Le vibrionnant économiste veille sur les travaux de sa commission comme une louve sur ses petits…
Voilà une nouvelle qui ne manque pas de piquant : Jacques Attali, nous apprend Le Point (3/1), a imposé que les 41 membres de sa fameuse Commission pour « La libération de la croissance française » ne puissent consulter le rapport qu’au siège de la dite Commission et leur a interdit de faire des photocopies. Quand il officiait comme conseiller spécial de François Mitterrand, notre ami était surnommé « Rank Xerox » pour sa propension à photocopier, la nuit, tous les documents qui pouvaient lui être utiles. Ces papiers ont été recyclés notamment dans les livres à succès comme Verbatim. Une privatisation de documents publics qu’il veut éviter au profit d’autres que lui.
Bizarrement, les petites manies de Jacques Attali n’intéressent que fort peu la presse française. Pourtant, ses exploits sont connus. La perfide presse anglaise avait révélé, au début des années 1990, qu’il avait fait aménager des locaux somptueux à Londres pour la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Il avait notamment commandé du marbre de Carrare et les frais de représentation atteignaient des sommets. Pas mal pour une institution financière chargée d’aider les pays anciennement communistes d’Europe de l’Est. Un amour du luxe qui l’a rapproché de Super Sarko quand celui-ci n’était que maire de Neuilly. Une amitié intéressée alors qu’Attali voulait faire agrandir sa maison ? Apparemment non. L’intéressé a déclaré récemment que bien qu’étant conseiller d’un président socialiste, il avait voté pour le maire de droite de Neuilly. C’est bien la preuve d’un rapprochement idéologique et non d’un quelconque marchandage.
Preuve de ce rapprochement, Attali brigue, comme les lecteurs de Bakchich le savent, le poste de ministre de l’Economie et des finances, même si l’intéressé assure ne pas vouloir entrer au gouvernement. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a pris la tête de « La Commission pour la libération de la croissance française ». Depuis quelques semaines, cet heureux titulaire d’une chronique dans L’Express se démultiplie aussi sur les chaînes de télévision et les radios pour expliquer la crise actuelle des « subprime ». Et de prédire qu’on va tout droit vers une nouvelle crise de 1929. Une prophétie qui fait doucement rigoler les économistes, les vrais.
Malgré ses erreurs et sa prétention, la presse française n’ennuie pas trop Attali. Il peut écrire des livres sur toutes sortes de sujets. C’est souvent truffé d’erreurs, comme les historiens l’avaient relevé pour son ouvrage consacré à la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb. Mais ça se vend et même très bien. Dernier exploit de notre ami : une biographie assez gnangnan de Gandhi sur laquelle les médias ne tarissent pas d’éloges. Peu importe qu’il n’apporte rien de nouveau. L’essentiel est d’être présent dans les rayonnages des librairies.
Notre ami s’est découvert une nouvelle passion ces dernières années : le micro-crédit. Grâce à ses innombrables réseaux, il a réussi à se faire passer pour un innovateur en France et a même confisqué la dernière tournée de l’inventeur du micro-crédit et prix Nobel de la paix Mohammed Yunus alors que Marie Nowak a développé une activité de ce genre en France depuis des années. Bref, là où passe Attali, la presse ne voit que lui. Pas étonnant qu’il soit l’ami de Sarko bling bling.
"Depuis quelques semaines, cet heureux titulaire d’une chronique dans L’Express se démultiplie aussi sur les chaînes de télévision et les radios pour expliquer la crise actuelle des « subprime ». Et de prédire qu’on va tout droit vers une nouvelle crise de 1929. Une prophétie qui fait doucement rigoler les économistes, les vrais."
J’aime bien l’impertinence de bakchich mais certains articles se laissent parfois aller à des facilités. La dernière phrase je vois pas vraiment ce qu’elle est sensée démontrer… Soit on donne des liens à consulter pour s’expliquer soit on ecrit pas la phrase parce que là le niveau est bas.
De plus à ce sujet on peut voir que Attali surfe la vague des roubini, lordon, krugmann, galbraith qui affirment avec de sacrés arguments que c’est justement loin d’être fini. Le détail est qu’en janvier 2008 Attali vantait encore les biens faits du modèle financier mondial jusqu’à ce qu’il… change d’avis… Non la meilleure preuve d’impertinence que vous pourriez faire valoir serait de ne pas parler du tout de ces gens là (attali, sarkozy, etc..). Ca serait une gageure : L’information nourrissant l’information (meme les mauvaises).
Juste une question. Je n’arrive pas à trouver le montant des commissions versé (le montant) aux membres de la dite commission. En fait comment faire pour savoir le cout de toutes les commissions qui existent dans notre beau pays.
Tous les membres de ces commissions sont ils benevoles ? leurs locaux fournis gratuitement ?
et hop, le lien sur le site du Point qui a sorti l’info sur les cachotteries de Jacques Attali…
http://www.lepoint.fr/content/confidentiels/article ?id=217107
et puis sur Sarko qui a un peu contrarié le bô Jacques !
http://www.lepoint.fr/content/confidentiels/article ?id=217249
Ci-dessous une note sur Muhamamd YUNUS et la micro finance tarte à la crème du moment en matière de développement. Jacques « RANK XEROX » s’en est fait le champion en refusant de considérer que le système de la Gramen Bank n’est que la première étape du modèle coopératif qui existait à Babylone et qui a fait ses preuves chez nous il y a plus de cent ans.
L’intéressé continue à faire le jacques en prétendant que notre sacro sainte croissance implique que nous relancions l’immigration au lieu d’aider les malheureux futur déracinés chez nous à vivre dignement dans leurs meubles, sans doute faut-il voir là le constat de l’échec de la micro finance dans les pays en développement.
Muhammad YUNUS, vient d’obtenir un Prix Nobel de la paix bien mérité, pour avoir su développer dans son pays : le Bengladesh, les principes de base de l’économie sociale que nous sommes nous-mêmes incapables de mettre en œuvre dans les pays en développement alors qu’ils - Muhammad YUNUS n’ayant rien inventé- ont été à l’origine de l’immense succès depuis plus de cent ans de structures coopératives et mutualistes européennes, notamment bancaires, dont il faut bien avoir conscience qu’ils ne peuvent en constituer que la toute première étape. Dans son livre autobiographique : « Vers un monde sans pauvreté » (JC LATTÈS 1997), le prix Nobel décrivait les difficultés rencontrées dans la mise en place de la Grameen Bank, du fait de l’opposition farouche de ceux que l’on appelle bailleurs de fonds internationaux, notamment Banque Mondiale et Fonds monétaire International. Le drame est que cela n’a rien changé aux situations effroyables que connaissent le Niger, le Darfour et bien d’autres pays où les enfants meurent comme des mouches sans que la conscience internationale s’en émeuve outre mesure. Le modèle de Muhammad YUNUS, construit de bas en haut, où l’Homme est au centre du système, reste pourtant seul capable d’enrayer les famines en permettant d’assurer cette première étape de développement économique qu’est l’autosuffisance alimentaire des pays concernés. Le problème tient à ce que ces principes s’appliquaient au Bengladesh à une population homogène dans sa pauvreté absolue et que l’on entend les appliquer à des populations hétérogènes dans leur pauvreté relative. Le résultat est : outre le fait que nous entendons mettre en place nos propres modèles d’économie sociale actuels parfaitement inadaptés, que les plus pauvres parmi les pauvres bénéficiaires des systèmes dits de micro-finance sont strictement cantonnés dans ce modèle bancaire construit et géré par eux, qui, si l’on n’arrive pas à le raccorder au système bancaire traditionnel, même en conservant sa spécificité mutualiste, ne peut rester qu’une « banque des pauvres » à l’écart des grands courants de la ressource bancaire qui doit normalement irriguer tous les secteurs de l’économie. On peut lire (Sud-Ouest, 15 octobre 2006 page 1-4) que le responsable d’un grand groupe laitier Français ira au Bengladesh le 7 novembre prochain inaugurer une usine de yaourt réalisée en coentreprise avec la Gramen Bank de Muhammad Yunis . S’agit-il donc enfin d’aider les malheureux Bangladais à assurer leur autosuffisance alimentaire, si tant est que le yaourt industriel et parfaitement « sanitized » soit une priorité ? Que nenni, il ne s’agit sans doute que d’une délocalisation permettant soit d’alimenter le marché français dans des conditions satisfaisantes pour les actionnaires du groupe, soit de dégager de cet investissement une rémunération, au demeurant légitime de ces mêmes actionnaires, tant il est vrai que la croissance –la notre- ne se repait que de déséquilibres.
J’ai montré dans mon livre « Apprends-nous plutôt à pêcher ! » que toutes les actions de développement rural que nous entreprenons dans les pays pauvres sont vouées à l’échec, et le resteront tant que nous nous obstinerons à ne les mettre en place que dans notre propre intérêt, en employant de surcroit nos outils actuels au lieu de ceux que nous avons utilisé avec succès lorsque notre propre agriculture était dans la situation de celles que nous prétendons aider.
Jean-Pierre Canot Bergerac le 12 janvier 2008
Superbement écrit, merci pour ce complément, mais avez-vous un petit chapitre dans votre livre pour ns redonner un peu d’espoir…Merki
L’absence de pudeur des vestiges de la mitterrandie me me rend furieuse.
je regardais, Tout à l’heure, Jacques Segala dans sa prestation de lèche talonettes en direct dans l’émission revu et corrigé présentée par le symphatique Paul Amar.
J’observais, écoeurée, la prestation de Ségela
En me revoyant à vingt ans, attendre à la sortie de la maison de la radio, dans l’espoir d’apercevoir Mitterrand après le débat avec Chirac.
J’étais la seule perchée sur un mur, criant Mitterrand Président !
Au bas de ce mur des gens furieux badges sur la poitrine "tonton magouilles", vociférants, après moi, avec une seule idée me casser la gueule, je n’ose imaginer mon sort sans la présence d’un service d’ordre mit en place à l’occasion de ce débat…
j’ai réalisé, il y a longtemps ma naîveté mais cette élection 2007, me traumatise encore plus que celle de 2002.
Ces gens se sont moqués de nous, ils se sont enrichis sur le dos de la République, ils ont sali le socialisme.
Aujourd’hui ils n’ont même plus la décence de se cacher, et ils ont pignon sur rue dans les médias pour parader pour ns donner des leçons en osant encore se revendiquer socialistes !