Le Monde perd la boule avec la langue française quand elle est parlée par Nicolas Sarkozy. Dans le compte rendu publié dans l’édition du 24 septembre, celle qui a suivi la remise du prix « Humanitaire » de la fondation Elie Wiesel à notre bon président (en présence du criminel de guerre Kissinger et du chanteur Jack Lang), Arnaud Leparmentier, envoyé spécial du quotidien de référence à New York, nous livre en page 6 la parole de l’oracle s’exprimant sur la crise financière : « Aujourd’hui, des milliers de gens à travers le monde ont peur, pour leurs économies, leur appartement, l’épargne qu’ils ont mise dans les banques ». .
Plus loin, à la page 12, le même Leparmentier revient et publie une fois encore la phrase de Sarko. Et nous lisons : « Aujourd’hui, des milliers de gens à travers le monde ont peur, pour leurs économies, leur appartement, l’épargne qu’ils ont mis dans les banques. » Ici, Leparmentier écrit le Sarko tel qu’on le parle. Le président de la République Française a bien prononcé : « mis dans les banques » et non « mise dans les banques ». Vous me direz, à une lettre près cet élève moyen décroche le 20 sur 20. Et la philosophie sarkozienne n’est-t-elle pas plus fondée sur le désaccord que sur l’accord. Même la respectueuse « France 2 » ne sachant que faire de cette double boucle piquée grammaticale, a gommé la faute en escamotant la phrase accidentée. Ce n’est pas la première fois que notre président -tant aimé- a des difficultés avec le participe passé, lui qui participe du présent. Mais le président va devoir maintenant compter avec un nouvel ennemi, Le Monde si sa politique éditoriale continue de balancer entre la censure et l’espièglerie. Quand même, pourrait-on demander au papa Guaino, quand il écrit les discours, de souligner au « stabylo » rouge les passages verglacés. Autre solution engager Jack Lang qui, comme son nom l’indique, est un apôtre du langage. Sinon il nous va falloir réveiller l’Académie, Carrère d’Encausse et Max Gallo, ce qui, si l’on en croit la théorie des « ailes de papillon », risque de provoquer un cataclysme en Asie ou aux antipodes.
Ne croyez pas que mon propos soit partisan, voici un autre exemple qui concerne un autre président. Quand en 1988, se rendant compte que ça ne servait à rien de faire comme en 1981 « 174 propositions de gouvernement » pour être élu président, Mitterrand a soldé l’avenir de son projet politique en expédiant une « Lettre aux Français ». Hélas Angelo Rinaldi, déguisé en bandit corse l’attendant au coin du Littré, a écrit pour Libération une terrible critique littéraire du texte sacré. Alors que le rêve de Tonton était celui de Churchill, le prix Nobel de littérature, voilà qu’Angelo extrayait de sa prose « des impropriétés et des barbarismes ». Mitterrand, par exemple, avait utilisé « coupes sombres » au lieu de « coupes claires », ce qui lui faisait dire le contraire de ce qu’il voulait exprimer. Rien, même la remontée en surface de la Francisque, n’a autant vexé le président-écrivain. Peut être serait-il bon de faire passer, aux candidats à l’Elysée, le test de langue que Brice Hortefeux exige des étrangers voulant vivre en France ?
PS. Aux amis qui, immanquablement vont me trouver des poux dans l’écriture, j’annonce qu’après avoir longuement réfléchi, en dépit de ma forte chance d’être élu, j’ai renoncé à la Présidence de la République.
Bonjour,
Entendu régulièrement à la télé Bernard Pivot (donneur de leçon d’orthographe et défenseur de la langue française lol) : il faut aller à la BIBIOTHEQUE ! même ma fille de 5 ans a fait la remarque !
Cordialement,
Alceste
Et les oublis systématiques des négations dans ses multiples interventions télévisées ? Du genre "Il faut pas que…". Je ne sais pas pour vous mais moi ça m’irrite sensiblement. Est-ce qu’un président ne devrait pas être censé montrer un tant soit peu l’exemple ?
En même temps il parlerait un langage d’écrivain philosophe, je resterais tout autant irrité par la petitesse de ses réflexions.
Citation d’Astrid : « Il n’y a pas que des tests sur la grammaire française et la langue Française en Général ».
Ces majuscules bizarres à “Française” et à “Général” ne sont-elles pas aussi des offenses au bon usage de la langue “française” (dans majuscule) ?
"exigées" ? Non, "exigés".
"Française" ? Non, "française".
"en Général" ? Non, "en général".
"qui prétendent vouloir" ? Non, "qui prétendent".
"celle-ci" ? Non, "celles-ci".
"sans que celles-ci ne briguent" ? Non, "sans que celles-ci briguent".
"d’état" ? Non, "d’Etat".
"leurs CV" ? Non, "leur C.V.".
"leurs avoirs leur état" ? Non, "leurs avoirs, leur état".
"physique et psychiatrique" ? Non, "physique et psychique".
Et au fait… "modération à priori" ? Non, "a priori" ! :-))
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