Le Cancer ne connaît pas la crise. Enfin surtout l’institut national chargée de lutter contre le crabe mortifère et capable de payer royalement un photographe ou un coiffeur à la journée.
Le contribuable va s’en étrangler car c’est lui qui paie : dans son rapport annuel qui vient d’être publié le 4 février 2009, la Cour des comptes taille un nouveau costard à l’Institut national du cancer, l’INCa, créé à la demande du président Chirac en 2004. La Cour, qui avait assassiné l’INCa dans son rapport précédent (2007), souligne certes que l’Institut a amélioré sa gestion au cours des dernières années. Mais c’est pour mieux enfoncer le clou ensuite : « une remise en ordre à parfaire », titrent pudiquement les magistrats… Et quelle remise en ordre ! Perle des perles, les campagnes et documents de l’INCa valent de l’or et on ne répugne pas à la dépense. Ainsi par exemple « en 2007, pour une journée de travail, ont été payés : 11 100 euros à un photographe, 1 500 euros à un coiffeur-maquilleur, 2 000 euros à un styliste ». Quand au spot tv, il peut coûter « jusqu’à 240 000 euros l’unité ».
Alors c’est vrai que l’INCa n’est plus ce qu’il était, son nouveau président depuis septembre 2006 le Pr Dominique Maraninchi, n’arrive pas en hélicoptère à une séminaire des cadres de l’Institut comme son prédécesseur le Pr David Kayat, proche du président Chirac et dont la gestion avait été descendue en flamme par la Cour des Comptes avant qu’il ne se décide lui-même à quitter l’INCa. Mais la bête a de beaux restes et son conseil d’administration a longtemps baigné dans les conflits d’intérêts, rappelle la Cour qui dénonce tout de go : « des pressions inacceptables de membres du conseil d’administration en faveur d’intérêt particuliers ».
Récidive
Tout aussi grave : l’INCa, fin 2008, continuait se s’asseoir gaiement sur la transparence absolue concernant les liens de ses experts avec des entreprises privées ou/et commerciales. Par ailleurs une gestion calamiteuse de ses fonds financiers –mauvais placements - a entraîné, dixit la Cour, « une perte annuelle de l’ordre de 189 500 euros ». Enfin, au titre de ses « avatars immobiliers » (sic), l’INCa a jeté par la fenêtre la somme rondelette de 400 000 euros « en études », du fait de l’annulation de son déménagement sur l’Ile Seguin à Boulogne Billancourt.
En conclusion la Cour des comptes siffle la fin de la récré : en prenant l’Etat à témoin, elle demande solennellement à l’INCa :
1) de publier et rendre transparents « les liens directs ou indirects entre les professionnels de santé » auquel l’Institut a recours, et « les entreprises ou établissements » privés, des liens qui existent donc bel et bien mais demeurent dissimulés.
2) de « prévenir tout risque de conflit d’intérêt » dans les prises de décision du conseil d’administration concernant « l’agrément des établissements hospitaliers pour la cancérologie ». Comment ? En écartant des délibérations les administrateurs concernés…La première fonction de l’INCa est en effet de financer des pôles et équipes de recherche en cancérologie sur tout le territoire.
Ce n’est pas une gifle mais une véritable fessée !
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Combien de personnes vont mourir d’un cancer aujourd’hui parce qu’on aura gaspillé une partie conséquente de l’argent de la recherche, y compris en surpayant certains chercheurs ?
Donnons plutôt à ceux qui cherchent ….. à nous éviter le cancer
Voici un extrait du courrier que j’ai adressé aujourd’hui au Dr David Khayat :
Monsieur,
Ma soeur N.P. a été soignée d’un cancer il y a une dizaine d’années dans votre service. Elle est décédée il y a trois ans, les métastases se sont fixées sur son cerveau, provoquant un coma avant son décès. Personnellement, à l’époque, j’ai été séduite par votre discours lors des interviews que j’ai pu écouter ici ou là. J’ai moi-même depuis été atteinte d’un cancer(…) Dans la presse, je viens d’apprendre les dérives de la gestion de l’IncA, entre autres dans la période où vous le dirigiez. Si ces informations de dépenses somptuaires ou sans contrôle sont exactes ( rapport de la cour des Comptes : déplacements en hélicoptère, opacité des comptes, fonctionnement hors de tout contrôle financier des deniers publics, dépassement des limites de dépenses de gestion pour un nombre insuffisant de réalisations , emplois administratifs pléthoriques et surpayés…), je ne comprends pas comment un défenseur de sa spécialité médicale aussi brillant que vous s’est égaré dans des dérives pareilles. Je suis déçue et très en colère car au lieu de donner confiance aux malades et aux donateurs, vous jetez le discrédit sur votre action et en même temps vous envoyez un signal négatif sur la lutte contre le cancer, rendue suspecte d’aspirer des fonds pour de mauvaises raisons, à la manière de l’ARC de triste mémoire.
J’écouterai dorénavant vos interventions avec circonspection, je ne donnerai évidemment rien à l’IncA, mais à une association locale dont la manière d’agir et de gérer sera transparente. J’espère juste que vous vous êtes recentré sur votre métier, soigner les malades cancéreux, qui attendent beaucoup de vous, que votre attirance pour le faste ne nuira plus à la cause de la lutte contre le cancer.
C’est triste de ne pas pouvoir faire confiance, simplement, sans arrière-pensée. C’est triste de découvrir la duplicité de quelqu’un qui est censé oeuvrer pour des malades gravement atteints, qui profite de sa position pour son profit personnel au détriment d’un serment qu’il a signé. C’est triste de voir quelqu’un renoncer si facilement à son sérieux et sa conviction qui inspiraient le respect et l’adhésion, pour dilapider en flambeur l’argent public destiné aux malades et à la recherche.