions permanentes, critiqué par la gauche bien sûr, mais aussi par une partie de la droite qui me trouve mou du genou. Inutile de te dire que ça se lit dans les sondages.
Cela dit, mon plongeon dans les sondages n’a pas été amorcé par ma politique. C’est ma personne qui a été le détonateur. Pour résumer je « désacraliserais » la fonction présidentielle. Le costume serait trop grand pour moi. Trop « ordinaire » Sarkozy, un peu vulgaire façon nouveau riche, et puis si peu cultivé. Je crois que tu as connu ça. Je ne sais pas comment tu as réagi. Moi, ça me fait mal. J’ai été touché. Touché par les propos qui me revenait des dîners en ville, touché par les médias qui m’avaient porté aux nues, et salué l’élection d’un homme qui allait enfin dépoussiérer la République coincée.
Tu me connais, je n’oublierai pas. Mais tu peux imaginer que dans cette ambiance le départ de Cécilia, que tu as croisée lors de ma visite officielle, a fait l’effet d’une cerise sur le gâteau. Ça n’a pas été facile ni à vivre, ni à gérer. Mon mariage avec Carla, que je serai heureux de te présenter, a permis de colmater la brèche, encore que…
Voilà mon cher Georges, mon histoire de cette année. J’ai adoré être candidat. J’ai dégusté la victoire avec gourmandise. J’ai découvert la présidence. Je suppose que tu as fait la même expérience. Je constate que tu as survécu. Ton inéluctable retrait de la vie politique me peine et m’embarrasse, ne serait ce que dans la mesure ou il faudra séduire le nouveau ou la nouvelle.
P.C.C.
Nicolas Sarkozy Président de la République Française
Ce texte a été rédigé par Philippe Labarde
Très drôle.
J’ai éccouté le discours hallucinant, prononcé par Bush devant le parlement israeliens.
Pas un mot sur le sort des palestiens, sur les violations constantes du droit de la part d’Israel, de l’occupation et de la continuité des colonisations, de ce mur de la honte, de l’étouffement économique des palestiniens, de ceux qui sont dans des camps après que les israeliens leurs aient volé leurs terres.
Aucune perspective de paix, d’équité, aucun travail pour la stabilisation du Proche-Orient.
L’iran est revenu sur le tapis je crains qu’une guerre Usa-Israel contre l’Iran, se prépare et Sarkozy essaiera d’y entrainer la France.
On ne s’affiche pas avec le Président le plus haï de la planète deux mois après avoir été élu par hasard.
je me suis demandée pour quelle raison, Bush s’attaque uniquement aux méchants terroristes, résidant dans des régions aux intérêts pétroliers….