Dans "La banque", Marc Roche, journaliste au Monde, explique comment Goldman Sachs ponctionne les pauvres qui ne paient pas d’impôts.
« T’as vu, le Nouvel Obs est devenu fou, il préconise la nationalisation des banques ! » Mon beauf n’a jamais su faire la différence entre l’intransigeant Serge Halimi, patron du Monde diplomatique, et Jacques Julliard, un universitaire accommodant qui assure la corédaction en chef de l’Obs. Sauf que, cette fois-ci, il ne s’est pas trompé. Cet été, Julliard le social-démocrate préconisait « la nationalisation, au moins partielle, du système bancaire ». J’ai dit à mon beauf que ce n’était pas si stupide, et il m’a balancé : « T’es comme ta soeur, t’as toujours été un stalinien. » Il est comme ça, mon beauf.
Alors je lui ai offert la Banque, de Marc Roche, pour qu’il se rende compte à quel point Goldman Sachs, la référence en la matière, se fout de l’intérêt général. Comme le raconte l’auteur, Goldman Sachs peut aider la Grèce à s’arranger avec ses comptes tout en spéculant contre elle. Elle n’hésite pas non plus à embaucher les anciens commissaires à la concurrence européens pour bénéficier de leurs entrées dans l’institution. En pleine crise, en vertu du principe qu’il faut transformer les bénéfices en bonus et les pertes en impôts, son ancien président, devenu secrétaire du Trésor américain, avait demandé les pleins pouvoirs pour acquérir les 700 milliards de dollars (540 milliards d’euros) d’actifs vérolés des banques. Une paille. Roche, journaliste au Monde, explique comment Goldman Sachs ponctionne les pauvres qui ne paient pas d’impôts.
À Berlin, en 2004, la banque achète 66 000 logements sociaux. Le lendemain, elle demande de revoir les loyers à la hausse, « faute de quoi elle traînerait en justice [un ministre berlinois] pour corruption » ! Pas intimidé, l’élu teuton, fort du soutien de l’opinion, « accuse l’établissement de tentative flagrante d’extorsion de fonds » et réussit à faire reculer la banque. À chaque page, une info donne envie de nationaliser Goldman Sachs. Apparemment, ça a plu à mon beauf : « Quand il saura ça, Sarko va réagir. Merci pour le bouquin. » De rien, vilain stalinien !