Ni argent, ni retour flamboyant pour Bernard Tapie
Lundi dernier, quand les sages de la Cour de cassation ont laissé tomber leur verdict, Nanard n’a pas seulement vu tout d’un coup la fortune lui passer sous le nez. Il a également dû faire son deuil du beau plan de com’ qui devait lui redonner toute sa place dans l’élite des gens qui compte à Paris. Pauvre Nanard, ruiné et toujours rejeté – au moins pour le moment - par l’establishment ! Rien à voir avec le scénario rose, initialement prévu.
Retour, il y a un an, en septembre 2005. La Cour d’appel vient de condamner le CDR, c’est-à-dire l’Etat à lui verser la somme extravagante de 135 millions d’euros. Les juges considèrent alors que le Crédit Lyonnais, ex-banque publique, avait comploté pour faire tomber le flamboyant Nanard en le spoliant dans la vente d’Adidas des années plus tôt, en 1993. Voilà Tapie le magnifique remis à flot !
A Paris beaucoup se frottent les mains. Tapie requinqué avant la présidentielle, c’est l’assurance de le voir jouer le trublion, semer la zizanie à gauche et peut-être même se présenter sous les couleurs du Parti Radical et donc éparpiller les voix socialistes. C’est du moins le rêve du camp d’en-face. Et particulièrement celui de Nicolas Sarkozy. Lorsqu’il tenait Bercy, Sarko n’avait-il pas déjà tout fait pour faciliter une médiation entre l’Etat et l’ancien patron de l’OM, pour remettre ce dernier en selle ?
Tout est fait à ce moment-là pour faciliter son retour au premier plan. Il sera éclatant, pense-t-on dans les salons, lorsque la Cour de cassation confirmera sa bonne fortune. Les éditions Grasset, l’éditeur des directeurs de journaux, des politiques et plus généralement de tout ceux qui comptent dans la bonne société, décident même de lui donner un coup de pouce sous forme de plan de com’ inespéré pour un ancien taulard : lui consacrer enfin une biographie élogieuse.
Facile, le matériel est déjà presque près ! Il y a douze ans, au moment de la chute de l’homme qui faisait Paris-Béthune à la vitesse de la lumière, Grasset avait déjà publié un livre sur Tapie. Ecrit par Valérie Lecasble et Airy Routier, deux journalistes « sûrs », de la race de ceux qui savent ce qu’il est de bon ton de penser sur les uns et les autres en fonction de la conjoncture du moment. L’ouvrage, intitulé Le Flambeur, était certes écrit dans le ton de l’époque. Donc anti-Tapie. Mais, idée de génie comme il n’en germe qu’à Saint-Germain-des-Près, il suffit de réactualiser ce vieux livre, gommer les aspects les plus sombres du personnage et l’affubler d’un titre plus élogieux et le tour est joué. Le Flambeur, rebaptisé après toilettage Le Phénix devait donc sortir juste après que les hauts dignitaires de la Cour de Cassation aient confirmé la fortune retrouvée de notre Nanard national. Las ! la réhabilitation attendra. Le jour même de la défaite judiciaire de Tapie, Grasset a fait tomber le couperet. Exit la nouvelle bio acidulée du « phénix ». Suspendue sine die. A terre,Tapie ne sert plus à rien. La dure loi du pouvoir version Saint-Germain-des-Près.