Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MODES DE VIE / CONSO-MATEUR

Les mammouths de la grande distrib écraseront-ils vraiment les prix ?

Concurrence ou pas / mercredi 30 avril 2008 par Jean-Marie Gisclard
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Le projet de loi sur la modernisation de l’économie, rendu public le 28 avril par la ministre de l’économie Christine Lagarde, fait grinçouiller quelques dents, jusque dans les rangs de l’UMP. En cause notamment, les mesures concernant la grande distribution. Petite explication.

Comme Bakchich l’avait annoncé fin mars, le gouvernement s’apprête à libérer totalement les relations commerciales entre producteurs et distributeurs (projet de loi de modernisation de l’économie présenté le 28 avril). Comme prévu, ces mesures avantagent la grande distribution. Et comme prévu aussi, le gouvernement affirme qu’elles sont prises pour accroître la concurrence et faire baisser les prix. Mais là, il risque fort d’être déçu.

En permettant aux distributeurs de négocier librement les tarifs que leur proposeront les fournisseurs, le projet de loi supprime l’obligation faite aux industriels de présenter des « conditions générales de vente » uniques à tous leurs acheteurs, petits ou grands. En supprimant cette règle, les pouvoirs publics montrent qu’ils comptent sur la grande distribution pour pousser les producteurs à la baisse. En l’état, le projet de loi pose au moins deux problèmes.

Les factures sont oubliées

Le premier est celui de la transparence des transactions. La seule interdiction qui subsiste est celle de la revente à perte. Mais, pour qu’il n’y ait pas revente à perte, il faut savoir sur quelles bases les prix sont établis. Supprimer les « marges arrières » (ces fameuses compensations financières reçues des producteurs pour services rendus) signifie que le prix de revente au consommateur ne peut pas être inférieur au prix d’achat au producteur moins les différentes remises obtenues.

Dans ce cas, les négociations commerciales entre distributeurs et producteurs devront porter non seulement sur le prix du produit lui-même mais aussi sur le montant des « frais de commercialisation » et sur les remises de toutes sortes. Dans ces conditions, il est normal que les producteurs exigent des distributeurs des factures en bonne et due forme pour justifier les services que ces derniers sont censés leur rendre : bonne mise en place de leurs produits dans les rayons, obtention de têtes de gondole, figuration de leurs produits dans les prospectus publicitaires qu’ils diffusent, etc. Or, le projet de loi est muet sur ce sujet, pourtant essentiel.

Le projet de loi fait trop confiance aux grandes surfaces pour faire baisser les prix

Le second problème est celui de la « vente à la gueule du client ». En effet, dire que les négociations commerciales sont libres signifie aussi que les producteurs pourront proposer des prix de vente différents par enseigne, voire par magasin. Selon le niveau de la négociation commerciale (local, régional, national) et le degré de concurrence des enseignes, les grandes marques pourront jouer sur leur grille de tarifs. Ce qui devrait entraîner à terme un regroupement des forces dans la grande distribution pour éviter de se retrouver marginalisé face à elles. Et, par la même occasion, un écart grandissant entre les prix des grandes surfaces et ceux du petit commerce.

Quant aux mesures envisagées par le gouvernement pour accroître la concurrence, elles peuvent tout aussi bien conforter les positions dominantes acquises. En relevant de 300 à 1000 m le seuil de déclenchement de la procédure d’autorisation des grandes surfaces, les pouvoirs publics espèrent encourager l’arrivée de nouveaux venus dans les zones commerciales actuelles, notamment les fameux « hard discounters », aux prix cassés.

Mais, ce relèvement pourra aussi favoriser les demandes d’accroissement de surface des magasins actuellement installés. Or, la concentration des enseignes est déjà importante : l’UFC-Que Choisir estime que, dans près d’un tiers des 634 bassins de consommation recensés, une seule enseigne dispose d’un quasi-monopole.

En définitive, le projet de loi fait reposer sur la grande distribution tout l’espoir de voir les prix baisser un jour. En supposant que celle-ci accepte de jouer le jeu, les prix de détail augmenteront peut-être moins vite mais ne baisseront pas à court terme, compte tenu de la hausse actuelle des coûts de production. Et puis, une fois que la grande distribution aura fait preuve de retenue, rien ne dit qu’elle ne profitera pas ensuite de sa position dominante pour augmenter un peu ses marges. C’est tout l’inconvénient de confier au chat la garde du pot de crème !

Sur le même sujet lire ou relire dans Bakchich :

Pour lutter contre la hausse des prix, le gouvernement s’apprête à faire sauter le dernier interdit qui pesait sur les relations entre distributeurs et fabricants, les autorisant désormais à renégocier les tarifs es industriels. Mais il ne faut pas en (…)
Le distributeur veut sanctionner des marques qui voulaient augmenter leur prix sur le dos du consommateur. Un coup de pouce au pouvoir d’achat ? Plutôt un coup de pub pour l’enseigne, dont l’image se (…)

AFFICHER LES
7 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Les mammouths de la grande distrib écraseront-ils vraiment les prix ?
    le dimanche 25 mai 2008 à 09:46, phil312 a dit :
    comment peut on encore entrer dans une grande surface français j’en appel a votre bon sens les grandes surfaces controlent la vie economique de notre pays et en plus il se moque de nous en nous mentant .ces gens la ont besoin d’une leçon,dessertez leurs magasins ,vous n’immaginez pas la panique que cela va provoquer ;je suis sur qu’ils prendront conscience que nous ne somme pas du betail sans cervelle . quelle leçon nous leur donnerions !
  • Les mammouths de la grande distrib écraseront-ils vraiment les prix ?
    le dimanche 4 mai 2008 à 17:29, Beaumarchais a dit :
    Avez vous vu BRAZIL de Terry GILLIAM ? pas encore, eh bien observez ce gouvernement, c’est la version Boulevard de cette ouvre prophétique ! Loi sur la modernisation, ils sont extraordinaires nos ministres…Ils ont refait le coup du technicien de surface, pour homme de ménage et autres appélations "langue de bois" pour endormir le challand ! Ce projet, n’est qu’un blanc-seing pour mettre à mort, les petites superettes, les commerçants indépendants et avaliser les franchises, les distributeurs… Uniformisés nous consommerons obligatoirement chez un groupe et qui peut se targuer de connaître à quel groupe est rattachée une enseigne ? Comment dés lors "boycotter" ? comment agir pour faire jouer la concurrence lorsque elle n’est déja plus que façade. Nous avons tort de penser que notre Président est maladroit, il sait ce qu’il fait et pour ceux qui l’ont appuyé il reste redoutablement efficace. Renvoyant l’ascenseur sur l’échafaud de nos illusions de travailler davantage pour gagner plus ( m’a bien fait rire celle là, et mes clients aussi ; même ceux qui sont à l’ISF) il orchestre une confiscation progressive mais implacable et très méthodique de nos espaces de responsabilité ( l’on peut dire aussi liberté…mais cela fait encore plus mal) En arriver à présenter ce projet révèle en quel mépris sont tenus les citoyens, élécteurs ou non. La chasse est ouverte…aux pigeons bien sur ! mais pas qu’eux…
  • Les mammouths de la grande distrib écraseront-ils vraiment les prix ?
    le dimanche 4 mai 2008 à 13:50, elbé a dit :

    Il y a, en France, un mouvement qui se développe : "Pour défendre notre pouvoir d’achat, évitons les supermarchés".

    De nombreux villages en France se retrouvent sans commerce. Un à un, les commerces de proximité ferment et quand ils sont remplacés, c’est par une boutique franchisée (ou une agence bancaire).

    Dans leur course aux profits immédiats, les supermarchés (et leurs supérettes) font exploser la cohésion sociale et minent l’emploi des territoires, ici comme à l’autre bout du monde.

    En amont des filières, cette mécanique économique infernale est également sans pitié pour les paysans. La domination de la finance sur l’économie mondiale désertifie les centre-villes et paupérise les campagnes.

    Pour les habitants à mobilité réduite et pour tous ceux qui n’auront bientôt plus les moyens de se déplacer en voiture, cela va devenir compliqué de faire les courses.

    Et, une fois arrivé au supermarché, il faudra choisir entre se serrer la ceinture ou ne pas être trop regardant sur l’origine et la qualité de la nourriture proposée.

    C’est en achetant chez des commerçants responsables des articles qu’ils proposent, connaissant leur origine et la manière dont ils ont été conçus, que l’on défend tous les jours notre pouvoir d’achat, nos emplois et l’accès de tous à une nourriture de qualité.

  • Les mammouths de la grande distrib écraseront-ils vraiment les prix ?
    le jeudi 1er mai 2008 à 12:00, Dalma a dit :
    Les seuls qui seront écrasés (outre les quelques commerces de proximité qui ont encore le culot d’exister) seront les fournisseurs - en dehors des très gros.
  • Les mammouths de la grande distrib écraseront-ils vraiment les prix ?
    le mercredi 30 avril 2008 à 20:50

    Vous écrivez "…le gouvernement affirme qu’elles sont prises pour accroitre la concurrence et faire baisser les prix. Mais là, il risque fort d’être déçu."

    C’est pas le gouvernement qui va être déçu ! il a suffisamment de pognon pour ne pas connaitre le prix de la farine et du pain.

    Bonne suite

0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte