Mon beauf, ça le chiffonne que son abonnement de portable lui coûte une fortune alors qu’il a changé exprès d’opérateur. Et ça le soulage de voir "Que Choisir" dénoncer ces pratiques abusives sauf que ça change pas grand-chose pour lui.
Bruno, mon beauf, y’a un truc qui le chiffonne. Son abonnement de portable lui coûte une fortune alors qu’il a changé exprès d’opérateur l’an dernier et son banquier continue, tout sourire, à lui pomper tous les mois des « frais de gestion » à son insu. Alors, évidemment, ça le soulage de voir Que Choisir dénoncer régulièrement ces pratiques abusives sauf qu’en pratique, justement, ça change pas grand-chose pour lui.
En France, les associations de consommateurs sont cantonnées à un simple rôle de dénonciation. Elles n’ont aucun moyen de poursuivre en justice les entreprises qui sortent des clous. Autant dire que leurs coups de gueule répétés sont accueillis avec un brin de condescendance par les entreprises qui abusent. Pourtant, tu me diras, le gouvernement a organisé la semaine dernière les « Assises de la consommation » censées renforcer le mouvement consumériste.
Mais le bilan laisse songeur. Les deux principales associations de défense des consommateurs, UFC Que choisir et la CLCV (consommation, logement, cadre de vie) sont parties en claquant la porte. Alors que le mouvement consumériste souffre de son émiettement (17 associations officiellement reconnues, la majorité issue des syndicats ou du mouvement familial), rien n’a été fait lors de ces assises pour renforcer les deux associations généralistes. A croire que cet éclatement en arrange certains. « Le Medef, dont on a eu la nette impression qu’il co-organisait ces assises, n’a cessé de dire que cela permettait que toutes les sensibilités soient représentées. Et pourquoi pas 17 Medef ? » s’interrogeait à la sortie Thierry Saniez, délégué général de la CLCV.
Ce qui a surtout rendu furax les associations, c’est le recul, une fois de plus, du gouvernement sur les actions de groupes. Ces procédures permettent aux consommateurs de se regrouper pour obtenir des dédommagements lorsqu’ils ont subi des préjudices. Après Chirac en 2005, Sarkozy s’était lui aussi engagé à mettre en place un tel système. Sauf que là, pschitt ! Le projet, pourtant dans la lettre de mission de la ministre de l’Economie Christine Lagarde, a été repoussé aux calendes grecques. « On a assisté à un enterrement de première classe (action) », ironise Cédric Musso, chargé des relations institutionnelles à l’UFC Que Choisir. « Lagarde a brandi à nouveau le chiffon rouge des class actions américaines. Elle s’est bien gardé de dire que ce n’est pas du tout ce qu’on demande et que des modèles européens existent déjà qui évitent les dérives du système US( où les consommateurs sont poussés par des avocats payés au pourcentage à intenter des actions pour tout et n’importe quoi) ».
Pour Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, en pointe sur le sujet au sein du Modem, les raisons d’une telle reculade sont claires : « Le Medef a posé son véto. Le gouvernement s’est couché ».