L’emploi d’humoriste est un métier dangereux et la disparition du clown est une affaire grave, voire tragique.
En ce mois de juin, il y a 24 ans, Coluche mourait. Sa fin violente, cruelle, a été à l’origine d’une légende : « Coluche a été assassiné. » Faux, évidemment, mais la disparition du clown est une affaire grave, voire tragique. L’emploi d’humoriste est un métier dangereux.
Quand Stéphane Guillon qualifie Éric Besson de félon pitoyable, Guillon dit la vérité, il doit être exécuté. Et tant pis si le même est devenu, d’après le sondage réalisé par LH2 pour Bakchich Hebdo, « l’humoriste politique le plus insolent » et le plus populaire auprès des Français. On trouve toujours quelqu’un pour tirer le cordon de la guillotine, un traître de préférence.
Philippe Val, directeur de France Inter, nommé à ce poste par Nicolas Sarkozy, en est un. Autrefois amuseur, avec des textes impitoyables parlant de révolution, Val est passé du bon côté de l’assiette, là où la soupe est meilleure. Habile pour le président de la République que de laisser aux mains sales d’un « homme de gauche » la charge de bâillonner Stéphane Guillon et Didier Porte, des hommes libres.
Le Président sait que les repentis comme Val sont le meilleur grain qui fait pousser l’ordre. Voulant justifier une forfaiture, on trouve toujours un forgeron pour en tremper l’alibi, ici Alain Finkielkraut, philosophe de télé, est à l’enclume : « Les humoristes, comme les Guignols, qui méprisent la politique, sont un danger pour la démocratie. » À moins que l’humour soit « la politesse du désespoir » à voir s’ébrouer les Besson, Val et autres Finkielkraut.
Danger pour la démocratie, politesse du désespoir ou orgueil facile ?
L’humour puisse sa force dans l’humilité. Quand il devient de la calomnie déguisée ou de la vulgarité décapante, la question de sa remise en cause est légitime. Quand en plus il se nourrit d’opinion politique, est-il juste de l’humour ?
Guillon et Porte ont du talent. Un talent qui, de leurs propres aveux, a parfois dérapé. Il est évidemment complexe de ne jamais déraper. Mais la défense corporatiste habituelle empêche bien souvent d’analyser objectivement la situation.
Sont-ils des humoristes, des pamphlétaires ou des propagandistes ? Peut-on rire de tout et aux dépens des autres ?
Le fait que tout cela touche Sarkozy provoque de l’urticaire sur le corps des journalistes… tout en les poussant à fuir le fond du débat.
Coluche a dit un jour que pour se moquer de quelqu’un, il fallait le connaitre en profondeur et donc l’aimer. L’assassinat en place publique ressemble plus à un outil de propagande et une démonstration d’orgueil.
L’empathie et l’humilité sont peut-être une des clefs d’un humour sincère.
S’il est un tant soit peu intelligent, un politicien sait que la critique des humoristes est une soupape de sécurité utile à sa propre survie.
Exemple Le Canard enchaîné informe, mais il "décompresse" et au lieu que la "vapeur puante" fasse éclater le veau, il meugle "C’est bien vrai ; c’est des s .., c’est écœurant", (mais) avant de continuer de "veauter" .
La première étape de la solution, n’est pas la révolution un petit matin ou un grand soir, mais l’abstention volontaire massive décrédibilisant et délégitimant nos irresponsables politiciens.