Un invité discret au festival du Cac 40, le soir de l’élection du grand président Sarkozy : Henri Proglio
La grande presse l’a déjà mentionné : la petite fiesta sarkozyste organisée au Fouquet’s le soir du 6 mai ressemblait plus à un conseil d’administration du CAC 40 qu’à un bureau politique tant les grands patrons se bousculaient à la table du nouveau président : François Pinault, Bernard Arnault, Arnaud Lagardère, Martin Bouygues, etc.
Mais aucune gazette n’a noté qu’un seul grand patron est resté jusqu’au bout de la nuit en compagnie de Sarko et de ses plus proches : Henri Proglio, le patron de Veolia Environnement, l’ancienne Générale des Eaux. La preuve en image figure dans le numéro de Paris-Match suivant l’élection, même si le magazine s’est bien gardé de porter son nom à la connaissance de ses lecteurs. Le cliché montre l’ancien premier flic de France devenu président, entamant un pas de danse (de sirtaki précise Match) devant sa femme assise dans un profond canapé au Fouquet’s, dans la nuit du 6 mai. « Devant tous leurs amis réunis, il ne danse que pour une seule personne : Cécilia », écrit le magazine de Lagardère avec son célèbre ton nunuche. Mais les initiés, eux, peuvent également découvrir à l’arrière-plan du même cliché, un personnage qui pourrait faire couler beaucoup d’encre au cours du quinquennat qui s’annonce. Cravate jasmin, chemise blanche et regard fixe, Henri Proglio se délecte de la joie du président victorieux. Et on comprend pourquoi. Spécialiste de la distribution d’eau, la gestion des déchets, les transports de voyageurs et la fourniture d’énergie, Proglio vit de l’État et de ses dépendances. Et dans des proportions beaucoup plus gargantuesques que l’autre pote milliardaire de Sarko, le yachtman Vincent Bolloré !
Ce soir-là, au Fouquet’s, dans l’intimité du nouveau locataire de l’Élysée, Proglio est donc aux premières loges du festin des fauves qui s’annonce. De quoi désespérer son grand concurrent en France Suez, l’ex-Lyonnaise des Eaux, dirigé par Gérard Mestrallet, proche du PS et donc hors-jeu pour cinq ans !
Reste la question centrale pourquoi donc Proglio a-t-il été admis dans le cénacle des intimes du président ? Jusqu’ici aucun ouvrage, pas le moindre article de presse n’avait cité son nom parmi les proches de Sarko, à part dans Bakchich (cf. Proglio roule pour Sarko in Bakchich # 1). La réponse est justement dans Paris-Match.
Le magazine people publie en effet une deuxième photo cadrée différemment où l’on aperçoit très discrètement le roi des marchés publics, épaule contre épaule avec la porte-parole de la campagne du candidat UMP, Rachida Dati, la star montante du sarkozysme. Ainsi donc, Henri Proglio doit-il sa présence aux agapes présidentielles aux relations visiblement étroites qu’il entretient avec la jeune femme. Une femme au cœur du pouvoir ? Ça ne peut pas être mauvais pour les affaires.
Sacrée révélation politique de la campagne, Rachida Dati a l’oeil noir et vif, et selon tous les témoignages, un culot d’enfer. Elle devient garde des Sceaux, alors qu’un autre sarkozyste de longue date, l’avocat Patrick Devedjian, 62 ans, en rêvait depuis toujours. Anecdote fondatrice : en 1989, elle s’invite à une réception de l’ambassade d’Algérie avec l’intention de rencontrer Albin Chalandon, le garde des Sceaux de l’époque, pour qu’il l’« aide à trouver un job ». Il lui dégotera un stage de comptable chez Elf, loin d’imaginer que, dix-huit ans plus tard, elle occuperait son bureau place Vendôme. Dans l’intervalle, Rachida Dati sera cooptée par les réseaux patronaux, qui cherchent à faire grandir des talents chez les Français d’origine immigrée. Jacques Attali, Henri Lachman, Henri Proglio, ou encore Jean-Luc Lagardère, ne tarissent pas d’éloges sur leur protégée.
C’est le gouvenrment du GAG40 !