Pour lutter contre la hausse des prix, le gouvernement s’apprête à faire sauter le dernier interdit qui pesait sur les relations entre distributeurs et fabricants, les autorisant désormais à renégocier les tarifs es industriels. Mais il ne faut pas en attendre de baisses de prix
Depuis 1996, la loi Galland interdit toute négociation des tarifs inscrits dans les conditions générales de vente des fournisseurs. ce qui fait que tout le monde est soumis au même tarif. Cette situation confortable était assez bien vécue par les parties en présence. Mais les choses ont changé et le gouvernement concocte un projet de loi cassant la loi Galland.
A l’origine de cette éventuelle révision déchirante, un emballement médiatique sans précédent.
La publication par 60 millions de consommateurs fin février d’une enquête montrant que les produits laitiers et céréaliers avaient augmenté de 5 à 48 % entre octobre 2007 et janvier 2008 dans 5 grandes enseignes, met le feu au poudre. Ces chiffres font aussitôt la une des JT de 20 heures et la ministre de l’économie, Christine Lagarde, va elle-même inspecter quelques étiquettes dans un hypermarché.
Début mars, la Direction de la concurrence et de la consommation (DGCCRF), à Bercy, mobilisée en urgence, rend un verdict plus clément, mais tout de même inquiétant : les produits incriminés n’auraient augmenté que de 11,5à 18,2 %.
Puis, l’Insee (l’institut national de la statistique) communique ses résultats mensuels : sur un an (de février 2007 à février 2008), les prix dans la grande distribution ont augmenté de 4,6 %, soit 1,8 point de plus que l’ensemble des prix de détail.
Chiffre confirmé le 21 mars par le tout nouvel Observatoire des prix et des marges des produits de grande consommation, qui évalue la hausse à 4,7 % sur la même période, dont 5,5 % pour les seuls produits frais. Cette fois, c’est clair, même si les prix n’explosent pas, ils dérapent ferme.
L’enquête de la DGCCRF montre que les hausses sont dues à la fois aux fabricants et aux distributeurs. Par exemple, les premiers ont augmenté le prix de leurs yaourts de 7,6 % alors que la hausse du prix de leur matière première, le lait, justifierait une hausse de 4 % seulement. Quant aux seconds, ils ont augmenté leurs prix de vente aux consommateurs de 7,1 % en moyenne, alors qu’ils ont « subi » des hausses de prix de 6,7 % de la part de leurs fournisseurs. Autrement dit, les industriels comme les distributeurs ont augmenté leurs marges.
Malgré cette analyse, dés la loi Chatel du 3 janvier 2008, le gouvernement a choisi de faire le jeu de la distribution. Il leur a permis de répercuter aux consommateurs la totalité (et non plus 15 % seulement) des compensations financières reçues des producteurs pour services rendus (bonne mise en place de leurs produits dans les rayons, obtention de têtes de gondole, figuration de leurs produits dans les prospectus publicitaires qu’ils diffusent, etc.), ce qu’on appelle les « marges arrières ».
Dans quelques jours, le gouvernement risque d’autoriser, en plus, les distributeurs à négocier librement les prix proposés par les industriels. Quelles en seront les probables conséquences ?
Tout cela revient à admettre que seuls les distributeurs sont capables de lutter contre la vie chère. C’est eux qui doivent faire plier leurs fournisseurs. D’où, probablement, un rôle accru de leurs centrales d’achat déjà surpuissantes. Seules les grandes marques pourront résister, les petits producteurs indépendants, déjà bien malmenés, n’auront le choix qu’entre le dépôt de bilan et leur rachat par les plus gros.
Ensuite, sur la base de prix d’achat moins élevés, rien n’empêchera les grands distributeurs d’augmenter quand même leurs marges. Selon la DGCCRF, l’exemple du jambon n’incite pas à l’optimisme. En trois mois, les cours du porc ont baissé de 8 %. Les producteurs de jambon ont baissé leurs prix de 3 %. Mais les distributeurs n’ont pas répercuté cette baisse, ils ont même augmenté leurs prix de vente aux consommateurs de 0,6 % !
Qui va contrôler ces dérives ? Tabler sur la concurrence entre les grandes enseignes est illusoire : dans 60 % des « bassins de consommation » définis par Asterop, une société de marketing spécialisée, une seule enseigne domine le marché local avec une part de marché dépassant 25 %.
En supposant que les grandes surfaces jouent le jeu, elles ne pourront que limiter la hausse et non faire baisser les prix. Dans un entretien à La Tribune du 25 mars dernier, Michel-Edouard Leclerc, patron de la chaîne à son nom, confirmait que, s’il a les coudées franches pour négocier librement ses tarifs dès le mois de mai, il n’augmentera ses prix que de 2 % au second semestre au lieu de 4% au premier.
Autant dire que le gouvernement n’a guère chance de faire baisser les prix en 2008. Les marges des distributeurs risquent de gonfler.
Lire ou relire dans Bakchich :
konebien savez vous que chaque fournisseur disposent de tarifs différents selon la quantité vendue, les délais de livraisons demandés, le poids réel…le prix unique cela n’existe plus depuis des années.
La réalité est tout autre…la puissance d’achat de nos compères monopolistiques est telle qu’ils imposent des prix d’achats mais sont libres sur leurs prix de vente.
Simple mon cher Watson et limpide.
Moins de Leclerc et autres amis (4) et l’économie France repart.
Beaucoup d’encre sur les grandes surfaces.
Un seul constat il détiennent un monopole.
Par ailleurs il est faut de parler de prix encadrés car les prix sont et restent libres seules les marges arrières…posent problèmes. Leclerc ne parle pas pour un groupe car il n’en possède aucun mais pour des indépendants spécialisés dans le moche, le bas de gamme vendus cher comme chez les autres.
Ce qu’il faut c’est de la concurrence avec de vrais boulangers, de vrais bouchers, de vrais charcutiers pas des marchands de soupes qui importent du bout du monde des produits malsains, dangereux et qui coûtent chers à la société en perte d’emplois, en pollution, en manque de qualité…