Georges Lebbos a fait tomber l’assassin présumé du préfet Erignac mais risque de se retrouver aux assises, tel un vulgaire terroriste
Jugé depuis la mi-novembre devant la Cour d’assises de Paris, Yvan Colonna, le meurtrier présumé du préfet Erignac, n’a jamais été aussi proche de la perpétuité. Mais son principal accusateur, l’ancien commandant de police de la DNAT, Georges Lebbos, pourrait bien, un de ces jours, se retrouver à son tour dans le box des accusés de cette même Cour d’assises ! Drôle de retour de bâton pour l’âme damnée de Roger Marion, l’ancien et très controversé chef de la Division nationale anti-terroriste, qui a mené pendant près de dix ans, la plupart des investigations à charge contre le berger corse… Lebbos, 49 ans, aujourd’hui recasé aux RG, est en effet la cible d’une plainte pour « faux et usage par personne dépositaire de l’autorité publique », une infraction considérée depuis peu comme un crime et donc passible des assises. Déposée en juin dernier par son ex-compagne Marie-Agnès L., une fliquette parisienne, la plainte avec constitution de partie civile a déjà entraîné l’ouverture d’une information judiciaire et les bœufs-carottes de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont commencé leur enquête. La mise en examen du « héros » de l’affaire Erignac, est donc inéluctable. Enfin bon, il restera néanmoins présumé innocent jusqu’à un éventuel jugement.
À l’origine de l’affaire, une drôle d’entourloupe réalisée en marge de l’enquête contre Colonna. Chargé de retrouver le berger corse alors en fuite dans le maquis, Lebbos en avait profité pour rédiger une réquisition adressée à France Télécom dans un tout autre objectif… simplement pour retrouver le numéro de téléphone de son ex-compagne en la faisant passer pour impliquée dans la cavale du Corse ! Marie-Agnès L. venait en effet de quitter l’as de l’anti-terro. Sans laisser aucune adresse mais juste une plainte pour violences conjugales. « Il était très violent » tient à préciser aujourd’hui Marie-Agnès L., forte de la condamnation en première instance de Lebbos à six mois de prison avec sursis. Cocasse pour celui qui est présenté par les autorités anti-terroristes comme un flic d’élite.
Georges Lebbos a fait appel. Et l’audience définitive a opportunément été fixée au 17 décembre prochain, soit cinq jours après la fin du procès Colonna. Il aurait été du plus mauvais effet que le flic qui avait, le premier, recueilli les aveux d’un membre du commando responsable de l’assassinat du préfet, soit un repris de justice condamné définitivement pour « violence ». Les avocats corses ne se seraient pas privés d’insinuer que les aveux auraient pu être réalisés sous les coups…
Toujours en guerre contre son ex-compagnon, Marie-Agnès L. le poursuit maintenant au pénal pour la réquisition, qu’elle estime être un faux. A l’époque des faits, il y a quatre ans, cette policière, justifiant du grade de brigadier-major, avait déjà saisi la police des polices. Mais les bœufs-carottes s’étaient montrés trop magnanimes à son goût, n’adressant à Lebbos qu’un simple avertissement. Bien décidée à obtenir un châtiment plus à la hauteur de la faute alléguée, Marie-Agnès L. vise donc maintenant les assises pour le héros de l’enquête Colonna. Décidément trop injuste !
Beaucoup de monde aimerait bien écrire un commentaire…..mais j’imagine que la peur du traçage informatique décourage………..
Dommage car cette histoire parait bien emblématique des dysfonctionnements de l’institution policière et des accointances (acoquinages ?) polico-polièro-judiciaire.
Des actes qualifiés crimes (faux par dépositaire de l’autorité publique) ne font, non seulement pas l’objet d’une prolongement judiciaire, mais en plus ne reçoivent comme sanction disciplinaire qu’un avertissement (la plus faible des sanctions).
Pour arriver à un tel résultat il faut bien une large mansuétude et une forte connivence de la part des autorités chargées de ce dossier. Ainsi à l’époque nous avons donc :
* une juge d’instruction -Laurence Le Vert- qui accepte sans broncher que l’on "utilise" son instruction à des fins personnelles.
* un "complexe" politico-policier (le ministre de l’intérieur s’appelait Nicolas Sarkozy et le directeur général de la police nationale Claude Guéant) qui n’inflige qu’un avertissement. Il faut préciser que pour les officiers de police, la sanction est matérialisée par un arrété du ministre : Sarkozy et Guéant ont donc vu et signé ledit arrété. Et ici on peut s’interroger sur la non-utilisation de l’article 40 du code de procédure pénale qui oblige tout fonctionnaire à informer la justice d’infraction pénales dont il a connaissance. S’agissant de faits criminels on n’en est que plus surpris !
Enfin, pour bien prendre la mesure de cette histoire voici la sanction prévue par l’article 441-4 du code pénal qui réprime le crime de "faux ou l’usage de faux commis par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public agissant dans l’exercice de ses fonctions ou de sa mission" : quinze ans de réclusion criminelle et 225000 euros d’amende
C’est à mettre en relation avec la sanction prévue par l’article 226-13 du Code pénal qui réprime le délit de "révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire" (on dit plus simplement "violation du secret professionnel") : un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende.
Et voilà :
* un délit de "violation" = un blame (sanction supérieure à l’avertissement) ; je fais référence à l’affaire récente des deux commissaires de la DCRG
* un crime de "faux" = un avertissement