Le plus beau décolleté de la philosophie française, Bernard-Henri Lévy, a dans sa trépidante vie trimbalé sa chemise de par le monde. Et ô surprise, a un jour croisé l’un des leaders des Farc récemment assassiné. Quel homme…
Il fut un temps, pas si lointain, où Super Sarko promettait de régler tous les problèmes qui pouvaient survenir en France. Malheureusement, une fois installé à l’Élysée, il n’a jamais osé ouvrir un numéro vert pour qu’on puisse lui transmettre nos petits soucis de tous les jours. Ce sera peut-être pour plus tard, quand il aura digéré la baffe qu’il vient de prendre – pardon, le « rééquilibrage » – aux élections municipales.
Dans un autre genre, un autre génie de notre temps nous explique régulièrement qu’à défaut de pouvoir résoudre toutes les crises internationales, il en saisit toutes les subtilités mieux que quiconque. On veut parler évidemment de notre ami Bernard-Henri Lévy. Cet aventurier intrépide qui n’hésite pas à passer d’un palais marocain à une villa de Saint-Tropez en passant par un hôtel de luxe parisien en faisant fi des grands risques encourus. Cet écrivain auprès duquel Céline ou Proust sont des nains, ce philosophe que Kant aurait certainement aimé fréquenter pour pouvoir peaufiner son œuvre, bref, ce génie, nous aide à décrypter le monde grâce à son Bloc-Notes dans Le Point, l’hebdo appartenant à son bienfaiteur François Pinault.
BHL nous avait habitué dans le passé à quelques voyages particulièrement joyeux : on l’a vu planqué derrière un muret en Bosnie à l’abri de balles imaginaires, on a lu dans un de ses « romanquêtes » ses pérégrinations dans des rues de Londres et des quartiers d’Islamabad connus de lui seul puisque personne d’autre n’a réussi à les localiser précisément. On apprend ces jours-ci que notre ami s’est aussi promené dans la forêt amazonienne. Si, si. Puisqu’on vous dit que rien ne lui résiste.
Sous le titre un rien modeste « Quand j’interviewais le chef des Farc » abattu par ses « companeros », BHL, ce mélange de Joseph Kessel, d’Albert Londres et de Joseph Pulitzer, nous raconte qu’il avait rencontré Yvan Rios en février 2001 « quelque part à la frontière des provinces de Caldas et d’Antioquia ».
La presse, qui, comme chacun sait, ne vérifie jamais ses informations, « dit qu’il avait 40 ans. Dans mon souvenir, il en avait un peu plus ». Merci, Bernard, de rétablir la vérité avec une telle précision. Bon alors cet Yvan Rios ? Eh bien, grâce aux confidences de BHL, on apprend que ce guerillero « cultivé » lisait Althusser et Bettelheim. Qu’il a raconté à notre ami « l’enchaînement de circonstances » qui le conduisirent à rejoindre les FARC. Mais notre grand philosophe, écrivain et baroudeur ne nous les donne pas. Un oubli ou un manque de place ?
Heureusement, il nous donne des informations particulièrement utiles. « Rarement dans ma vie, j’aurai eu, à ce point, le sentiment d’une rationalité devenue folle ». Oh Bernard ! N’était-ce pas le cas quand des producteurs ont mobilisé quelques millions d’euros pour permettre de vous lancer dans le cinéma avec le succès que l’on sait ? Manque tout de même l’essentiel dans le récit sur les FARC : supporte-t-on bien la chemise blanche ouverte jusqu’au nombril dans la forêt amazonienne ? Trouve-t-on de quoi faire un brushing chaque matin ? Nous attendons impatiemment que notre baroudeur nous donne ces informations.
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Bof…je pense que lorsqu’on estime devoir donner des leçons de rigueur, il faut être rigoureux soi même. Si l’auteur de l’article estime que ce pauvre BHL n’a jamais mis les pieds en Amazonie et qu’il a tout bidonné, il doit le dire. La méthode du sous-entendu me semble franchement déplaisante. En plus, elle n’apporte rien.
Peut (et doit) mieux faire, donc.