Ignorant avec superbe le regard acrimonieux que les opinions publiques européennes posent sur la Chine, les dirigeants de l’Empire du Milieu poursuivent impassiblement leur route. Dernière initiative en date : un planté d’arbres par le bureau politique et le président Hu Jintao, à Pékin.
Attention, scoop de la vénérable agence de presse chinoise Xinhua ! Le 5 avril dernier, elle titrait en Une « Les dirigeants chinois plantent des arbres à Beijing ». Et ce n’était pas une plaisanterie puisque le premier de ces jardiniers en herbe n’était autre que « l’aimable » président de la République Populaire de Chine en personne, Hu Jintao, accompagné de ses camarades de bac à sable préférés, à savoir l’ensemble du Bureau politique.
Pantalons et petites vestes noirs, chemises blanches ouvertes sans cravate, chaussures de tennis blanches de rigueur et armés de pelles, les sieurs Wu Bangguo, Wen Jiabao, Jia Qinglin, Li Changchun, Xi Jinping, Li Keqiang, He Guoqiang et Zhou Yongkang – autant dire la crème de la crème du Parti communiste – ont planté chacun un arbre dans le Parc forestier olympique. Sur 680 hectares, situé au nord de Pékin, cette forêt « naturelle » n’a vu le jour que grâce au bon vouloir des dirigeants chinois.
Figurant dans le top dix des villes les plus polluées de la planète, la capitale chinoise se meurt de ne pas respirer. À grands renforts de campagnes de relations publiques et de communication, le pouvoir central a fait de la lutte contre la pollution l’un de ses nouveaux chevaux de bataille. Il a créé un super-ministère dédié aux questions environnementales en modifiant le statut de l’Agence nationale pour la protection de l’environnement, la SEPA.
Exclue de la gouvernance chinoise par le passé, comme dans nos chères démocraties occidentales, la question de l’environnement rentre par la grande porte dans les affaires de l’État chinois. Toutefois, si la position administrative de la SEPA s’améliore, il va de soi qu’elle restera marginalisée par rapport aux autres ministères qui s’occupent des affaires économiques, militaires et sécuritaires.
Résultat, le plan d’action vert pour les Jeux Olympiques devrait pourtant s’intensifier quelques semaines avant le coup d’envoi des JO. Environ 200 usines polluantes ont déjà été démantelées pour être reconstruites loin de la capitale. Les sites en construction à Pékin devront cesser toute activité le 20 juillet pour les plus polluants, mais les autres, les petits polluants, pourront se poursuivre.
Quant à la moitié des trois millions de voitures qui circulent dans la capitale, elles seront tout simplement interdites de circulation pendant deux mois à compter de la mi-juillet. Qui décide de la fermeture des chantiers pollueurs ? Mystère et boule de gomme, mais une voix experte et aigrie chuchote que ces chantiers auraient déjà dû être suspendus l’année dernière et les grues avoir disparu du paysage urbain.
Malgré ce petit loupé, ces initiatives écologiques ne pouvaient guère laisser indifférent l’ex-président français, Jacques Chirac. En bon apôtre éclairé par une divine illumination, notre Al Gore national avait déjà pondu en mai 2001 le concept « d’écologie humaniste » qui sied aujourd’hui à merveille à la Chine du Hu Jintao.
Cette marque de fabrique estampillée Chirac permet même à l’Ex d’entamer une nouvelle carrière de VRP vert pour un « monde meilleur ». Il aurait ainsi dû prêcher le 25 avril à Shanghai lors de la conférence internationale « des ressources culturelles pour un développement durable ». Un court passage par Pékin aurait même été le bienvenu, où il aurait pu expliquer aux petits enfants de la maternelle et du primaire de l’École française pourquoi, lors des pics de pollution quasi-quotidiens, ils ne doivent pas jouer dans la cour de récréation. Mais son déplacement a été annulé en raison des récents ennuis de santé de l’ex-président.
Pour repondre au commentaire precedent, "ben" l’article parle specifiquement de Pekin, alors pourquoi vouloir toujours elargir le debat a toute la chine ??? la question de la delocalisation d’usine polluante est a ma connaissance une specificite pekinoise (ou si ce n’est pas le cas, il faut donner des chiffres, "beaucoup" ne suffit pas).
Je pense que l’article est assez clair sur la question de la tentative de reprise en main recente de la question ecologique au plus haut sommet de l’etat. Cette question n’est en soi pas si complexe, pourquoi la complexifier a chaque fois parce que c’est la chine ??? la Chine a connu au cours des dernieres decennies une industrialisation intense (et qui a toujours lieu). les dirigeants chinois ne prennent en compte que depuis recemment l’impact sur l’environnement (qui est enorme) , et le nouveau super-ministere devra faire ses preuves, car la SEPA a maintes fois prouve son ineficacite.
Effectivement il faut encourager la chine a continuer dans la voie ou elle s’est engagee (c’est a dire reprendre en main la question ecologique), mais il faut etre egalement etre realiste par rapport a ce qui est fait (pour l’instant pas grand chose) et aux moyens mis en oeuvre (tres limite).
Environ 200 usines polluantes ont déjà été démantelées pour être reconstruites loin de la capitale.
En fait d’efforts dérisoires comme le mentionne le dessin, 200 usines ce n’est pas tout à fait rien. D’autant que parmi elles, se trouve un ensemble sidérurgique de la taille de 2 ou 3 fois celui de Fos sur Mer !
Pour réduire la pollution en France on a un truc imparable : on envoie nos usines en Chine. Facile d’en rire !