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La chute du faucon noir

Banque Mondiale / mercredi 9 mai 2007 par Babacar Wouetu
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Paul Wolfowitz a bien des soucis. Propulsé directeur de la Banque Mondiale, il est déjà sur la sellette : une malheureuse augmentation de 60 000 dollars qu’il a généreusement arrangée pour sa compagne travaillant dans la même institution lui vaut les foudres de ses employés.

Paul Wolfowitz, ex secrétaire d’État à la Défense, néo-conservateur pur et dur et maintenant président de la puissante Banque Mondiale, a été pris la main dans le sac début avril. Nommé par George Bush en septembre 2005 à la tête de la Banque chargée de sauver les pauvres, le faucon néo-conservateur à l’air sombre avait averti le conseil d’administration de cette vénérable institution que sa nomination créait un conflit d’intérêt : sa compagne, Riza, travaillait au service communication de la section Moyen-Orient de la Banque, ce qui est interdit par les règles déontologiques des institutions onusiennes (dont la Banque fait partie). Le comité d’éthique saisi, une solution avait été trouvée pour la charmante Riza : elle fut détachée par la Banque au State Department (l’équivalent de notre Quai d’Orsay). Ce détachement était irréprochable et conforme à l’éthique de la Banque à l’exception d’un détail : suite à l’intervention de son cher et tendre néo-conservateur, Riza bénéficiait d’une augmentation extraordinaire de 60 000 $ et se retrouvait, avec un salaire mensuel avoisinant les 200 000 $, mieux payée que Condoleeza Rice, sa chef (qui n’était pas dans la confidence et s’est empressée de se débarrasser de cette employée encombrante quand l’histoire s’est sue).

Paul Wolfowitz - JPG - 30.6 ko
Paul Wolfowitz
© Kerleroux

Cette augmentation salariale - que rien de statutaire ne justifiait – finit par être connue dans le petit monde du quartier diplomatique de Washington et aurait pu rester une simple histoire qu’on se raconte à voix basse dans les cocktails. Mais c’était sans compter l’image de champion de la lutte anti-corruption que Paul Wolfowitz s’est forgé depuis son arrivée à la tête de la Banque. Avec le dossier cambodgien, il avait donné le ton dès son premier conseil d’administration et, depuis deux ans, il parcourait le monde en dénonçant au Sud les entreprises corruptrices du Nord et au Nord les gouvernements corrompus du Sud. Stratégie un peu facile et qui commençait à sérieusement indisposer Chinois, Russes, Indiens et… Français ! Paul Wolfowitz avait même présidé à Paris un dîner sur « l’Afrique et la corruption » où la crème des corrupteurs français était présente.

C’était aussi sans compter l’hostilité considérable qu’il a suscitée au sein de la Banque où il a opté pour une stratégie de bulldozer. Il a débarqué le vice-président chargé du Moyen-Orient qui avait eu la mauvaise idée d’émettre des doutes sur l’opportunité d’engager la Banque Mondiale dans la reconstruction de l’Iraq, puis exit le directeur du personnel et quelques autres cadres supérieurs peu accommodants. Les services de la Banque attendaient donc leur président au tournant et ont trouvé l’occasion rêvée avec l’affaire de leur collègue Riza. Paul Wolfowitz se retrouve maintenant dans la situation inédite dans l’histoire de la Banque d’un président confronté à une révolte interne, l’ensemble du personnel ayant publiquement demandé sa démission.

Le « faucon » de George Bush compte maintenant ses amis sur les doigts : quelques ministres africains et George Bush se sont fendus de déclarations de soutien publiques ; Louis Michel, le commissaire au Développement de la Commission européenne, l’a fait aussi mais en « off » lors de sa visite à Washington. Contre lui, Paul Wolfowitz qui s’est adjoint les services de l’avocat de Bill Clinton a tout le personnel de la Banque, les ONG internationales et un conseil d’administration qui n’a pas apprécié ses explications embarrassées sur l’augmentation salariale de sa compagne. Comble de l’ironie : en pleine affaire Forgeard, Thierry Breton a publiquement déclaré que la Banque mondiale devait avoir une « gouvernance irréprochable » ! Heureusement pour lui, la campagne électorale américaine est lancée et il serait difficile à George Bush de trouver un remplaçant au pied levé.

Résultat de cette vengeance tout à fait interne : pour 60 000 $, l’image de la Banque Mondiale est sérieusement écornée, son discours contre la corruption et pour la bonne gouvernance n’a plus aucune crédibilité, l’aide au développement devient un motif de plaisanterie, les néo-conservateurs encaissent un nouveau revers (comme si l’Iraq ne se suffisait pas !), Paul Wolfowitz a perdu sa compagne (elle l’aurait quitté dans le malheur) et l’Oncle Sam montre à la face du monde qu’il a des méthodes d’élu français de province. La chute du « faucon noir » est maintenant programmée.


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1 MESSAGES

Forum

  • La chute du faucon noir
    le lundi 14 mai 2007 à 00:15

    un salaire mensuel avoisinant les 200 000 $

    hmmm, un peu énorme tout de même. On ne parle pas d’un salaire annuel là ?

    Enfin, cela n’enlêve rien a l’indécence de cette situation.

    Ce qui après recherche semble être le cas (désolé pour la source en anglais) : http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/03/27/AR2007032701953.html

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