Alors que les Jeux olympiques débutent dans moins de sept mois en Chine, l’Empire du Milieu est en proie à une vilaine épidémie de tuberculose. Côté officiel, c’est bien sûr motus et bouche cousue.
Le constat de l’Organisation mondiale de la santé (OMC) est sans appel. « L’harmonieuse » République Populaire de Chine fait face à une grave épidémie de tuberculose, la maladie du pauvre par excellence. Les chiffres donnent le tournis : entre 4 et 5 millions de cas déjà recensés ; 1,3 million de contamination par an et 130 000 morts chaque année.
La recrudescence de cette maladie s’explique avant tout par les conditions déplorables dans lesquelles vivent une majorité de Chinois, notamment dans les zones rurales. Au menu de leur quotidien : pauvreté, promiscuité, sous-alimentation (un bol de riz par jour ne nourrit pas son homme), analphabétisme et ignorance du minimum sanitaire. Le tout forme un cocktail socio-économique propice au développement exponentiel du bacille tuberculeux.
Mais il y a plus grave. En dépit des vingt années d’existence d’un programme national de lutte et d’éradication de l’épidémie de tuberculose, l’opacité des suivis médicamenteux des malades et l’irrégularité de la prise des traitements ont engendré une nouvelle communauté de patients. Leur principale caractéristique ? Leur tuberculose résiste à tous les traitements existants.
Dans le jargon médical on parle de tuberculose multirésistante et plus précisément de « TB MDR » pour tuberculose Multi-Drugs ResisTance. Selon le ministère chinois de la Santé qui préfère s’exprimer en « off » sur le sujet, le quart de la population TB MDR dans le monde (300 000 cas) se trouve en Chine. Bigre ! Et les chances que la situation dégénère sont élevées quand on sait que la tuberculose est une maladie hautement infectieuse qui se transmet par l’air.
Si les autorités chinoises gardent hypocritement le silence sur cette épidémie, elles sont néanmoins conscientes des risques encourus. Comme l’a révélé le quotidien Le Monde, en mai 2007, des protocoles d’urgence sanitaire et de quarantaine ont subitement été déployés après la découverte de passagers affectés par une forme de tuberculose ultra-résistante sur des vols d’Air France.
Il faut dire qu’à six mois du coup d’envoi des Jeux Olympiques, reconnaître que le pays hôte est confronté à une crise épidémiologique de cette ampleur ternirait immanquablement l’image de la Chine. Un cordon sanitaire et, pire encore, un blocage des frontières seraient des plus mal venus en cette intense période préolympique. Et relègueraient la grippe aviaire et le SRAS à un vulgaire rhume des foins.
Ainsi donc en a décidé Pékin : l’épidémie ne deviendra officiellement épidémie que lorsque le gouvernement l’actera. Peut-être après les festivités sportives et la trêve aoûtienne. Et encore, ça reste à prouver.
Pour en savoir sur les coulisses des Jeux Olympique en Chine, lisez ces articles : Chine : Société desharmonisée et Chine : immigration choisie.
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